Décevant. Le réalisateur voulait un message fort pour son nouveau film,il voulait quelque chose d'universel et d'humaniste, mais il a oublié d'y mettre une âme et d'y glisser des émotions vraies. Tout est froid, sans élan, sans vigueur, si ce n'est celle poussive de la morale. L'acteur Joseph Fiennes nous rappelle pourquoi on le voit si peu depuis "Shakespeare in love",il ne sait rien d'autre que ce qu'il a déjà fait; K. Scott Thomas est gâchée, perdue au milieu de cette fable démago, comment pourrait-elle s'envoler quand on lui a mis des semelles de plomb ?

Amélie m'avait ennuyé, je trouvais son positivisme poussif à force d'être excessif; Mathilde m'a bouleversé, du début à la fin, par sa tenacité, sa force et sa folle croyance en un espoir aussi ténu qu'un fil qui pourrait être la corde avec laquelle on pend le condamné. J'ai tout aimé: d'abord l'histoire de Japrisot, la matière qui a les reflets mats de l'or pur et ensuite l'adaptation de Jeunet qui en fait un pendant à la fois corrolaire et indépendant. Il nous livre un livre d'une maturité exemplaire, il poursuit la veine glorieuse ouverte par son précédent opus et confirme que l'impudente fantaisie peut aussi se mêler au drame et se draper d'une digne retenue. Mathilde n'est pas Amélie, mais je voudrais aimer comme elle aime, je voudrais être aimé comme elle aime.

C'est beau et simple, comme le temps qui passe. Un sujet connu, souvent resassé, et toujours contemporain. On voudrait ne pas connaître ces situations déchirantes, nées sur des clivages sociaux et culturels, pourtant elles sont plus nombreuses qu'on le croit. Ken Loach n'a aucune prétention si ce n'est celle de nous ouvrir les yeux sur la réalité d'un monde dont les élans ne sont pas toujours aussi modernes qu'on le croit. Mais là où l'attitude des parents paki, à la fois empreinte de gaucherie et de bonnes intentions, s'explique, celle de l'église catholique, une fois de plus montrée dans son intolérance brutale (rappelez-vous les Magdalene Sisters) glace et effraie.

A plus d'un titre, ce documentaire est intéressant,la légitimité et l'image de l'administration Bush n'en ressortent pas grandies. Pourtant, il faut reconnaître au travail de Moore, un manque évident d'objectivité digne des plus grands montages de télé-réalité et cet aspect me gêne car il confère à l'ensemble une démarche de propagande qui ne peut servir un documentaire. Parfois, Moore empruntent d'hasardeux raccourcis pour servir ses propres intérêts, soit ceux qui consistent vraiment à démolir Bush, qui d'une certaine façon font tomber son propos dans la dérision et la moquerie.

Il y a des événements dont on ne peut passer à côté, et ce film en fait partie. Porté de bout en bout par un trio d'actrices au sommet de leur art, le film dresse, tels des écueils, les tourments qui peuvent saisir l'âme humaine. Il n'y a rien d'heureux, seulement l'incertitude et le doute que l'on peut avoir quand on se rend compte que le chemin emprunté ne même nulle part. C'est bien de cela dont il s'agit, une vérité où la vie n'est rien d'autre qu'une succession de moments vous éloignant de ce qui a été fait et vous rapprochant de ce qui sera. Ce film est bouleversant car il met en avant ce que nous sommes, la faiblesse qui peut nous habiter et l'impact inviolable de nos choix.