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Publié le 11 mars 2016
Ce premier long-métrage du jeune réalisateur belge Valéry Rosier aborde la solitude à travers trois histoires qui évolueront en parallèle sans jamais se rencontrer, trois générations d’âge avec leurs propres errances et autres questionnements. Une unité de lieu et de temps : la Mecque du tourisme de masse - l’île de Majorque - hors période estivale. Ce qui frappe d’emblée est le cadrage et la composition de la mise en scène de Valéry Rosier : des plans frontaux, larges et fixes dans lesquels semblent parfois se perdre les acteurs, accentuant de ce fait cette impression d’isolement des personnages, l’emploi de couleurs contrastées qui se démarquent de l’arrière-plan et l’utilisation de la symétrie des éléments composant certains paysages. Je m’attendais à trouver un film doux-amer, mais il faut bien reconnaître que le côté désenchanté prend plus volontiers le dessus. Et si quelques séquences plus légères et un peu barrées viennent apporter une brise rafraichissante à l’ensemble, il serait mentir d’affirmer que l’on sort de la séance le cœur léger. Il n’en demeure pas moins que ce premier film donne l’impression d’être en présence d’un jeune réalisateur talentueux plus que prometteur. Et s'il fallait citer une influence, ce serait sans doute vers le réalisateur autrichien Ulrich Seidl qu'il faudrait la chercher, mais sans le côté rugueux et dérangeant de ce dernier, tant ici l'empathie et une certaine pudeur sont de mise. Ceci dit, Valéry Rosier ne se prive pas non plus d'égratigner notre société, notamment en abordant l'encadrement infantilisant de nos seniors. Notons enfin que le casting est constitué exclusivement d'acteurs amateurs, introduisant d'emblée à la mise en scène de la fiction certains codes relevant plus du documentaire. Quoi qu'il en soit, Valéry Rosier a déjà un style bien à lui et il ne serait pas du tout étonnant que nous en reparlerons plus longuement dans les années qui viennent. http://livresque-sentinelle.blogspot.be/2016/03/parasol-de-valery-rosier.html

Publié le 28 février 2016
Ce film a tout du road-movie, même s’il emprunte souvent les sentiers du film noir ou du western crépusculaire, tout en évoluant allégrement dans une dimension spirituelle et parfois même religieuse. Attention, il ne s’agit pas ici d’être plus catholique que le pape, tant certaines personnes risquent de ne pas trouver à leur goût le Jésus de Bouli Lanners, qui n’hésite pas à jouer de la gâchette pour aider son prochain. Les paysages désolés, les infrastructures abandonnées et les ciels plombés de la Beauce servent de magnifiques écrins à ce qui pourrait s’apparenter à la fin d’un monde, ou du moins la fin d’un cycle, à moins que ce soit la fin d’une vie. Une trajectoire qui pourrait sembler toute tracée si la vie n’était pas faite de rencontres ; un agencement d’individus à un moment donné, qui parfois sont comme des planètes qui se cognent assez durement que pour s’anéantir, qui d’autres fois sont comme des planètes qui se frôlent sans conséquence apparente, mais qui pourtant feront dévier leur centre de gravité. Car si nous commençons le film dans un monde à l’agonie, dans lequel la solitude, la fugacité de la vie et le doute se font la part belle, ce n’est que pour mieux adopter ensuite une certaine forme de résilience et de rédemption dans son cheminement. Et si l’espoir et l’optimiste étaient possibles ? Semble nous dire Bouli Lanners, qui signe ici son film le plus personnel (c’est lui qui le dit) et le plus abouti de sa courte filmographie (c’est moi qui souligne). Un très joli film, dans lequel même les silences sont habités.

Publié le 14 octobre 2015
Ce que j’aime chez Paolo Sorrentino, c’est qu’il y a toujours sous la beauté et le clinquant de sa mise en scène quelque chose de l’ordre de l’intime douloureusement mélancolique. Tout en étant moins crépusculaire et sur un mode en apparence plus léger que son précédent film (La grande Bellezza), le réalisateur prolonge volontiers certaines thématiques déjà abordées précédemment, comme le temps qui passe, le désenchantement, le vieillissement, les regrets et la question du désir. Les trois personnages principaux masculins (joués par Michael Caine, Harvey Keitel et Paul Dano) ne constituent finalement qu’un prisme à trois facettes réfléchissant à tour de rôle les envies (filmer le désir - ou son absence - plutôt que les atrocités) et les peurs (le manque d’inspiration, la possibilité de n’avoir plus rien à dire ou de ne laisser aucune trace à la postérité) du réalisateur. Et si quelques mises au point (père-fille, actrice-réalisateur) sont d’une férocité verbale et d’une violence psychologique très forte, le réalisateur nous offre quelques beaux interludes comme cet orchestre de cloches ou les chorégraphies de la jeune masseuse. C’est d’ailleurs à travers ce personnage secondaire de jeune masseuse, au physique au demeurant assez banal et qui peut sembler insignifiant au premier abord, que Paolo Sorrentino nous livre ce qui constitue à mon sens le message essentiel de son film : il ne faut pas attendre le cumul des années pour parvenir à une certaine forme de sagesse, de paix et d’authenticité. Cela ne s’achète pas, ne se brade pas, ne s’intellectualise pas mais se ressent au plus profond de soi, et ce sans forcément passer par le regard des autres. Et rien que pour la beauté intérieure de ce personnage, à la présence si ténue mais d’une telle importance et d’une telle intensité, je ne peux que louer les mérites de ce film. Car si la beauté éternelle se cache quelque part, c’est bien dans cet état d’esprit et non dans l’apparence des corps. N'en déplaise à ces vieux messieurs obsédés par leur prostate et qui fantasment encore sur Miss Univers, aussi amusants que pathétiques dans leurs regrets et leurs aspirations.

Publié le 5 juillet 2015
Un film dense et subtil, tout en n’étant jamais pesant ni accablant, contrairement à l'inclinaison d’un certain cinéma belge à la fibre sociale très forte mais particulièrement plombant. Un film belge qui aurait enfin trouvé son public belge ? Il arrive en tout cas à nous surprendre, tant nous aurions pu penser qu’il allait tranquillement emprunter un chemin balisé trop confortable. Mais ce ne sera que pour mieux prendre la tangente, par un retournement de situation auquel on ne s’attendait pas. La réalisatrice arrive sans peine à prendre le pouls d’une jeunesse en quête d’identité, sans jamais faire de la surenchère, mais au contraire en la jouant finement et intelligemment. Une réflexion autour de l’identité qui nous concerne tous, tant les adultes n’en sont pas exemptés. Un film enfin sur les classes sociales qui ne se mélangent toujours pas beaucoup (si ce n’est un soir de beuverie), sur la paternité et sur les apparences trompeuses, les non-dits et autres secrets de famille. Billet plus complet sur mon blog http://livresque-sentinelle.blogspot.be/2015/05/tous-les-chats-sont-gris-de-savina.html

Publié le 5 juillet 2015
Si le droit de mourir sans acharnement thérapeutique avait déjà été abordé au cinéma, c’est bien la première fois que je le vois traiter sous le prisme d’un humour salvateur des plus bienvenus pour dédramatiser quelque peu un sujet des plus graves et délicats qui soit. Car il faut bien avouer que les sujets évoqués, comme la vieillesse, le dépérissement, la maladie et l’euthanasie, ne sont pas des plus sexy ni des plus racoleurs pour attirer le spectateur. Et pourtant il aurait tort de passer à côté de cette comédie dramatique où l’amitié, l’amour, et même la sexualité (et plus particulièrement l’homosexualité) se font la part belle. Un film tendre, sensible et bourré de charme, au ton drôle et décalé malgré la gravité du sujet. Une belle réussite pour une ode à la liberté de (bien) vivre et de choisir de mourir dans la dignité. Notons enfin l’interprétation remarquable des acteurs, la plupart méconnus chez nous mais certainement hautement appréciés en Israël.

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