Réalisé par le belge Stijn Coninx -à qui l'on devait déjà entre autres le film Daens, Marina raconte la vie d'une famille d'immigrants italiens dans les années 50 : le père, Salvatore, étant arrivé sur le sol belge pour travailler dans les mines limbourgeoises dans l'espoir d'une vie meilleure, et surtout le succès inattendu que rencontrera son fils Rocco grâce à cette chanson célèbre, en dépit des embûches qui jalonnent sans cesse ses tentatives répétées d'émancipation personnelle et professionnelle. Un film sympathique, des acteurs touchants, des situations et dialogues qui font écho aux souvenirs de toute une génération mais qui restent également très actuelles, rendent l'ensemble très humain et très attachant.

Réalisé par Isabelle Czajka, "la Vie domestique" met en scène le quotidien d'une jeune dame, Juliette (Emmanuelle Devos), mariée à Thomas (Laurent Poitrenaux), tous deux nouvellement installés avec leurs enfants dans un quartier résidentiel, non loin de Paris. Très qualifiée, la jeune femme tente de jongler entre les obligations liées à sa qualité de mère de famille et ses idéaux professionnels, sa volonté d'émancipation personnelle. A travers son personnage, c'est aussi l'esquisse de tout un microcosme social qui nous est donnée à voir : hypocrisie, humiliations, mépris et désillusions apparaissent alors en filigrane des dialogues et relations humaines. Interpellant, dur, le film souffre tout de même d'un rythme un peu lent, de scènes parfois superflues par rapport au propos, l'ensemble étant heureusement sauvé par la multiplicité des répliques intelligentes et le jeu des acteurs, celui d'Emmanuel Devos en particulier.

Présentée sobrement, au détour de quelques notes aigres et douces à la fois, c'est ici une tranche de vie, celle de Louise (Valeria Tedeschi) que l'on suit : issue d'une famille appartenant à la grande bourgeoisie industrielle italienne mais confrontée à de graves aléas financiers, la jeune femme doit prendre des décisions importantes, aux côtés de sa mère (Marisa Borini) et de son frère adoré, condamné par la maladie (Filippo Timi). Indécise, sensible, ses émotions se mêlent et se démêlent ; elle tente alors de faire le point dans sa vie et de rendre concret son désir d'enfant, suite à sa rencontre et sa relation compliquée avec Nathan (Louis Garrel). Malgré quelques passages longuets, c'est un film intime, désarçonnant, non dénué d'humour et d'allégresse, où Valeria Bruni Tedeschi se dévoile, avec un charme certain.

"About time", film britannique réalisé par Richard Curtis, est, sous couvert de la présentation sobre d'un portrait de famille, centré sur les jeunes personnages - Tim (Domhnall Gleeson) et Mary (Rachel McAdams)- une réflexion intéressante sur l'expérience du temps présent, difficile à appréhender et à apprécier mais pourtant si précieux. L'idée est de traiter le sujet à travers la révélation d'un secret bien gardé dévoilé par le père (campé par l'excellent Bill Nighy) à son fils ébahi : le don pouvoir traverser le temps, uniquement détenu par les représentants masculins de la famille. L'on suit alors les expériences de vie de Tim, les erreurs qui forgent son parcours, ses tentatives de retours en arrière pour modifier le cours des choses. S'il est vrai que l'usage fréquent des potentialités de l'effet papillon, parfois trop présent, alourdit un peu le rythme général, les personnages, y compris pour les rôles secondaires, d'une humanité profonde, sont extrêmement attachants et intéressants, les dialogues truffés d'humour et les scènes touchantes et intelligentes. Un film réussi qui met du baume au coeur.

Film dramatique américain, réalisé par David Lowery, Ain't Them Bodies Saints - Les amants du Texas, pour le titre français- raconte comment, à la suite d'un braquage qui tourne mal, le jeune Bob (Casey Affleck) mettra tout en oeuvre pour rejoindre et récupérer Ruth (Rooney Mara) sa compagne et sa jeune enfant, née lors de son incarcération. C'est la traque du personnage principal que l'on suit majoritairement, entrecoupée de l'attente désespérée de Ruth, approchée par Patrick Wheeler (Ben Foster), policier prévenant chargé de l'enquête. Excepté la beauté de la photographie, indéniable et remarquable, les dialogues minimalistes ne sont pas à la hauteur et ne font qu'appesantir le rythme, beaucoup trop lent, du récit. On aimerait en savoir plus sur les personnages, leurs failles, les épisodes marquants de leur vie, mais l'exploitation de ces détails n'est que suggérée (notamment à travers l'un ou l'autre personnage secondaire) : cela ne suffit pas à susciter l'empathie, à faire adhérer le spectateur à leur cause et donne l'impression in fine, d'un film ennuyeux, sans relief, somme toute fort décevant.