juliendemangeat

Accatone
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Publié le 18 mars 2015
La petite polémique déclenchée par American Sniper me semble très injustifiée. Car faire un film de guerre ne signifie pas en faire l’apologie mais plutôt la critique. Quand on voit B.Cooper se déshumaniser jusqu’à l’autisme il est clair qu’Eastwood pointe du doigt le monstre froid qu’est devenu cet homme de devoir (on pense aux deux derniers Bigelow). De même ses motivations sont à maintes reprises mises en doute et sa foi patriotique parait bien naïve à l’heure des guerres néo-impérialistes. Ce qui est surprenant en revanche chez Eastwood c’est le peu de distance entre lui (et sa morale) et ce qu’il filme, d’où l’amalgame. En effet tout ici est montré frontalement à commencer par les scènes de guerre. De fait on est dans un film de genre très réussi qui rappelle par sa véracité le soldat Ryan. Le problème c’est qu’à la violence des combats répond la violence sourde qui sévit à l’intérieur du couple (là aussi filmé sans filtre). On est ainsi dans une surenchère qui ajoute de la lourdeur à un film par ailleurs très morbide, sans doute un peu trop dans l’air du temps.

Publié le 16 mars 2015
Tout comme chez Lynch (modèle bien digéré) l’étrangeté ici génère un questionnement infini et indéfini. C’est probablement ce qui rend ce film toujours passionnant, on ne sait pas vraiment ou l’on va mais on a en même temps une sensation très forte de ce qui se passe devant nous. Car le mystère et les questions qu’il génère s’auto entretiennent à la perfection. Comme chez Lynch le surréalisme est étroitement lié à une perception trouble du monde et questionne notre perception de la réalité. Le film le plus abouti de Dupieux et le plus jouissif de ce début d’année.

Publié le 12 mars 2015
La richesse et la puissance sourde de Fox Catcher en font un film assez particulier pour être interprété de multiples façons. On peut y voir une lutte des classes, une manipulation patriotique, une fable sombre sur un pauvre type et bien sûr une métaphore brulante sur la bêtise de l’argent. Car c’est bien l’argent qui a amené ce milliardaire à se construire ce personnage ridicule auquel personne ne croit pas même lui. Terrible métaphore sur la vanité de la richesse matérielle vue comme une véritable malédiction. Pas question ici de plaindre le pauvre riche mais de faire le portrait sans concession d’une forme de misère existentielle d’un pathétique absolu. Implacable.

Publié le 19 février 2015
Très belle surprise avec ce film qui ne se laisse pas enfermer dans sa thématique assez convenue mais qui au contraire fait apparaitre bon nombre de questionnements. Il évite ainsi de s’engouffrer bêtement vers le règlement de compte verbeux que l’on pouvait redouter. C’est tout d’abord grâce à une mise en scène habile qui ne donne personne gagnant mais englobe tout son monde dans cet environnement à la fois inquiétant et aliénant. La perception des stations de ski n’a jamais été aussi juste et confère au film son étrangeté. Au niveau de l’intrigue ce qui frappe c’est la façon dont Tomas est acculé (une véritable torture qu’il s’inflige à lui-même à force de déni) plutôt que son comportement veule et hypocrite. Le moment de vérité du film n’en sera que plus fort. Rarement on aura vu aussi frontalement l’explosion d’une bulle de mensonges et de lâcheté qui portent très haut la dimension symbolique du film.

Publié le 15 janvier 2015
Terrible déception que ce film très convenu car sans point de vue personnel. Petit à petit il s’englue dans un déluge de saynètes très illustratives et toutes portées par la même démonstration (l’absurdité de cet extrémisme face à l’harmonie ambiante un rien fantasmée) mais qui isolées les unes des autres ne forment jamais un ensemble cohérent. Au contraire elles sombrent dans un systématisme gênant ayant pour seul point commun un manichéisme des plus scolaires. Mais c’est surtout l’absence de maitrise qui est patent, malgré la splendide photo qui laisserait penser le contraire. Le ton est hésitant (fable moraliste, comédie satirique, réalisme politique…) et l’enjeu narratif des plus artificiels quand la piste de la menace islamiste est abandonnée au profit d’un drame des plus conventionnels. Comme quoi les bonnes intentions ne suffisent pas à faire un bon film.

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