Fritzlangueur

Fritzlangueur
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Film préféré de l'utilisateur Fritzlangueur

Publié le 8 décembre 2015
Voir le dernier Amenabar un soir d’Halloween, ça pouvait le faire… ça pouvait… mais non ! D’abord on a du mal à retrouver la patte du réalisateur fauché mais inventif de « Tesis » ou de « Ouvre les yeux », moins encore la maestria de ce qui est à ce jour son film le plus abouti, et n’ayons pas peur des mots, un véritable chef d’œuvre, « Les autres ». Ce n’est pas, comme j’ai eu l’occasion de le lire souvent, un souci de scénario, car au final, la structuration autour du doute est bien amenée, intelligemment marquée tout au long du film, ce que l’on découvre sur le final. Le souci majeur tient à la mise en scène impersonnelle, et guère plus recherchée que celle d’une émission de « Phénomène paranormal». L’ambiance autour des satanistes est à la limite du grotesque, même dans ce qui serait le pire des cauchemars, quant aux scènes intermédiaires, rien que du convenu. L’interprétation est également assez calamiteuse. Ethan Hawks n’est plus que l’ombre de lui-même, Emma Watson approximative et le reste du casting oscille entre hystérie et amateurisme. Amenabar s’est laissé submerger au jeu de la régression, son passage de la pensée à l'évocation hallucinatoire lui a fait croire un temps (espérons-le) qu’il était un réalisateur de bas étage. Quid sur la suite…

Publié le 8 décembre 2015
Il faut parfois se rendre à l’évidence, certains films atteignent un tel niveau de qualité (artistiques, intellectuelles, philosophiques…) qu’ils s’imposent de fait à soi, malgré une certaine violence (j’y reviendrai) comme une œuvre incontournable, qui vient bouleverser la conscience en s’immisçant durablement à l’esprit et dont on sort fortement ébranlé, et une peu interloqué. « The lobster » est une sublime réflexion métaphysique où Yorgos Lanthimos (qui avait déjà étonné en son temps avec « Canine ») se joue des contrastes humains, voire de manière beaucoup plus large, s’interroge sur le sens ontologique de l’existence et de ses graduations. En instaurant le personnage de David comme mètre étalon situé entre deux modes d’un fonctionnement sociétal, il aborde subtilement les notions de compréhension du monde, sous entendu l’humain dans son environnement, entre ce qui est la norme, à laquelle chacun doit ou veut se référer d’une manière ou d’une autre, mais aussi l’évolution de l’individu (son ressenti) et ses craintes face à l’avenir. Ce sont autant de causabilités et de possibilités qui font que l’homme est ce qu’il est, ou deviendra. Le choix de Colin Farrell, formidable dans le rôle, qui passe du statut de sex symbol en « gros beauf » est d’ailleurs assez malicieux. Mais le film est beaucoup complexe que cela encore. Il y a une première lecture sur la notion du couple entre deux univers fondamentalement antinomiques où les nouveaux célibataires séjournent dans cet hôtel matriciel (qui fait froid dans le dos par son aspect désincarné), dépossédés de tous biens, prompts à la rencontre à tout prix et ces réfractaires que sont « les solitaires » qui vivent dans les bois, associant leurs forces autonomes et contradictoires, réfutant toute aliénation à l’autre. Ces deux courants de pensée, dont aucun n’est idéal, contraignent l’individu à la survie. Et Lanthimos d’amener alors une seconde lecture, une vision noircie à outrance d’un monde manichéen ou bien et mal se confondent dans une espèce « d’état de guerre du chacun contre chacun » si chère à Hobbes dans son « Léviathan ». L’état de nature est mis à mal et l’état animal est alors privilégié. C’est ainsi que l’on retrouve beaucoup d’animaux dans chaque scène, évoluant sereinement là où les hommes s’entre déchirent. Cette conclusion pessimiste fait froid dans le dos, tout comme le film dans son entier. Il faut en effet avoir le cœur bien accroché pour regarder « The Lobster » non pas à cause d’une violence physique quelconque à l’écran, mais plutôt du malaise permanent qui y règne (la voix-off en leitmotiv y contribue largement) et des scènes insoutenables dans leur virtuosité, celle de la chasse notamment, la femme sacrifiée par son époux, ou encore avec ce final impitoyable où il ne nous reste plus qu’ne chose à faire, pleurer sur la condition humaine. La maitrise du film est absolue. Mise en scène très chirurgicale, sans effets d’esbroufe mais glaçante à souhait. L’interprétation (à l’exception de Léa Seydoux et de son jeu monochrome) est impeccable, voire, remarquable, Farrell bien sur mais aussi Rachel Weisz magnifique. L’empreinte musicale, les prises de vue métalliques, le choix de décors (hôtel et ville mornes, sous-bois angoissants…) tout participe à déranger le spectateur, le bousculer jusqu’à l’étourdir. Cet ensemble si bien composé, se révèle être un véritable brulot politique, le cri d’insurrection d’un artiste. Et le choix du homard, animal de réincarnation choisi par David n’est pas neutre. Il fut longtemps, dans la peinture classique, l’animal. symbolique de la fronde religieuse, un signe de reconnaissance pour ceux qui voulaient braver les interdits et la norme. Lanthimos réfute ici tous dogmes. Simplement, il souhaite faire partager sa conviction du réveil de l’Homme qui doit tendre à plus d’altruisme et placer son instinct au service de la moralité plutôt que de la normalité. Il en va de son bien être, mais aussi de la propre survie du monde.

Publié le 8 décembre 2015
« Mon roi » pourrait se comparer à la découverte du plus sublime des diamants, mais dont la taille mal dégrossie entraîne des pertes de brillance, laissant ça et là, toutefois suffisamment d’éclat de vie pour l’apprécier quand même. De la vie, il y en a dans ce film passionnel. A commencer par les deux interprètes, Emmanuelle Bercot ultra crédible jusqu’à l’excès. Vincent Cassel, lui est un peu moins convaincant, acteur spongieux, il a besoin d’être dirigé et son malaise se ressent par quelques flottements. A noter aussi la prestation de Louis Garrel, très bon en élément temporisateur, il est désopilant. Et bien évidemment, « Mon roi » concentre aussi beaucoup d’éclats, de rires, de larmes, de crises qui éblouissent généreusement dans un premier temps, et finissent par agacer dans leurs redondances. Tony, Giorgio… Giorgio, Tony… indissociables depuis qu’ils se sont « retrouvés », vont vivre une relation fusionnelle, si ardente qu’elle finira par fondre et s’écouler en une lave de fiel dévastatrice. Lui est égocentrique à la limite de la perversion narcissique, elle est névrosée et complexée par ses origines modestes, la séduction, puis l’illusoire attirance mutuelle, une sorte de bien être, se poursuit de crises en crises en une espèce de hate story maladive alimentée par les psychotropes, l’alcool, la drogue… Ce qui sauve le film de Maïwenn de la totale neurasthénie, ce sont les états de grâce, je ne parle pas des rabibochages tous aussi malsains que le reste, mais bien la manière de filmer ce couple dans un tel contexte. Elle réussit à nous communiquer sa fascination pour cette fracture entre deux êtres, trop sans doute car la plupart des scènes traînent en longueur. Pourtant, la magie cinématographique opère souvent, ému avec eux sur les belles étapes (la déclaration, le bébé…), ulcéré devant les mensonges éhontés de Giorgio, excédé par les agissements souvent hystériques de Tony. Ces moments là sont des moments forts, précieux qui bousculent. Maïwenn nous impose sa vision (comme c’était le cas dans ses deux précédents films) avec suffisamment de conviction et force de réalisme pour que l’on y adhère. Ce que l’on peut regretter par contre, c’est une fois encore l’intrusion d’éléments très swagg (du genre la présence de Norman) qui donne l’impression que la réalisatrice n’a pas confiance en ce qu’elle fait et s’assure ainsi que son film s’inscrive bien dans l’air du temps. En relisant ces quelques lignes, je me rends compte que je n’ai pas évoqué une seule fois le mot « amour », il est vrai que « Mon roi » est tout sauf une histoire d’amour

Publié le 8 décembre 2015
J’avoue avoir été séduit par l’imaginaire et les choix graphiques d’Alain Gagnol et Jean-Louis Felicioli et donc », je souhaitais voir leur précédent film « Une vie de chat », avant de déposer un avis sur « Phantom boy ». On peut d’ors et déjà leur reconnaître un style bien spécifique, très plaisant, jouant sur la fluidité des mouvements, l’assemblage de couleurs chatoyantes et un ton narratif enjoué et poétique, le tout très accentué dans cet opus. 24 heures pour sauver New York, voilà le défi auquel vont être confrontés Léo, jeune garçon de 11 ans et Alex Tanguy, policier maladroit de seconde zone a qui l’on n’a jamais accordé sa chance. Le péril vient de l’homme au visage cassé qui menace la ville d’une fatale intrusion virale numérique dans ses systèmes. Le pitch, appréhendé de cette manière, n’a rien de très novateur, et c’est là que l’originalité du film entre en scène. Car Léo, souffrant d’une grave pathologie, a le don de pouvoir sortir, avec une belle aisance, de son corps malade, péripétie qui est arrivée également à Alex, tombé dans le coma suite à une rixe. Si la rencontre de cet atypoique duo s’est faite dans une sorte de voyage astral, elle se consolidera dans la vraie vie, tous deux menant l’enquête à proportion de leurs facultés respectives. Gagnol et Felicioli ont parfaitement saisi cette complicité et cette complémentarité, donnant lieu le plus souvent à des situations cocasses (certains moments sont très drôles) ou légèrement anxiogènes (l’univers du chef mafieux, la maladie). Ce contraste apparaît également graphiquement. Les scènes où apparaît l’homme au visage cassé (dont on ne connaîtra jamais l’histoire au final) se passent de nuit ou brossées dans un camaïeu de gris, soulignant un monde matérialiste dur, fragmenté, en souffrance. A l’inverse, le monde généré par Léo est aérien, affectif, rutilant d’un bleu éclatant et autres couleurs chaudes. Une espèce d’antinomie picturale qui irait de Pablo Picasso à Saul Steinberg. Le scénario se tient également, en occultant toutefois le côté un peu niaiseux du final, et donne lieu à une aventure policière singulière pour tout public. Les voix que les comédiens prêtent aux personnages y sont pour beaucoup, notamment le ton fumiste d’une Edouard Baer, le timbre sobre de Gaspard Gagnol ou encore la gouaille rocailleuse de Jean-Pierre Marielle, entre autre, La partition de Serge Besset est également à souligner, elle est parfaitement calquée à l’action. « Phantom boy » est un film d’animation plein de sensibilité et de délicatesse, au message positif, qui redonne un certain goût de rêver, et de croire à nouveau, malgré le conformisme plombant de notre époque, que tout est possible.

Publié le 8 décembre 2015
Faire du tri chez soi cela a souvent du bon, on retombe sur d’anciennes photos sympas, des lettres aux charmes oubliés, des papiers qu’on croyait disparus… Certains retombent des écrits, des morceaux de roman, voire des scénarii inexploités. C’est exactement ce qui a du se produire pour Jean-Paul Rappeneau ! Lors d’une de ses sessions de rangement, il est sans doute retombé sur le script très seventies de « Belles familles » et s’est emballé, se disant finalement, pourquoi pas le tourner ? Je divague bien sur quoique… « Belles familles » est un film au présent antérieur. On y retrouve toute une série d’individus, la femme, l’amante, les fils, les belles filles, les ami de 20 ans… aux réactions et comportements d’un autre temps, mais évoluant à notre époque. Je n’ai rien contre le décalage spatio-temporel au cinéma, quand il est intentionnel. Ce qui malheureusement ici n’est pas le cas. Une écriture à huit mains pour pondre ça, j’espère que les séances de travail n’ont pas été trop intensives. Passons sur le bloubiboulga juridique autour de l’urbanisme et des collectivités territoriales, désolé déformation professionnelle oblige cela m’a perturbé, qui s’emmêle les pinceaux sur le droit de préemption et autres incongruités (depuis quand une mairie dispose d’un chéquier ?). Bon c’est une comédie, ce n’est pas un documentaire non plus, soit. Plus gênante est l’étude de caractère des personnages. Ou plutôt leur existence en creux et tenant de la versatilité de la girouette. On installe tout le groupe dans des convictions fortes, qui vire casaque d’un coup sans trop savoir pourquoi tout au long du film. Le fils méchant est en fait gentil, la mère hystérique baisse les bras, la demi-sœur qui n’en est pas une passe de la hargne à la sirupe… La liste est longue. Mais je n’oublie pas que c’est une comédie, et donc la fantaisie est permise, soit. Les acteurs, sorte de mix multi générationnel, pouvaient être un bon choix. Mais excepté Amalric qu’on a quand même connu plus sobre, et Nicole Garcia qui essaie de garder le cap, c’est la bérézina. Dussolier prête son charisme à un maire caricatural à souhait, Lellouche est indigeste, Viard continue à sombrer et Marine Vacth est totalement insignifiante. Le mélange de genres ça peut avoir du bon dans une comédie, soit. Que dire de cette vision passéiste qui recouvre le film ? Rappeneau filme les ensembles immobiliers HQE comme une vision d’horreur, les personnages sont claquemurés dans leur passé perdu ou à retrouver (ah l’image du père… ça fait froid dans le faux !), les situations sont invraisemblables et grotesques et ce qui a toujours fait la touch Rappenaeau, à savoir sa vitalité, s’effondre de minute en minute jusqu’à un final des plus convenus et facile. Alors bien sur, c’est une comédie, mais ce n’est pas drôle. Dans le registre, Rappeneau était « Tout feu tout flamme » avec « Le sauvage », « Les mariés de l’An II » avec ce lugubre « Belles familles », nous sommes très loin de « La vie de château ».

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