Fritzlangueur

Fritzlangueur
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Film préféré de l'utilisateur Fritzlangueur

Publié le 29 septembre 2015
« Le tout nouveau testament » est de prime abord un film désopilant, bien barré, bordélique. Si tant est que le spectateur se mette à analyser rapidement ce qu’il voit, alors un ensemble de sentiments contrastés l’empêchent de totalement se lâcher et de rire jusqu’au bout. Un peu comme si Jaco Van Dormael s’en servait comme d’un exutoire, une sorte d’introspection qui remettrait en cause l’homme, voire l’artiste. « Le tout nouveau testament », même s’il est souvent drôle est un film dépressif. Le scénario est un peu bancal, confus et ne tient jamais sa ligne de départ. Cela donne l’impression que les scènes s’enchaînent un peu au gré de l’humeur du réalisateur ou de l’opportunité de jeu des acteurs un peu en roue libre (Poelvoorde et Moreau, à l’instar d’un Damiens totalement éteint). On savoure les clins d’œil à ses productions précédentes avec notamment la scène Nano-danse (ah !!! « Kiss and cry » quel souvenir heureux !), ou la présence (trop courte) de Pascal Duquesne.... On fond également à ces grands moments de tendresse (parfois un peu faciles) toutes de pudeur ou de fraîche naïveté (les rencontres amoureuses, le final love and peace…), pour ce personnage de Victor, très attachant en Michel Simon retrouvé... On s’esclaffe des répliques cinglantes et mordantes, ou encore avec les vidéos de Kevin, d’un dieu qui habiterait Bruxelles, d’un fish crooner … A contrario, on s’agace de scènes dont le niveau atteint les frontières du grotesque comme celles avec le gorille (« Max mon amour » en paraîtrait du coup comme un chef d’œuvre), de pistes où l’on nous entraîne sans aboutissement, d’une certaine cruauté persistante et malsaine. L’œil de Van Dormael est acerbe. Sa vision du monde est noircie (un peu comme s'il avait voulu répondre par la négative à ses détracteurs de « Mr Nobody » par exemple) et pessimiste. Il semble que la poésie et la délicatesse ne tiennent plus qu’au monde du rêve et lui n’y trouverait plus tout à fait sa place… Etrange et complexe film, qui donne toutes les raisons de l’apprécier que de le détester.

Publié le 29 septembre 2015
Ma grand-mère, qui était une sage femme, avait coutume de dire : « Min fieu, tout ch’qui est findu, n’est nin à ruer in vu » (je traduis pour les néophytes en picard « Mon gars, tout ce qui est fendu, n’est pas à jeter à la rue »). C’est sur ce sage conseil, que je me suis enfin décidé de voir « Les jardins du roi », non pas défendus mais bien descendus par la critique et boudés par le public… 1682. Le Nôtre à 69 ans, Louis XIV 44. Je pense que les maquilleurs se sont plantés car le célèbre architecte paysager en paraît 35 de moins, et le roi soleil 15 de plus… La Monstespan déjà en disgrâce depuis 1 an avec l’affaire des poisons est évoquée comme batifolant à la cour… A l’époque elle rasait plutôt les murs… Ici et là… quelques meubles, accessoires et tentures datent plutôt du XVIIIème… ou appartiennent à un style plutôt anglais… Bon je suis pinailleur c’est vrai après tout ce n’est qu’une fiction… Madame de Barra n’ayant jamais existé, on peut tout se permettre jusqu’à la familiarité protocolaire du Roi Soleil à la fin… Soit… La fiction, permet de nous transporter dans un univers romanesque… nous émerveiller par de somptueuses reconstitutions, nous faire rêver quoi… Force est de constater que James Merifield, décorateur, n’est jamais venu à Versailles, ni même ouvert un livre d’image sur le château en question… car son travail est ni fait ni à faire… ses décors sont ternes, ses pièces meublées comme dans un petit château de province, ses dorures tout droit sorties du rayon spécialisé de Leroy Merlin, et ses perspectives en trompe l’œil carton pâte (fainéantise ou peur du surcoût ?) sont dignes de « L’étroit mousquetaire » de Max Linder (nous étions alors en 1922). L’histoire est insipide… un zeste de pudibonderie, quelques attouchements, des adultères, un méli mélo bêtifiant. On regrette que Barbara Cartland n’y soit plus, le scénario tout de rose paré n’en aurait été que plus savoureux… Mais la perle des perles, revient à Kate Winslet. Son interprétation est aussi délavée et plate que sa coiffure dans le film. Après « Titanic », c’est un second naufrage qui s’abat sur elle ! Bref, « Les jardins du roi » sont une invitation au ratage… Dans ce film, tout n’est que toc et laideur, rictus, plate (comme diraient les québecquois) et nullité…

Publié le 29 septembre 2015
Rien dans la bande-annonce ne laissait présager une telle dextérité d’esprit ! « La vanité » sorti en catimini, ou presque, se révèle être un excellent film sur un thème difficile, l’aide au suicide (sous conditions bien évidemment), ou autodélivrance (vocable utilisé en Suisse) pour les personnes condamnées (maladies entre autre). Le sujet grave et délicat évoqué avec beaucoup de subtilité et d’intelligence. Pourtant, on ne flirte ni avec le morbide ni avec l’humour noir. « La vanité » est bel et bien un film sur la vie. David Miller, souffre d’un lourd cancer, un soir, il décide de se faire assister à la mort par Esperenza, une responsable d’association qui lui apportera la solution létale. Entre précautions d’usage, atermoiements, dialogue, l’heure de la dite fin approche. Jusqu’à ce qu’un évènement vienne contrarier la procédure. Entre alors en scène Tréplev, un jeune prostitué qui occupe la chambre d’à côté. On ne peut pas en dire trop sans déflorer le film, toujours est-il que Baier, joue sur du velours avec cette nouvelle trinité (formidablement incarnée par Lapp, Maura et Giorgiev). Tout en théâtralité, ce huis clos se révèle caustique de bout en bout. Entre un David Miller déterminé, une Esperenza un peu trop empathique et un Tréplev à la grande naïveté, c’est un véritable jeu de manipulations qui se met en place pour converger vers un final des plus malicieux. Là où l’on pouvait s’attendre à une comédie désenchantée, c’est un véritable hymne à l’existence qui rejaillit.

Publié le 29 septembre 2015
Depuis Cannes, on voit surgir sur les affiches de certains «grands » films en compétition, tous aussi différents les uns que les autres, le libellé « Notre Palme ». Il émane de certaines rédactions ou critiques de cinéma, soulignant leur contradiction avec le Palmarès retenu. Opportunisme de distributeurs ? Signe d’une sélection mineure ? Excellence de la pluralité ? Toujours est-il que je viens de voir « la Palme » du Figaro, « Youth ». Premier constat, il faut que « Youth » se passe, car le film est incroyablement gourd. Compte tenu de son sujet et de son choix très stylisé de mise en scène, cette froideur qui cristallise l’action, induit le malaise certaines réflexions. « Youth » est un film assez contemplatif. En nous faisant partager l’intimité de ces deux octogénaires, Fred Ballinger et son ami de 60 ans Mike Boyle, Sorrentino livre une réflexion sur le temps perdu et à retrouver. C’est d’ailleurs cet aspect là qui apparaît comme le plus intéressant dans la construction du cheminement des protagonistes. Cet hôtel de villégiature en Suisse apparaissant presque comme une espèce de purgatoire, où chaque convive se pose à un moment charnière de sa vie. Il en est de même avec les personnages secondaires inspirés de ou vrais people (Madonna, Johnny Depp, Paloma Faith ou encore Sumi Jo la reine du trémolo bling bling). Malheureusement, ce thème n’est pas suffisamment exploité, au profit des problèmes de prostate, manière caricaturale, je le sais, d’expédier le reste du scénario. Sorrentino est un esthète, sa manière chic et raffinée de mettre en scène son histoire le prouve, les plans sont le plus souvent d’une précision éblouissante, magnifiés par une lumière et une photo aussi limpide qu’eau de source. Mais l’esthète, hic, sombre parfois dans le chichiteux avec ses effets de cadre appuyés ou ses jeux de perspective. La place de la caméra, et le rendu visuel de l’ensemble, semble lui tenir plus à cœur que le reste. Et c’est là le souci majeur du film, le manque total d’émotion que l’on ressent pour ces deux barbons (Caine et Keitel très sympathiques toutefois) dont l’un dénie le passé et l’autre qui souhaite le revivre à tout prix. Ce qui donne lieu à deux scènes saisissantes où ils retrouvent chacun les femmes de leur vie, pour Fred son épouse (vision d’horreur d’un passé figé) et pour Mike, Brenda (méconnaissable Jane Fonda) son actrice de toujours (sarcasme d’un passé piétiné). Malgré son côté un peu superficiel, « Youth » reste un assez bon film. Ironie de la programmation, est sorti il y a peu sur les écrans un « petit » film suisse, « La Vanité » qui traite d’un sujet similaire. Plus ancré dans notre réalité Lionel Baier insuffle, simplement par quelques mots mille fois plus de sentiments contrastés que pour « Youth » et surtout traite avec efficacité les abimes d’un tel sujet.

Publié le 29 septembre 2015
En sortant du film, un peu goguenard, je rassurais mon ami qui m’accompagnait et pour le moins circonspect, en lui disant : « Ne t’inquiète pas, ils se sont plantés, en fait ce que nous avons vu est un assemblage de scènes coupées au montage ». Tout est dit ou presque. Jeu approximatif des acteurs, remplissage autour d’un pitch qui on le savait dès le départ est très limité, scènes essentielles qui semblent se passer avant ou après manquantes, rythme inégal… assurément le film n’a rien de glamour. Immanquablement on ne peut s’empêcher de le comparer à « Control », autre incursion, totalement réussie elle, de Corbijn dans le domaine du biopic. A l’époque, il avait réussi son pari d’imprégner d’un certain esthétisme (que l’on retrouve ici) l’intériorité du leader des Joy Division, Ian Curtis. Patchwork de moments intimes volés, doutes artistiques, compositions musicales magnifiées et une époque parfaitement recréée (et pas que dans le décor), faisaient de « Control » une œuvre forte nimbée d’émotions et d’une rare intelligence. « Life » est à l’opposé. James Dean, malgré sa stature d’icône du cinéma reste un mystère pour beaucoup. Peu d’interviews ou de témoignages, une mort précipitée, le faire « revivre » à l’écran tenait de la gageure… Corbijn utilise donc le subterfuge du témoin dans l’ombre (à l’époque du moins) en la personne de Dennis Stock, photographe de tapis rouges. C’est lui qui prendra les photos mythiques de la future star pour le compte du magazine Life. S’en suit un nombre de séquences plus ou moins (surtout moins) intéressantes où une complicité (de raison) s’installe entre les deux jeunes loups (l’ambition bien marquée étant au cœur de la relation). Si le réalisateur s’attarde trop sur Dennis Stock (malheureusement incarné par un Pattinson empâté, non non je ne parle pas du physique), c’est que ses motivations semblent franches, ce qui est plus difficile à appréhender pour Dean. Et pour combler les vides, qu’importe, la future star ne s’exprime presque qu’en citations (premières paroles lors de la rencontre, lové sur le sein de sa maitresse au petit matin, à la ferme parentale). Le vide… De la Life de Dean rien, aucune ambigüité, aucun « scoop » (ah si ! il consommait des amphéts, pas bien ! même si 80% d’Hollywood ou presque le faisaient alors) rien que du cliché largement véhiculé depuis par les médias. Reste le savoir faire de Corbijn au niveau technique, ses cadres hopperiens, une belle lumière très fifties, le soin tout particulier apporté aux décors sont appréciables. C’est beau, mais c’est bien peu…

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