juliendemangeat

Accatone
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Publié le 13 décembre 2012
Décrié par ceux là-même qui l’ont encensé, Assayas finirait-il par lasser ? Peut-être à la vue de « Après mai » ou le style introspectif est toujours de rigueur. En effet davantage que le sujet c’est l’évolution du personnage principal qui donne le ton au film. Egocentré au possible le film peut agacer si ce n’est qu’Assayas fait toujours preuve d’autant de lucidité dans sa façon de filmer les points de rupture qui sont autant de changements décisifs pour ces personnages. Du reste le film s’arrête lorsque le principal intéressé trouve sa voie. Question cruciale de cinéma les motivations des protagonistes, leur quête existentielle est le sujet central pour Assayas. L’opposition entre le héros qui s’interroge sur ce qu’il fait et donc ce qu’il devient et les militants très engagés dans leur actes est ici exemplaire. On pourrait lui reprocher cependant une caricature systématique des militants (discours simplifié, personnalités très rigides...) mais ce contrepoint est plus symbolique qu’autre chose. Même si cette forme de naturalisme montre ses limites (un certain renfermement sur soi-même, un certain mutisme) il parvient ici à donner vitalité et légèreté à un sujet autant historique que politique alors que d’autres nous auraient plombé d’ennui.

Publié le 5 décembre 2012
Une série qui aura tenu ses promesses jusqu’au bout avec cette splendide scène d’affrontement final en prime. Et pourtant qui aurait parié sur une pareille mayonnaise : amour juvénile, mal être adolescent, vampire, loup garou, décors grandeur nature. Il faut dire que la série a le mérite de l’honnêteté en assumant un côté fleur bleue souvent à la limite de la caricature. Elle fait montre aussi d’une naïveté sans pareil avec ses caractères de vampires très trempés : les infâmes Volturi et leur usage pervers du pouvoir face aux Cullen, créatures d’une générosité trop humaine pour être vraie. C’est dans cette opposition que le film culminera au final avec une dimension épique qu’on n’espérait pas à ce niveau.

Publié le 5 décembre 2012
Un film très touchant car l’empathie pour ces personnages hors norme est totale. Comment en effet ne pas s’imaginer ce qui se passe dans la tête de ces prisonniers acteurs de théâtre. Ce que le film laisse transparaître assez subtilement c’est qu’il y a trois personnes dans chacun d’eux : l’acteur de théâtre, l’acteur de cinéma et le prisonnier auquel on ne peut s’empêcher de penser. On n’est jamais totalement sûr de savoir qui on a en face de nous, ce qui démultiplie l’émotion que l’on ressent en les voyant. Un film direct et frontal d’une fraicheur impensable de la part de deux vieux réalisateurs qui nous montrent ici que la passion du cinéma (comme toute passion) se mesure dans la durée.

Publié le 5 décembre 2012
Une famille respectable séduit d’abord par son efficacité, les premiers plans nous plongent d’emblée dans un polar et dans un contexte très marqué (la violence et la corruption de cette société iranienne). C’est cet amalgame des deux thèmes qui donne au film son côté très incisif. Il fait également preuve d’une grande clarté quant aux personnages tous bien typés (sans sombrer dans le cliché) et aux situations, avec des flashbacks très bien maitrisés. D’une noirceur sans équivoque mais sans lourdeur ce film est une vraie réussite.

Publié le 15 novembre 2012
Filmer la déchéance humaine jusqu’à l’humiliation, tel est le programme de Haneke. Pour ce faire il a décidé de nous faire un beau film : décors sobre, cadrage au cordeau, éclairage très soigné, bruitage précis…, du grand professionnalisme. Si on ajoute à cela une direction d’acteur très solide, ceux-ci sont très convaincants dans ce qu’ils font, on tient là une véritable bête de concours. Reste à nous le faire avaler comme un film d’une grande sensibilité. C’est justement le rôle de cette mise en scène qui est plus une mise en condition du spectateur (attention gros film d’auteur) qu’une sublimation du sujet. La supercherie ici est de faire passer un réalisme factuel (on est très proche des personnages) pour de l’humanisme. Evidemment au milieu de tout cela la violence guette, attend son heure puisque chez Haneke l’homme restera toujours son propre ennemi. On peut alors dire qu’il est un cinéaste de son temps, qui veut nous démontrer que l’homme ne peut échapper à son immuable tendance à la brutalité (la gifle qu’il ne peut retenir) d’autant plus abjecte qu’il s’en excuse platement (mais rien n’a plus d’importance quand on est aux portes de la barbarie). La misanthropie vient autant de l’ambigüité des états d’âme des personnages, leurs regards noirs trahissent une profonde lassitude de l’autre et d’eux mêmes, que de montrer des hommes en souffrance sans aucune compassion. Amour dit-il et pourtant quand on sonde l’âme de Trintignant on ne trouve pas grand-chose sinon une grande sécheresse et une indifférence qu’il a du mal à cacher derrière sa politesse. Si Haneke voulait faire une énième charge contre le bourgeois fallait-il s’en prendre à des vieux qui donnent ce côté universel et pseudo humaniste parfaitement écœurant. Haneke n’est pas le seul à tenter de tromper la platitude de son art par de fermes intentions (nous secouer bien fort) mais là il devient trop académique pour même nous impressionner. Ce cynisme bien évident fait échos à une démarche artistique totalement sous contrôle et parfaitement asséchée.

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