juliendemangeat

Accatone
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Publié le 23 août 2012
Une démonstration de force, voila à quoi peut se résumer le dernier Nolan. Après le très ambitieux « inception » ce n’est pas une surprise. Ce qui est gênant c’est qu’il prend en otage tous ses personnages pour participer à ce braquage à main armée. Ainsi ils rivalisent tous d’arrogance et de cynisme pour les méchants ou de sentimentalisme niais pour les gentils (mention spéciale pour Michael Caine et ses pleurnicheries abominables). Tous ne cesseront de s’apitoyer sur eux-mêmes pendant les 2h40 du film! Même Bane se met à chialer à la fin du film... On n’est pas noyé dans un déluge d’action comme il se doit, Nolan montre très vite ses limites dans ce domaine, mais dans une démonstration de force verbale qui n’a finalement qu’un seul but, mettre KO son spectateur. Et pourquoi donc? Peut-être pour éviter que celui-ci ne se réveille et ne se rende compte du ridicule qui menace le film avec ses pathétiques velléités de tragédie grecque. On sait que la force de Nolan est d’entretenir ses propres mythes, notamment à grand coup de flash back (car Nolan ne se refuse jamais aucun effet), mais tout cela sent trop la fabrique. Ces faiblesses ne se voient pas trop car elles sont emballées dans un ensemble grandiloquent (ce cache misère inhérent à tous ces blockbusters qui ne veulent plus assumer leur futilité). Mais il y a quelques détails qui ne trompent pas comme ces dialogues qui font passer la complexité pour de l’intelligence, tout simplement puants d’orgueil. Cette grosse machinerie ressemble furieusement à l’ultime film, celui qui aura usé de tout les effets et stratagèmes pour arriver à ses fins et à la fin du cinéma par la-même. C’est très dommage car certaines scènes sont franchement stimulantes, Bane par exemple étant une copie de Humungus plutôt réussie. Mais au final on a le sentiment de se vautrer dans une certaine facilité que l’on pourrait nommer pathos et qui mène immanquablement à une surcharge pondérale.

Publié le 10 août 2012
Avec un monde sans femme on a l’impression d’assister à la rencontre entre Rohmer et Truffaut. Le premier pour son exaltation de la femme dans ce qu’elle a de plus féminin, l’érotisme caché derrière une forme d’ingénuité. Le deuxième pour son héros rêveur, happé par cette féminité et finalement récompensé de son amour des femmes. Au final on est plutôt du côté de Truffaut pour la décontraction et la spontanéité de l’ensemble, on évite du même coup l’exercice de style rohmérien qui peut hérisser le poil (conte de printemps…). Reste un film très attachant et d’une grande liberté de ton, s’étant affranchi tout naturellement de ses illustres modèles.

Publié le 9 août 2012
Comme tout amoureux du cinéma Carax est dans le pur fantasme, à l’instar de Lynch, Tarentino ou Cronenberg. Cependant chez Carax la mise en scène n’est pas le moyen d’atteindre une certaine perfection mais plutôt de générer un souffle, une force vitale qui donnera au film sa forme si débridée. On voit donc Denis Lavant vivre avec une intensité telle qu’il peut mourir plusieurs fois. Il repartira de plus belle jusqu’à ce pic mélodramatique digne des grands classiques hollywoodiens. Tout revient à la beauté du geste comme le dit Lavant qui de personnage multiple devient rapidement l’interprète vibrant de cet hommage au cinéma. Car ce n’est pas à une performance que l’on assiste mais bien à une déclaration ultime : un film est un geste unique qui vient d’on ne sait ou et qui nous transperce de part en part. Et de maintenir le spectateur dans un état d’inconscience voir d’ébriété qui ne lui donne pas nécessairement envie de comprendre ce qui se passe, mais plutôt de se laisser aller à cette jouissance par l’image. Contrairement aux films lisibles et intelligibles qui envahissent les écrans de leur sinistre platitude Holy Motors garde sa part de mystère (justement parce qu’il ne s’adresse pas directement à l’intelligence du spectateur) mais paradoxalement se donne à voir facilement, dans l’évidence de son geste. La générosité et la liberté totale de l’acte créateur, voila la démarche artistique salutaire qui nous est proposée. Enfin!

Publié le 28 juin 2012
Très bel autoportrait d’un cinéaste que l’on découvre ici très engagé. Le montage en alternance entre les images paisibles des paysages de France et celles plus chaotiques de documentaires politiques fonctionnent à plein. Dans les deux cas la même simplicité de Depardon pour photographier ou filmer.

Publié le 28 juin 2012
Si Faucon opte pour l’efficacité c’est pour assumer pleinement son coté didactique. D’une grande clarté quant à sa démonstration il perd évidemment en finesse et en grâce (par rapport au très beau « Samia » par exemple), notamment parce que les portraits (qui donnent sa force documentaire à ses films) se diluent un peu dans cette narration hyper rigoureuse.

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