N'ayant pas lu le livre et m'attendant à voir un film avant tout destiné aux enfants, je n'ai pas été déçue. La réalisation est soignée, les personnages sont attachants, l'ensemble est beaucoup moins grandiloquent que Narnia. Toutefois, l'impression de marche forcée du scénario, qui se fraie un chemin à travers une histoire que l'on devine riche et touffue, finit par lasser un peu et laisse le sentiment frustrant de passer à côté de choses qui échappent aux non familiers de l'histoire.

On disait ce film bien plus subtil et émouvant que Narnia, sous l'emballage duquel il était pourtant vendu. Les deux films sont en effet très différents. Le premier est une grosse machinerie chrétienne destinée à armer les gosses dans la croisade contre les forces du mal. Le second ressemble à un téléfilm bien pensant sur les problèmes quotidiens des pré-ados. Dans un premier temps, on nous explique très didactiquement que même les pré-ados ont encore une capacité à se projeter dans l'imaginaire, ce dont personne ne doutait. Pour ce faire, on nous balance quelques créature imaginaires histoire de réveiller l'assemblée. Ensuite, il s'agit de bien faire comprendre que la vraie vie, c'est bien plus dur que les contes de fées. Pour cela, rien de tel qu'un événement bien tristounet et lacrymal pour nous ramener à la dure réalité. L'ensemble laisse une impression disharmonieuse de mélange des genres. Mes enfants devaient sans doute être trop jeunes et moi trop vieille pour apprécier le procédé. Reste le plaisir de retrouver Annasophia Robb qui est décidément une graine de bonne actrice.

Le règne d’Akhénaton et celui de ses successeurs directs est une période complexe qui suscite encore de nombreux débats égyptologiques. Dans le roman dont le film s’inspire, Christian Jacq en donnait, comme à son habitude, une version documentée mais largement romancée. Si l’ouvrage était agréable à lire, on ne peut hélas en dire autant de ce film d’animation. On pourra discuter de l’esthétique épurée, que l’on jugera simpliste ou originale. En revanche, le scénario et le montage laissent une désagréable impression de raccourci, de chaotique et d’inachevé. On se demande finalement à qui s’adresse le film : l’histoire est bien trop complexe pour les enfants et bien trop synthétisée pour les adultes (à moins de bien connaître le livre ou le contexte politico-religieux de l’époque). De plus, l’auteur croit bon d’ajouter quelques épisodes fantastiques qui s’harmonisent mal avec le cadre historique de l’ensemble. Bref, une déception.

Marjane Satrapi offre ici une vision particulièrement émouvante – et largement méconnue (ou plutôt biaisée) de nous - de l’Histoire iranienne. Le ton et le style sont délibérément personnels. Avec ses avantages : l’émotion naissant du destin de cette petite fille, ballottée par les aléas du destin. Avec aussi son lot d’images partisanes (la caricature féroce des Autrichiens, née du ressentiment de la réalisatrice face à leur indifférence). Mais l’ensemble ne laissera pas indifférent et amènera maints débats, sur la vision de l’Autre, sur le rôle de l’Occident dans l’échiquier mondial ou encore sur la fragilité de la liberté en ce monde. Le tout dans un superbe noir et blanc qui parvient avec bonheur à s’affranchir des lois de la BD pour donner lieu à un film d’animation brillant par son originalité.

Heureusement pour Verbinski, le ridicule ne tue pas. Lui non plus d’ailleurs : il sait si bien ressusciter à l’infini ses personnages ! Mais à force de mariner dans la même bouillabaisse, on finit par se prendre une indigestion de bipèdes marins. Les canonnades perpétuelles évitent l’endormissement du spectateur mais le film tourne en rond dans son maelström, lâchant au compte-goutte des explications abracadabrantes à nos fébriles interrogations. Chaque protagoniste vient nous refaire son petit numéro, en plus cabotin si possible et la fin du film laisse présager, hélas, une suite. Reste à prier les dieux de la mer pour qu’ils trouvent enfin de vrais scénaristes !