Adapté du livre de James Thurber, le film "la vie rêvée de Walter Mitty" de et avec Ben Stiller dans le rôle titre, met en images la vie d'un personnage un peu terne et timoré, employé au service photo du magazine Life, dont les seules velléités de développement personnel restent cantonnées à des rêveries extravagantes et irréalistes. Cette mise en retrait sera complètement bousculée lorsque, suite à la restructuration du magazine pour lequel il travaille, il devra se lancer à la recherche d'informations professionnelles et se confronter à la vie réelle, avec ce qu'elle comporte de risques et de rencontres surprenantes. Joliment interprété, truffé de plans soignés et de points de vue originaux, le film est très plaisant mais ne transporte malheureusement pas totalement le spectateur. En effet, en dépit de l'investissement de l'acteur principal et de quelques situations vraiment drôles ou attachantes, le déroulement du récit reste dans l'ensemble dénué du relief et des nuances poétiques souhaitées par rapport à l'originalité du sujet, en plus d'être maladroitement desservi par quelques dialogues trop conventionnels et attendus, ainsi que par plusieurs scènes vraiment sous-exploitées. En définitive, un film très agréable mais bien en-deça des attentes qu'il suscite.

Troisième et dernier volet réalisé par Cédric Klapisch, autour des turpitudes de la vie de Xavier (Romain Duris), la quarantaine, fraîchement divorcé de Wendy (Kelly Reilly) mais bien décidé à tenter par tous les moyens de s'installer à New York pour vivre aux côtés de ses enfants, aidé dans son projet par Isabelle (Cécile de France), avec laquelle il est désormais inexorablement lié. Si ce dernier chapitre de la série n'égale pas le premier, puisque teinté de quelques longueurs ou de mises en situation un peu tirées par les cheveux, il comporte heureusement plusieurs passages assez drôles, agrémentés de notes légères, de scènes cocasses, touchantes parfois, qui forment dans l'ensemble un film honnête, sans prétention et somme toute, en ligne directe avec ce qu'on attendait de lui.

Captain Philips, adapté par Paul Greengrass et basé sur des faits réels : il rappelle la terrible prise d'otages ayant eu lieu en 2009 au large des côtés de la Somalie, à bord du Maersk Alabama, un navire de la marine marchande américaine. Malgré les inévitables modèles de construction scénaristique propres aux films de genre auquel il appartient, l'intérêt principal du film réside dans les interrogations -sur le plan humain-, que soulève le déroulement progressif du drame : les motifs des agissements des pirates, les moyens mis en oeuvre dont chaque camp dispose, les préjugés culturels respectifs, les réactions de détresse, les postures dissuasives réciproques et enfin les conséquences dramatiques inhérentes de tout acte perpétré dans ce genre de négociations de crise. Soulignons également la prestation des acteurs, celle de Barkhad Abdi en particulier mais aussi celle de Tom Hanks, magistral. Un film marquant.

Réalisé par Joseph Gordon-Levitt qui tient le rôle titre, Don Jon raconte la vie d'un jeune homme, fils aîné d'une famille d'origine italienne, adepte de la confession dominicale obligatoire au même titre que la fréquentation des salles de sport. Grand séducteur, il est adulé par ses amis avec lesquels il fréquente assidûment les bars. Malgré son succès manifeste auprès de la gente féminine, il reste accro aux films pornographiques, bien plus excitants à ses yeux que ses relations sentimentales réelles. Pourtant, lorsqu'il rencontre Barbara (Scarlett Johansson), amoureux, il multipliera les efforts pour assurer cette relation sérieuse mais engluée dans les incompréhensions. Une rencontre importante parallèle, avec Esther (Julian Moore) viendra bousculer ses conceptions. Le caractère léger et superficiel qui abonde dans la première partie du film, prend ainsi tout son sens au fur et à mesure du déroulement du récit. Exceptés quelques passages moins intéressants voire complètement superflus, il faut souligner la pertinence de certains dialogues et d'effets de style dans la mise en scène qui font de ce film une réflexion intéressante sur les clichés, les attentes, les comportements excessifs aussi, vantés, dictés par les modèles préfabriqués émanant de la société de consommation.

"Les garçons et Guillaume, à table", film de et avec Guillaume Gallienne, est l’adaptation sur grand écran de la pièce du même nom, interprétée précédemment par le comédien. Touchant, entier, l'acteur se dévoile à travers les liens intimes et les fêlures psychologiques de son existence, aux prises avec la relation fusionnelle qu'il entretient avec sa mère et les difficultés qu'il éprouve à trouver sa place et à affirmer sa personnalité complexe, au sein même du microcosme familial mais plus largement, dans ses rapports sociaux et amoureux. Comédie grinçante, portée par un personnage central atypique, elle donne à réfléchir sur la force des attentes et des non-dits, si cruciaux dans la construction personnelle de tout un chacun. Malgré quelques scènes parfois un peu moins réussies dans la seconde partie du film, celui-ci reste une réussite, en termes d'originalité, d'humour, de choix de mise en scène et de dialogues piquants à souhait.