Fritzlangueur

Fritzlangueur
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Film préféré de l'utilisateur Fritzlangueur

Publié le 3 octobre 2015
« Quelqu’un qui vous comprend, même au bout du monde, est comme un voisin » c’est à la subtilité de ce proverbe chinois que Liliane sera confrontée à la mort de son fils. Délaissant sa vie morne, sa petite banlieue tranquille et un mari inepte, elle décide de partir en Chine récupérer le corps de son enfant, fruit et moteur de sa vie, décédé accidentellement là-bas. Du parcours du combattant pour obtenir un visa, de l’énorme angoisse d’être isolée dans un si vaste pays, ne connaissant ni la langue ni les coutumes, Liliane franchira toutes les étapes qui la mèneront à comprendre celui qu’elle n’aurait jamais du laisser partir. Loin de tout pathos, évitant habilement tous préjugés faciles, Zoltan Mayer signe ici une œuvre admirable qui porte l’amour d’une mère à son paroxysme, mais aussi la fascination pour un pays trop méconnu chez nous. Car au-delà de cette quête, il s’agit bien ici pour Liliane, comme ce fut le cas pour son fils, de se confronter à une culture d’un pays émergent coincé entre traditions et modernité, et d’en tirer au bout du compte une sérénité, une reconnaissance de son existence. Reposant sur le courant de pensée taôiste, le film distille charme et zénitude. Le travail de deuil est ici sublimé, l’harmonie entre humain et nature prend peu à peu le pas, la sagesse s’impose. Zoltan Mayer est un fin connaisseur de la Chine, au détour d’une scène, d’un cadrage, il met en valeur ce qui fait l’essence de sa culture, ses contrastes, son immensité territoriale et ethnique. Et que dire de Yolande Moreau ? De sa silhouette fantomatique et désabusée, elle domine ce drame par sa générosité, de sa grâce (il y a quelque chose de divin en elle) et son incroyable douceur mélancolique. Et quand elle sourie, c’est tout notre être qui est en émoi. Soulignons également le formidable travail sur la photo de George Lechaptois, ses lumières de la ville brumeuse, ou ses radiances autour de la nature donne une tonalité de réalisme, loin de tout cliché touristique. « Voyage en chine » est un film sans prétention, d’une surprenante simplicité même qui touche l’âme, le corps et l’esprit. MAGNIFIQUE !

Publié le 3 octobre 2015
Avec “Cemetery of splendor”, Apichatpong Weerasethakul apporte une vision de la vie, et par là même de son aboutissement, d’une densité inouïe, une sorte de pierre philosophale qui viendrait la prolonger au-delà du naturel et du rationnel. C’est une espèce de chocs de cultures où les croyances, la religion, la tradition, la sagesse et la conscience fusionnent pour donner une œuvre profondément mystique, en totale opposition avec la mort matérialiste, où l’existence et le vécu se prolongent à l’infini. Jenjira, est bénévole pour un hôpital de seconde zone, lieu chargé d’histoire puisqu’il s’agit de son ancienne école qui a été réhabilitée. Vivant petitement, généreuse, et d’une pureté d’esprit sans égal, elle va se prendre d’affection pour Ltt, un des patients de la salle des soldats tous plongés dans un sommeil profond. Un mystérieux cahier va lui ouvrir des portes qu’elle ne soupçonne pas. Ce personnage de Jenjira est hautement symbolique. D’un point de vue terre à terre, elle est un témoin d’une Thaïlande traditionnelle, la mémoire d’un passé (conflit avec le Laos en 1987/88) mais affiche un esprit résolument moderne (en union libre avec un américain) emprunt de tolérance et de générosité (don de soi et d’écoute). Ce sont toutes ces qualités qui font d’elle, un peu à son insu, une « passeuse d’âme ». Elle sera aidée dans sa mission par un certain nombre de guides. « Cemetery of splendor » par son approche totalement apaisée suspend le temps et nous fait pénétrer dans un univers intra dimensionnel, hautement spirituel et profondément philosophique, une espèce de parcours inversé d’Orphée. Apichatpong Weerasethakul y apporte un soin tout particulier, notamment au niveau d’une construction ingénieuse d’un récit à tiroirs, retenant des cadrages (composés le plus souvent de plans fixes) lénifiants (à la limite de l’appesantissement) et des décors presque hors du temps, avec une « société urbaine » toujours en perspective (présente et à la fois très éloignée).Quant aux acteurs (Jenjira Pongpas en tête), ils accentuent par leur jeu épuré, l’état de rêve éveillé dans lequel le film plonge le spectateur. Mais ce qui rejaillit le plus, c’est cette incroyable mélancolie qui immerge chaque plan. Apichatpong Weerasethakul aime profondément la Thaïlande, ses traditions et sa culture populaire, son entité historique, ses souffrances. Il ne s’oppose pas à l’émergence économique de son pays qui semble faire table rase de tout, ce qu’il regrette. A sa manière, il contribue au travail de la mémoire collective. Pour Jenjira comme pour lui, la sérénité et la prospérité ne s’acquièrent uniquement si présent et futur ont su conjugué le passé. « Cemetery of splendor » n’est pas un film facile d’accès, mais si l’on se laisse transporter, alors on en ressort bouleversé.

Publié le 3 octobre 2015
« Mustang » est traversé par une belle force émotionnelle. Des nombreux thèmes traités, pratique religieuse extrême, émancipation, poids des traditions, inceste, hypocrisie… Deniz Gamze Ergüven vient pondérer son propos, n’accablant et ne s’apitoyant pas, il veut au contraire diffuser un vrai message d’espoir. C’est efficace et bien écrit et le film se révèle nécessaire par sa gravité, mais également par sa beauté formelle. Bien sur, l’ombre de « Virgin suicide » pèse un peu sur l’ensemble. Cela vient un peu pondérer un enthousiasme qui aurait pu être débordant tant les deux films semblent jumeaux par continents interposés. Il n’en reste pas moins que ces sœurs aux destins si marqués ne manqueront pas de toucher un large public d’autant que leur interprétation est parfaite. Pour ma part, même si je trouve le film extrêmement bien fait, je suis un peu passé à côté, un peu trop figé et prévisible sans doute.

Publié le 3 octobre 2015
Les espiègles minions que l’on a découvert dans « Moi, moche et méchant » 1 et dont le rôle s’est renforcé sur le second volet, méritaient à eux seuls un film. Ce qu’ont concrétisé Pierre Coffin et Kyle Balda. Nous voilà donc à la genèse de ces créatures, juste avant leur rencontre avec Gru. Le préambule est des plus réjouissants, cela est moins probant avec l’arrivée de Scarlett Overkill, méchante certes, mais que l’on aurait aimé plus méchante encore. Très vite, la démarche marketing prend le dessus. Des gags un peu éculés sont resservis et cela ne suffisant plus, l’on sent que l’on va nous mener loin dans la surenchère. Ce qui ne manque pas de se produire, pour devenir du grand n’importe quoi sur la fin. Bien sur on s’attache à nouveau à ces petits monstres, notamment à Bob, attendrissant et facétieux à souhait. Bien des séquences sont hilarantes et ici ou là, un clin d’œil cinématographique toujours bien trouvé nous amuse. Mais cela ne suffit pas à faire décoller cette production qui si elle n’est pas mauvaise, s’en tient au strict nécessaire, est peu imaginative et est trop souvent redondante dans l’action.

Publié le 3 octobre 2015
Sur le fond comme sur la forme, le film est une réussite en croisant intelligemment et visuellement deux récits, celle d’une petite fille et celle du petit prince. Sur un point de vue esthétique est très élaboré, surtout sur les premières scènes (la ville processeur, l’univers de saint Exupéry bien retranscrit…), pas de gnangnanserie à la Disney, ni de sur effets toonesque, bref cela partait bien… Mais… manque de réelle poésie ? d’originalité ? d’intérêt pour l’ensemble ? Je me suis ennuyé ferme. A un point tel que j’étais heureux de sortir de la salle et que le souvenir du film s’était estompé presque simultanément. Bref je suis passé au travers…

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