Fritzlangueur

Fritzlangueur
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Film préféré de l'utilisateur Fritzlangueur

Publié le 3 octobre 2015
J’avoue que j’ai beaucoup de difficulté à parler de ce film. Cette approche d’un vieux couple qui va rencontrer les pires difficultés après s’être marié est à la fois touchante, et un peu facile tout de même. Ira Sachs, réussit à saisir toute la complicité amoureuse entre ces deux hommes, dans ce qu’il y a de plus ordinaire, mais aussi par ces instants où l’un et l’autre ne cessent de se charmer, ou de témoigner leur indéfectible affection après 40 ans passés ensemble. Cette crédibilité sentimentale repose sur le jeu parfait et toute en subtilité d’Alfred Molina et de John Lihtgow. Certaines scènes provoquent même un sourire béat par la montée en puissance de tendresse (la scène du bar entre autre). Il est dommage par contre que le réalisateur n’ait pas poussé son étude de comportements un peu plus en détail. Leur situation financière critique n’est qu’à peine évoquée, et ne connaissant pas réellement leur vécu, cela peut laisser penser qu’ils sont tous des velléitaires, ce qui vient amoindrir notre empathie. Leur environnement n’est pas en reste. L’attitude de la famille ou des amis tient du parfois du cliché et quelques scènes sont un peu convenues. La fin est également dérangeante par son ambigüité toute empreinte de remords… mais lesquels ? Il n’en reste pas moins que Ben et George sont des personnages profondément attachants, de ceux que l’on aimerait compter parmi nos amis.

Publié le 3 octobre 2015
« Frank » est un film neurasthénique, légèrement déprimé, anxiogène, lessivé et qui finit par donner mal à la tête. Et de tête bien évidemment il en est beaucoup question avec Frank, leader d’un groupe punk alternatif underground, affublé 24/24H d’une grosse tête de carnaval. Quelque chose à cacher ? Simple fantaisie d’artiste ? Gentil fou ? C’est ce que nous propose de découvrir Lenny Abrahamson. Hélas, pas de la meilleure des manières ! Car plutôt que de nous plonger au cœur du groupe, ou dans la tête de Frank, il choisit un narrateur en la personne de John, une espèce de musicos amateur, sans réel talent, qui rêve de gloire. Par un malheureux concours de circonstances, John rejoindra donc le groupe, en n’omettant pas bien évidemment de relater cette expérience dans les réseaux sociaux. Et c’est justement à cause de cela que la partition ne décolle jamais. D’une part parce que le John en question (Domhnall Gleeson) est profondément antipathique et que ce qu’il nous en relate ne présente que peu d’intérêt, trop occupé à parler de lui même. D’autre part, si l’approche initiale était pourtant alléchante (ce groupe de doux dingues propulsé par les réseaux sociaux), très vite l’on s’en désintéresse. Trop convenu, trop sage, il manque une vraie force intérieure au film, à l’image de Maggie Gyllenhaal dans le rôle de Clara, la seule à être vraiment crédible. Pour le reste, on cherche la sortie…

Publié le 3 octobre 2015
Comme Wim Wenders, c’est un peu par hasard que j’ai découvert Sebastiao Salgado en 2006 lors d’une expo sur Lille. Comme lui, j’ai été impressionné par ces instantanés de vie, de mort où l’humain dans toute son humilité semble être l’unique préoccupation du photographe. Il était donc logique que ces deux là se rencontrent autour d’un projet. On connaît la fascination de Wenders pour la photo (comment ne pas se souvenir du travail extraordinaire sur les cadres et la lumière qu’il a réalisé avec Henri Alekan sur « Les ailes du désir »). C’est cette connaissance et cette sensitivité qui lui permettent de monter cette suggestive rétrospective à Salgado, le film en écrin, une sorte de galerie de vie. « Le sel de la terre » se compose en deux parties. La première, de loin la mieux réussie, traite chronologiquement « les grandes séries » du photographe, telles « La mine d’or de Perra Selada », « La main de l’homme », « Exodus », tout en distillant (quelques éléments de sa vie personnelle. Aux images d’actualité, se juxtaposent les clichés de l’artiste, frappant au cœur et aux esprits. La seconde partie marque la rupture avec « Genesis ». Salgado, horrifié par ce qu’il a vu (Rwanda entre autre) a perdu la foi en l’homme et s’oriente vers la nature, non pas celle que l’homme détruit un peu plus chaque jour, mais celle, merveilleuse, dont on a hérité depuis la genèse. Moins convaincante dans son propos un poil « new age » (le projet de plantation semble surtout être celui de son épouse), on se rend compte que Salgado ne peut s’empêcher de s’intéresser à l’homme et les quelques clichés de ces tribus perdues, ou peuple isolés sont mille fois plus percutants que ceux consacrés à la faune ou la flore. Wenders, qui co-réalise le documentaire avec de fils de Salgado, est un homme profondément humble et bon. Malgré l’incroyable carrière qu’on lui connaît, il semble être, face au photographe, comme un enfant devant le maître. Il lui susurre son admiration et lui rend le plus touchant des hommages.

Publié le 3 octobre 2015
Difficile de retranscrire l’époque bouillonnante que fut le début des années 70 entre liberté sexuelle post soixante-huitarde et militantisme de tous bords, surtout en se focalisant sur deux thématiques telles que le féminisme et l’homosexualité. Factuellement, le film tient la route. La reconstitution ne se fait pas rétrospective, l’illustration musicale est bien amenée, « La belle saison » est le reflet d’une époque à la ville comme aux champs…. Toutefois, il y manque de ferveur et de fièvre. Catherine Corsini s’attache plus à raconter le drame sentimental de ces deux jeunes femmes placé dans ce contexte compliqué. Et c’est là-dessus que le film pêche un peu. En grande partie à cause d’une Cécile de France très en retrait face à la force de frappe d’Izia Higelin. Du coup on peine toujours un peu à croire aux sentiments, situations et personnages à l’écran. Le scénario un peu trop dans l’affect n’est pas valorisé par la mise en scène assez morne dont la seule audace (mais franchement en est-ce une ?) est libérer à l’image les corps plus que les esprits. L’intention de Corisini n’était pas de réaliser un docu-fiction bien évidemment, mais la position de ces deux femmes, malgré les affres vécus, semble un peu édulcorée au regard de la réalité d’alors. Quelques scènes sont par contre brillantes, le duel De France/ Lvovsky (grandiose dans le rôle de la mère), le rassemblement à l’amphi, la position des hommes (notamment celle de l’excellent Kevin Azaïs). Globalement, le film n’est pas mauvais, même si l’on s’ennuie un peu. Il ne se rangera toutefois pas à côté des films puissants traitant de la même période, notamment le « Après mai » d’Olivier Assayas.

Publié le 3 octobre 2015
« Le monde de Nathan » est un peu le film qui force l’admiration dans le bon et mauvais sens. Il touche à un sujet très sensible et courageux, l’autisme. Plus exactement du trouble du syndrome d’asperger dont souffre le jeune Nathan qui se révèle être un prodige en mathématique. Jusque là, rien d’innovant, si l’on se réfère à un film similaire, le très calibré « Rain man » dont l’approche de la pathologie était transcendée par un Dustin Hoffman ahurissant. Mais Morgan Matthews a eu l’intelligence de filmer du point de vue même de Nathan et d’y ajouter une toile de fond assez complexe par les nombreux sujets abordés. Indépendamment de la performance inouïe d’Asa Butterfield, la caméra nous rappelle constamment sa propre vision du monde duquel il est en marge. Ses troubles, ses peurs, nous sont communicatives jusqu’au malaise. C’est sans doute l’aspect le plus percutant de la mise en scène, touchant la forme sensible. Ce n’est pas la seule. Car « Le monde de Nathan » est un film gigogne, Matthews nous communique également sa fascination pour ces « Olympiades des mathématiques », résumant à elle seule tous les us et coutumes mais aussi les travers de ce genre de compétitions universitaires. Les deux parties s’imbriquant assez facilement l’une à l’autre. L’aspect sentimental n’est pas négligé non plus, qu’il s’agisse de l’éveil de Nathan, de la relation avec sa mère, son professeur ou encore les liens que se tissent avec Zhang Mei. C’est d’ailleurs cette partie là qui pêche un peu, par trop d’angélisme, notamment sur le final. Par cette complexité de traitement, auxquels s’ajoutent de nombreux flash back sur l’image du père, l’esprit du spectateur est constamment en alerte, prenant toutes les situations de front sans un moment de recul, voire de répit, au point d’être submergé émotionnellement. Pour autant, ni pathos, ni mièvrerie, au contraire, le film garde un sens de la réalité et traite efficacement l’approche de la marge (l’autisme ici) dont la portée contre toute forme d’exclusion se veut plus universelle.

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