Fritzlangueur

Fritzlangueur
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Film préféré de l'utilisateur Fritzlangueur

Publié le 29 septembre 2015
Incertaine adaptation des « Caprices de Marianne », inspiration maladroite de Truffaut avec son « Jules et Jim », filiation trop marqué avec Claude Sautet notamment par le choix d’un Philippe Sarde à la partition (l’une des plus belle du compositeur d’ailleurs), film parisien par excellence, l’ombre provinciale d’Honoré règne su le film, tout sonne faux à l’image du jeu de son réalisateur Louis Garrel… Petit florilège de ce que j’ai pu lire ou entende depuis que je suis sorti de belle humeur de la salle où je venais de voir « Les deux amis ». Il y a pourtant un fond de vérité, mais aussi un parti pris négatif évident dans tout cela. Qu’importe, pour paraphraser Beaupain, ces remarques entre mes doigts, comme le sable glisse… « Les deux amis » est un film fantasque dans le sens littéraire du terme. Il est bizarre, extraordinaire, plein de fantaisie et d’originalité. Cela tient déjà au rachis du scénario, le trio amoureux, ou pour le moins sa trompeuse apparence. Clément et Abel sont amis, tous deux accidentés de la vie (leur « plus jamais » au début du film est terrible), névrosés et cabossés, ils avancent tant ben que mal, un peu à la marge (l’un gardien de nuit par raison, l’autre figurant), forts de ce lien d’interdépendance qui les unit, véritable clé de voûte de leur équilibre respectif. Mais Clément soupire pour Mona incandescente et mystérieuse, vendeuse de jock-food dans une gare, lieu de transit, d’éphémère. Quand Abel rencontre Mona, une faille s’ouvre. Les conséquences pour nos trois héros en seront risquées, sciemment, ils s’y engagent. Si la trame, comme évoqué plus haut, rappelle « Les caprices de Marianne », il n’en est rien sur les intentions et la finalité. L’intérêt que porte Garrel dans son scénario, réside beaucoup sur l’attache qui unit ces deux hommes, que sur le triolisme de Boulevard ou dramatique. Mona, magnifique héroïne d’un quotidien morose, n’est qu’un symptôme, celui d’une crise profonde qui s’est installée sournoisement dans cette amitié forte. Petite parenthèse, Golshifteh Farahani est un extraordinaire et radieux symptôme. Abel, sorte de leader négatif, ne possède ni le lustre, ni la stature de l’Octave de Musset, sa vie s’est éteinte un jour. Nous n’en savons et n’en saurons guère plus, Il en est de même sur le parcours de Mona et Clément d’ailleurs. Clément (Vincent Macaigne au sommet se son art) quant à lui est plus basique, limite viscéral. Il s’emporte au gré de ses sentiments en amour comme en amitié. Son besoin d’affection et de reconnaissance lui font souvent se cogner à la vie, il cherche à attirer l’attention en permanence, surtout celle d’Abel, dont il aimerait tant prendre le dessus. Dès leur rencontre, qu’on imagine puissante, les deux hommes, se sont donnés dans cette Amitié, si complémentaire et fusionnelle au départ, les années passant la raison a empiété sur la ferveur. Et c’est une véritable crise de couple qui se joue sous nos yeux. Il ne s’agit toutefois ni d’un rapport homosexué, moins encore d’homosexualité, juste d’une amitié formelle où s’exprime l’amour et le bien être du partage. Dans ce sens, le scénario est intelligent dans sa démonstration et la construction du film plus encore. J’avais en tête en entrant dans la salle, le joli souvenir du moyen métrage de Louis Garrel « Petit tailleur ». Que de chemin parcouru depuis tant au niveau de la mise en scène, que de son jeu d’acteur. Certes les références sont nombreuses, celle déjà évoquées de Truffaut, ou Sautet (Garrel préférant d’ailleurs celle-ci) mais aussi d’Honoré (dont on sent un peu la patte, il a cosigné le scénario). Mais il s’en démarque habilement. Il se moque du réalisme, sa caméra est son œil, sa vision propre de l’existence. Tantôt désabusée, attendrie, superficielle ou touchant au cœur, il capte au plus près de ses héros les émotions fébriles et laisse libre court à leurs excès pour notre plus grand enchantement. « Les deux amis » est un film enchanteur. Louis Garrel s’affirme également dans son jeu, toutes les scories et tics habituels sont effacés, il ne sur joue pas, et affiche une sobriété efficiente, un jeu en profondeur qui donne à Abel toute l’ampleur de sa complexité et surtout de sa fragilité. Il y est magnifique ! On court beaucoup dans « Les deux amis », après un train, pour retrouver l’être aimé, on court contre soi ou pour fuir… Pour ma part, je cours revoir ce film, qui a provoqué en moi tant d’agitations, rire, pleurs et sourire se mêlant à mon insu, pour me donner ce qui sera sans doute ma plus belle aventure de 2015 au cinéma.

Publié le 29 septembre 2015
Depuis sa présentation au Festival de Cannes cette année, tout a été écrit ou presque sur « Much loved », de l’incroyable aplomb de son sujet, des quelques images qui ont suffi a provoqué un tollé au Maroc, mais surtout, surtout de l’extraordinaire attachement ressenti pour ces jeunes femmes. « Much loved », c’est tout cela. L’objectif au vitriol de Ayouch tape fort sur l’hypocrisie d’un système où la prostitution semble faire dans ce pays une « exception culturelle » pour certains. Il dénonce tout à la fois, les européens friands de tourisme sexuel. Ce n’est pas à proprement parlé une incrimination généralisée, juste des faits décrits, un autre aspect d’une réalité bien ancrée au Maroc (et pas que…). Certaines scènes sont crues de violence verbale ou physique. Et il faut un certain courage de la part du réalisateur pour évoquer en plus de la prostitution, l’homosexualité, la pédophilie, le conservatisme. Le tout en filigrane mais bien pointé tout de même. De cette toile de fond, « Much loved » se construit autour de Soukaina, Noha, Randa et Hilma, quatre caractères, quatre manières d’appréhender la vie, le sexe. Unies dans leur « métier », elles le sont surtout dans la vie. Elles recomposent un noyau familial, où elles laissent libre court à leur insouciance, leurs railleries, leur exaspération, leurs souffrances. Elles se soutiennent mutuellement et peuvent exprimer cette douleur permanente, sous l’apparente futilité, que tous rejettent. Ce portrait de groupe avec dames, tout en sensibilité, frappe fort ! Nabil Ayouch est tout aussi imprégné de son film, que de ses actrices (toutes formidables). Et même si parfois certaines scènes « entre elles » sont un peu redondantes et trop étirées, on ne peut lui reprocher la générosité de son film qui réussit à capter l’âme de chacune. On ne les suit que quelques jours, Ayouch nous donne pourtant l’impression de les connaître depuis longtemps. Il créé la connivence avec le spectateur. « Much loved » marque les consciences, quel qu’en soit le niveau. Par sa sincérité, sa simplicité cette histoire de femmes devrait rencontrer un large public. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Publié le 29 septembre 2015
C’est très jeune que j’ai découvert Florence Foster Jenkins lors d’une émission sur France Inter revenant notamment sur le fameux concert du Carnegie Hall. Indépendamment de l’hallucinante fausseté de la voix, ce qui me fascinait alors, c’est qu’elle était présentée comme une femme voulant s’affranchir de la mainmise des hommes sur la société. Hypothèse qui n’a jamais pu trouver de justification réelle toutefois. C’est l’une des pistes qu’aurait pu imaginer Giannoli en recréant à la française le parcours de cette reine de la nuit de foire. Il a préféré la sagesse et signe un film bien appliqué. Mise en scène bien appliquée donc, mais sans réel enjeu. Plastiquement, rien à dire, on sent même chez le réalisateur un déterminisme à être le plus crédible possible fournissant à « Marguerite » les plus beaux atours, une magnifique photo, un soin particulier apporté aux costumes, aux décors et divers accessoires. De même, l’illustration musicale est également intéressante, et dense avec de nombreux inserts lyriques. Mais cela ne suffit pas. A ce niveau de qualité, on aurait pu espérer aller au-delà de la simple anecdote, replaçant Marguerite dans le contexte culturel et social d’alors. Ce que ne manque pas d’effleurer Giannoli, mais d’une manière si confidentielle, que cela en devient étrange. Ses clins d’œil au surréalisme, le gigantesque œil de verre (réplique quasi exacte de celui de Tony Tasset), la présence de Hugo Ball (le poète dadaïste un peu « barré ») au fameux concert, amusent. De même son approche avec cette jeunesse idéaliste toute éprise de liberté et d’anticonformisme à travers le personnage de Lucien Beaumont ou celle plus débauchée (ce sont les années folles !) à l’image de Kyril Von Priest sont attachantes. A peine mieux traité, l’éclosion des courants musicaux novateurs (Poullenc, Milhaud…). Quant à être dans la fiction, c’est ce brouillement artistique qui aurait du rejaillir à travers l’histoire de Marguerite, elle, le symbole d’un monde en déclin en train de disparaître. Le film en aurait été plus original et surtout plus captivant. Même Catherine Frot semble se freiner. Elle se livre, ou plutôt non, elle livre des petits morceaux de ses rôles précédents, un florilège de tout ce que l’on aime chez elle, guère plus. « Marguerite » aurait pu être un film lyrique et flamboyant, il n’est au final que gentillet et propret.

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