Fritzlangueur

Fritzlangueur
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  • Ville : La Madeleine
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Film préféré de l'utilisateur Fritzlangueur

Publié le 13 octobre 2015
Voilà le genre de film que j’aime ! Il avait tout pour me laisser de marbre, et je me laisse avoir comme un bleu qui n’a pas vu le coup de cœur venir. « Maryland » c’est du bon ciné d’action, que l’on prend brut de décoffrage sans trop se poser de question (il y a quelques invraisemblances tout de même) et vous triture l’estomac pendant 1h38 autant qu’il vous pèse sur la cage thoracique. Alice Winocour assure d’une belle maîtrise sa mise en scène, nerveuse, punchy très millimétrée dans le timing. Elle s’attache au personnage de Vincent, militaire un peu broyé par les conflits qui va assurer une protection rapprochée auprès de la femme et du fils d’un riche libanais véreux. La paranoïa pandémique de Vincent (sur les autres personnages et surtout sur le spectateur) s’exprime dès les premières minutes lors d’une mémorable party, où tel un chien de garde à l’affût, il va évoluer, soupçonnant tout et chacun du pire. Le ton est donné, fidèle jusqu’à la fin, le film est anxiogène. La caméra se plaçant au niveau de Vincent, on ne sait jamais si le danger est réel, ou simple fruit de son imagination embrouillée. La bande son fait d’ailleurs écho à cette interrogation en venant ponctuer de quelques stridences ou pulsations ses faits et gestes. Dans ce sens l’accompagnement musical de Gesaffelstein est formidable. Cette équivoque est permanente, renforcée d’ailleurs sur le dernier plan. Vincent, est interprété par Matthias Schoenaerts. Tout le film repose sur ses larges épaules, solides et puissantes comme son jeu. Il est ce que l’on appelait naguère au cinéma « une gueule », une vraie personnalité qui semble pouvoir tout jouer. En 2015, on l’a vu malmené par l’idiotie du scénario dans « Les jardins du roi », pas vraiment exploité à sa juste mesure dans « Loin de la foule déchainée », qu’importe son aura et son jeu intrinsèque font que l’on ne voit que lui. Il trouve ici un rôle digne de son talent. Lino Ventura, une autre « gueule » du cinéma disait « Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir l’air monolithique et de na pas l’être, qu’il y ait des failles dans le bloc », cela semble pareil pour Schoenaerts. Il est un grand acteur !

Publié le 13 octobre 2015
« La vie ne peut être vécue qu’en allant de l’avant et comprise en revenant en arrière » de cette pensée de Douglas Kennedy, Yusuke pourrait faire sienne. Mort noyé en mer, il a effectué pendant trois un parcours hiératique de la mort et retrouve Mizuki sa veuve. Ensemble, ils décident de parcourir le Japon pour retrouver les lieux, les personnes que Yusuke a croisés dans les limbes de son périple purgatoire. Expliqué ainsi, cela semble pesant et ennuyeux, en fait c’est l’excès contraire qui se produit à l’écran, le film est en fait très éthéré, à un point tel que l’esprit volatile, le mien pour le moins, décroche par moment, suivre d’autres pensées, d’autres défunts… Kurosawa dépeint parfaitement le statisme et la magnificence de la situation. L’arborescence de cet amour foudroyé mais immortel entre Mizuki et Yusuke explose à l’écran par un ensemble de petites touches, mots ou gestes, mais surtout, de manière plus probante, spirituellement. Cette croisée de deux dimensions entre réel et surnaturel provoque la frustration et les ressentiments, d’un couple qui n’a pas eu suffisamment de temps de se dire « Je t’aime ». Mais « Vers l’autre rive » va bien au-delà de la simple bluette, nous ne sommes ni dans « Ghost », moins encore dans le mélo crétin « Entre deux rives », au titre si proche. Kurosawa y apporte une mesure plus large, évoquant par-là même un Japon intemporel, entre ville et campagne, ancré entre modernité et traditions. La vision de la mort Kazumi Yumoto auteur du livre dont le film est adapté, est celle de l’éternel regret de quitter, un monde de beauté que l’on ne soupçonnait plus. Transcendée par le lien si fort qui unit ces deux amants, la tentation est grande pour l’un comme pour l’autre de rejoindre l’autre rive. Si l’ensemble est parfois ardu, voire aride, il touche cependant notre fibre sentimentale, réfutant par contre toute sentimentalité. Kurosawa se veut ici plus rationnel que dans son précédent opus « Real » (très similaire dans le thème) insufflant à sa mise en scène une aisance à couper le souffle qui rejaillit en somptueux éclats sur son film.

Publié le 3 octobre 2015
Jafar Panahi jongle brillamment avec l’illusion… illusion d’un vrai-faux documentaire, illusion d’une expression libre, illusion d’un pays qui sortirait de l’ombre. Le vrai-faux documentaire est saisissant, même si, dès les premières minutes (et les premiers propos un peu subversifs pour l’Iran) l’on capte la mise en scène, l’apparence est telle que l’on découvre chaque passager lors de ce trajet comme dans une franche réalité. On se trompe également sur la sereine apparence du réalisateur en pseudo chauffeur de taxi. Tout sourire et expansif, la tension est toutefois palpable et son malaise nous étreint à chaque arrêt. En écoutant les passagers aux piques furtives ou les proches dans ce fameux taxi, on se met à espérer qu’enfin l’Iran, ou pour le moins sa population, se libère de ce carcan totalitaire de pensée qui veut que la politique intérieure ne puisse qu’être mise en valeur, que l’on ne pende plus de jeunes racketteurs ou plus superficiellement que Woody Allen soit un auteur interdit… cela n’est qu’une illusion. Panahi veut y croire avec légèreté et surtout ne perd pas espoir. C’est cette foi en des jours meilleurs qu’il nous communique avec son film plein d’humour, de tendresse et de gravité. Avec d’infinis détails, des moyens réduits à leur plus simple expression, beaucoup d’esprit et de générosité, il démontre ici que le cinéma se relève toujours des censures, mais aussi qu’il est toujours un formidable et efficace vecteur de communication. A voir l’enthousiasme des spectateurs à la sortie de salle, on sait que Jafar Panahi a réussi son pari (risqué certes), comme en son temps Paradjanov, ou récemment les documentaristes Cayan Demirel et Ertugrul Mavioglu ou encore Jia Zhangke et tant d’autres, son envie de donner des émotions, de dénoncer et surtout de faire du cinéma reste la plus forte des pressions.

Publié le 3 octobre 2015
La comédie à la française se porte plutôt bien en 2014, après un réjouissant « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu », voici « La famille Bélier » dont on sent qu’elle va défoncer les portes du box office ! Et ce n’est que justice, car ce film bien calibré touche à plusieurs cordes sensibles, il fait rire (souvent), il émeut (parfois) et il irradie de fraicheur (toujours). Des acteurs au mieux de leurs formes, avec un Damiens désopilant, une Viard retrouvée, un Elmosnino étonnant en prof de musique idolâtrant Sardou et enfin deux belles révélations Louane Emera et Ilian Bergala. Une mise en scène remuante, un scénario gauche mais efficace, tout cela contribue à une belle réussite qu’on aurait tort de bouder. D’aucuns reprocheront sans doute un manque de finesse ou de subtilité, c’est le genre qui veut cela. Il faut bien reconnaître pour une fois qu’en cette période de sinistrose ambiante, quelques bons sentiments et beaucoup d’éclats de rire font le plus grand bien. Et « La famille Bélier » ne manque ni de l’un ni de l’autre.

Publié le 3 octobre 2015
Il y a peu à dire sur “Mon amie Victoria”, si ce n’est qu’il n’est pas très réussi (euphémisme !). Sans doute parce que Victoria, petite fille invisible, puis jeune fille effacée est sans doute un très bon personnage de roman (le film est tiré de l’œuvre de Doris Lessing, prix Nobel de littérature en 2007) mais, et moins passionnant au cinéma. Ou alors avec un réalisateur un peu plus convaincu, et de ce fait convaincant, de son sujet. Il introduit l’histoire de cette jeune fille, en la faisant raconter par sa meilleure amie qui souhaite en tirer un roman. Nous accompagne donc pendant toute la durée du film une voix off désincarnée ponctuant, de-ci de-là, la force que ne peut avoir l’image par rapport aux mots. Le jeu des acteurs est quant à lui tout aussi approximatif, voire amateur. Et ce n’est pas un Pascal Grégory surexcité qui en vient relever le niveau. Seules Guslagie Malanda et Catherine Mouchet (« Eternelle « Thérèse » dans nos cœurs) réussissent à faire exister un peu Victoria et Elena. L’une mutique à souhait, l’autre bobo au grand cœur. Là où l’on s’attendait à un film joliment idéaliste, plaçant ingénieusement un critique sociale où racisme, hypocrisie et ambition étaient dénoncés, s’est immiscé le vide et l’ennui. Tant qu’à faire de revisiter le roman de Lessing, Civeyrac aurait mieux fait de creuser le personnage du demi-frère de Victoria, abandonné de tous ou presque. Psychologiquement cela aurait été nettement plus intéressant. Peut-être l’occasion de faire une autre adaptation ? Sans doute mais avec un autre réalisateur alors… Amat Victoria Curam !

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