Voilà bien un film inclassable : pas vraiment un thriller (trop invraisemblable), ni une étude psychologique (trop sommaire), pas plus une comédie (pas assez grinçant). Et pourtant, le réalisateur a réussi à créer une véritable atmosphère, l'inconguité des situations confinant presque au surréalisme. Certes, il y a encore de la marge entre Lannoo et Bunuel, mais il y a déjà de l'idée. Dommage que le manque évident de moyens et le jeu parfois approximatif des comédiens ne vienne un peu gâcher le plaisir

Après Le Prestige, au scénario tordueux mais à la fin prévisible, voici un récit de magie narré de façon très classique mais à la fin particulièrement bluffante ! Si Le Prestige lorgnait plutôt sur la science-fiction à la H.G. Wells, L'illusionniste s'inscrit plutôt dans le courant du fantastique romantisme. Tout cela nous donne de superbes images et une jolie atmosphère poétique. Dommage que la bluette sentimentale soit la seule finalité, un peu courte, du récit (on aurait aimé des développements un peu plus historico-politiques). Edward Norton, qui traverse le film plus en somnanbule qu'en magicien, manque aussi un peu de charisme pour ce beau rôle. En revanche, Paul Giamatti campe un attachant inspecteur tiraillé entre son devoir, son ambition et sa fascination pour le magicien. Bref, un film un peu inabouti mais attachant.

Pari intéressant que de faire un film sur la magie sans pratiquement montrer un tour. Le propos du réalisateur n'est visiblement pas là : il s'agit, à travers l'affrontement de deux rivaux, de parler d'illusion, de pouvoir et de manipulation. Face à cette rivalité implacable, la magie sert de prétexte, les lieux et l'époque de simple cadre pour donner l'ambiance. Il faut reconnaître que le réalisateur s'y entend pour tenir le spectateur en haleine : scénario à rebondissements, mise en scène très sophistiquée (trop à mon goût), pleine de musique et de mouvements de caméra. Pourtant, malgré l'apparente complexité et l'ambition du sujet, l'aspect artificiel et monolithique des antagonistes rend les choses finalement très prévisibles et le propos demeure au bout du compte un peu simpliste. Reste le plaisir ludique de se laisser manipuler, tout en cherchant les trucs et les astuces, comme à un spectacle de magie ...

Le sujet du film a visiblement été choisi pour coller aux fantasmes des 6-10 ans qui rêvent encore de lutins et de compagnons invisibles. J'ai, pour ma part, trouvé le tout esthétiquement assez kitsch et surtout d'une grande banalité dans l'histoire et les personnages. Pour un réalisateur voulant nous offrir un chant du cygne en forme d'ode à l'imaginaire enfantin, il fait preuve ici d'un sérieux manque d'imagination ! Mais mes enfants, qui ont encore beaucoup de choses à découvrir, ont adoré ce film. C'est sans doute le principal.

Dans ce joli road movie un peu corrosif (un brin trop peu à mon goût), les scénaristes n'ont pas lésiné sur l'avalanche de mésaventures (un brin trop cette fois) qui s'abat sur cette sympathique famille un peu larguée. Le film se clôt sur un éloge de la solidarité familiale finalement bien traditionnel, mais les personnages sont attachants, bien interprétés et l'ensemble dégage une belle note d'optimisme qui tranche avec la sinistrose de bon nombre de films actuellement sur nos écrans. Bref, un agréable moment de cinéma, même si je n'y ai pas trouvé LE grand film que beaucoup annonçaient