juliendemangeat

Accatone
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Publié le 27 novembre 2014
Avec une légèreté sans pareil Mia HL fait le portrait d’une jeunesse marginale et insouciante (formidable interprétation tout en décontraction) en même temps qu’elle se livre à une réflexion subtile sur le passage du temps. Car c’est à travers ce sentiment de fuite du temps (merveilleusement souligné par un montage fluide et elliptique) qu’elle aborde la passion pour la musique qui devient un art de vivre, au jour le jour et justement sans se soucier des années qui passent. Comme dans une longue fête, avec ses rencontres et ses contradictions (on culpabilise toujours un peu la prise de coke) jusqu’au réveil brutal. D’ailleurs tout est contradiction ici jusqu’à la mise en scène qui évoque la fête du côté face, backstage en nous montrant un milieu professionnel qui n’en est pas un (c’est plutôt une cours de récréation sans fin). En jetant ainsi le voile sur l’extase des moments festifs Mia HL évite le piège de la célébration d’une époque pour nous plonger dans le sentiment éternel de la mélancolie. Brillant.

Publié le 20 novembre 2014
Derrière une mystérieuse histoire de disparition et avec en toile de fond une sévère critique de l’American way of life Araki raconte l’émancipation d’une jeune adulte. Cela fonctionne car les trois dimensions du récit s’imbriquent parfaitement et qu’Araki choisit avec bonheur de flirter avec la caricature pour ses personnages secondaires. Non seulement cela nous les rend attachants et intriguants mais cela donne au film une allure de comédie satirique délurée, moins sage qu’il n’y parait (le film étant par ailleurs très structuré par sa narration).

Publié le 20 novembre 2014
Très inspiré lors de son précédent film Ira Sachs garde le cap avec ce « Love is strange » tout aussi réussi. Son portrait de deux vieux amants saisis dans l’adversité manifeste une délicatesse d’autant plus prégnante que l’interprétation des deux tourtereaux est remarquable de justesse et de sobriété. Mais Sachs ne se contente pas de cette touche si personnelle qu’il aurait pu décliner en mélodrame raffiné. Au contraire il confronte l’humanité profonde de ces deux êtres à l’égoïsme de leurs hôtes qui dans leur générosité n’arrive pas à cacher cet individualisme qui sépare les gens et qui rend la solitude de nos deux amants éloignés encore plus cruelle. Ce qui fait de ce film en fin de compte une étude de mœurs beaucoup plus subtile que les charges convenues contre l’american way of life.

Publié le 22 octobre 2014
Après le profond et vibrant « L’Appolonide » Bonello trouve facilement ses marques avec ce biopic. Trop facilement peut-être tant ce sympathique YSL se fond d’emblée dans son entourage ou tout le monde se ressemble étrangement. Du sérieux Rénié au décadent Garrel tous évoluent avec une même décontraction qui mine petit à petit la portée dramatique du film. Si cette légèreté fait le charme du film celui-ci semble glisser sur son personnage sans jamais pouvoir l’atteindre de quelque façon que ce soit. Le discours qui était à l’œuvre dans l’Appolonide, un monde de luxure qui cache un asservissement, ne trouve pas le même ancrage ici. Sans doute parce que malgré tout la mode est une passion pour YSL et que ce sacerdoce ne sera jamais une prison comparable au bordel de l’Appolonide. Même dans ses addictions on ne retrouve pas l’enjeu de l’enfermement ou de la folie capable de donner de la profondeur au trouble du personnage. Reste une mise en scène brillante, qui nous plonge immédiatement dans ce milieu de la mode et dans une intimité avec son personnage rarement égalée dans un biopic.

Publié le 14 octobre 2014
Toujours aussi inventif formellement Dolan n’en maitrise pas moins sa mise en scène. Point de coquetterie ni de gratuité dans ce qui est de l’ordre de l’intuition plus que du calcul. Ralenti, profondeur de champ, gros plan, tout a une utilité d’autant plus évidente que ces effets se fondent naturellement dans le film. Cette grammaire déjà à l’œuvre dans ses précédents films est là pour accompagner voir adoucir le terrible drame qui se joue devant nous en même temps qu’elle embellie un monde vu comme cruel par Dolan. Cette prise de distance est bienvenue et on n’ose imaginer ce qu’un tel sujet aurait donné avec un traitement plus réaliste. Si la relation mère fils constitue la trame du film on est avant tout devant un splendide portrait de femme-mère qu’Almodovar n’aurait pas renié. Portrait d’autant plus beau qu’il est doublé par celui de la voisine, tout aussi touchante en femme fragilisé par son rôle de mère. A 25 ans Dolan qui a déjà cinq beaux films à son actif, tous très différents, impose le respect au monde du cinéma hormis à quelques égarés qui trouvent du plaisir à se tromper sur tout.

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