Avant d'aller voir le seconf film de Apichatpong Weerasethakul, je me souviens de l'éblouissant - physiquement et esthétiquement - Blissfuly Yours, "heureusement vôtre": tout ce que je vous souhaite!

Film très captivant, bon scénario, et une excellente Julianne Moore, l'une des toutes grandes actrices américaines. A voir.

CONFITUUR Amusant, désopilant quand les gesticulations de la soeur sont accompagnées d'une valse de Strauss, ce film qui sent bon la douce province fait la part belle aux femmes, les trois hommes en scène se disputant la transparence, l'insipidité et la naïveté. C'est d'ailleurs la faiblesse du film, l'absence totale de relief et de jeu de Tuur, personnage masculin "principal" (??). Une farce gentille, agréable, populaire dans le bons sens du terme. Et pourquoi Tuur? Parce que confiture. Rien à voir avec Winterthur, c'est sur.

L'équivalent, à un autre niveau de classe de consommation, de Super size me. Les deux films montrent et démontent des stratégies d'agro-business assez complémentaires, même à des niveaux sociaux très différents : mondialisation et américanisation du goût, court-circuitage du temps (restauration rapide/vinification rapide), mépris des traditions séculaires. Ici, il y a un personnage, vigneron fran-maçon opposé à la pensée unique, qui nous offre, par contraste aux vignerons américains ou américanisés, une leçon de savoir-vivre et de savoir-penser.

C'est un portrait émouvant mais sans pathos d'un grand homme d'Etat comme il n'y en a plus guère aujourd'hui (sinon "guerre", pour le jeu de mots !). Allende était un marxiste démocrate, position quasi insoutenable dans un monde où les classes moyennes ont toujours trouvé que leurs intérêts et ceux de la classe dominante coïncidaient (foutaise !). Le film porte d'ailleurs autant sur l'impérialisme fascisant des Etats-Unis (les hamburgers ont remplacé les faisceaux) que sur le Chili, premier laboratoire de l'école de Chicago, précurseur de la Révolution conservatrice. Quant au critique de la Libre Belgique, il donne envie d'appliquer la Révolution Permanente chère à Trotsky. Cinébel démontre que pas mal de spectateurs feraient aussi bien leur boulot que Fernand Denis alors qu'ils sont obligés, malgré leurs diplômes universitaires et leur cinéphilie, de faire des enquêtes par téléphone ou de pointer au bureau de chômage du coin. Il y a longtemps qu'en Belgique j'ai remplacé le "the just man at the right place" par "any man at the good time" !