sentinelle

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Publié le 13 décembre 2013
Vic + Flo est un film curieux, assez lent avec un petit côté soporifique, qui mélange les genres, tour à tour surréaliste, poétique, réaliste, grave ou ironique. Il nous parle d’exclusion sociale, d’enfermement, de solitude, de difficulté de réinsertion mais aussi d’un danger immanent, qui plane tout autour, créant une sensation d’angoisse, de méfiance, de peur diffuse. Un piège qui va se refermer sur nos deux héroïnes sans trop bien comprendre les tenants et aboutissants. Je suis sortie de la salle de cinéma assez dubitative. Mais il a laissé pas mal d’empreintes dans ma mémoire, composées essentiellement d’impressions floues, d’étrangetés et de malaises. Un film qui nous demande de lâcher prise, d’accepter le fait que nous ne savons pas trop bien où nous allons, même si nous y allons progressivement, inexorablement. Un film déroutant et singulier qui bonifie avec le temps qui passe tant j’en garde une meilleure impression qu’à la sortie du cinéma. Coup de chapeau aux deux actrices, Romane Bohringer et Pierrette Robitaille, qui composent des personnages très habités.

Publié le 13 décembre 2013
Basé sur une histoire vraie pendant la guerre de Bosnie, le film Circles de Srdan Golubovic imagine les conséquences tragiques de l’acte héroïque d’un jeune soldat serbe prenant la défense d’un civil musulman passé à tabac par d’autres militaires serbes. Et nous suivrons, 12 ans plus tard, les conséquences de cet acte sur la destinée de cinq personnes concernées directement ou indirectement par cette tragédie : l’ami du soldat, son père, le civil musulman rescapé, un des soldats qui était en service ce jour-là et son fils. Attention, ce film est d’une grande puissance d’évocation. Mais soyez bien attentifs aux premières séquences sous peine d’être paumé par la suite tant il est important de pouvoir établir le lien entre les personnes présentes pendant la guerre de Bosnie et celles que nous retrouverons 12 ans plus tard dans la vie civile. La construction de ce film est très habile et les informations arrivant au compte-gouttes demandent une grande concentration de notre part pour mieux cerner les enjeux et les relations entre les personnages, ce qui les lient, les relient ou les éloignent. Sur ce qui se jouent entre eux : culpabilité, honte, violence, haine, désir de vengeance mais aussi courage, expiation d’un fils pour le meurtre de son père. Mais surtout l’espoir d’une réconciliation possible. J’ai eu un grand coup de cœur pour ce film serbe qui vous remue de fond en comble. Pourquoi le titre Circles ? Je n’ai pas lu d’interview du réalisateur à ce propos mais cela me fait penser à une succession de vagues circulaires qui se propagent en s'élargissant lorsque nous lançons une pierre à la surface de l’eau, à l’interconnexion de nos vies, tout simplement. Circles de Srdan Golubovic vient de remporter le Grand Prix du Festival Cinéma Méditerranéen de Bruxelles.

Publié le 10 décembre 2013
Rodney Ascher signe un documentaire sur les thèmes susceptibles d’être dissimulés dans le film Shining de Stanley Kubrick, sorti en 1980. Ces thématiques déguisées ont demandé une analyse poussée par des passionnés qui ont décortiqué le film séquence par séquence, après de multiples visionnages. Pour ce faire, il a sélectionné quelques personnes (historien, écrivain, reporter de guerre) qui ont en commun un attachement très fort au film mais aux points de vue suffisamment diversifiés pour y voir tour à tour une allégorie du génocide indien ou de l’holocauste, une figure du minotaure, un témoignage de la mission lunaire « truquée » de 1969 (la théorie du complot) ou des noms de code de la CIA. Les indices qui conduisent à ces multiples interprétations sont souvent les objets placés en arrière-plans (boîte de conserve Calumet, un poster) ou en avant- plans (la machine à écrire allemande), la symbolique des nombres (7 – 42 - 237), les objets qui disparaissent d’un plan à l’autre (la gommette sur la porte de la chambre d’enfant), l’utilisation de l’espace qui change de dimension en fonction des séquences (très intéressante analyse du parcours du petit Danny sur son tricycle qui change d’étages sans s’en rendre compte). Un point commun à tous ces passionnés : les images subliminales que le film semblent contenir à foison et la recherche de secrets et autres trésors cachés que Stanley Kubrick aurait disséminer tout au long du film. Certaines théories sont intéressantes et suscitent réflexions, d’autres semblent totalement loufoques mais toutes sont surprenantes. Ce reportage rend compte du caractère fractal de l’œuvre de Stanley Kubrick : on peut y puiser à l’infini de multiples interprétations en fonction de nos propres fantasmes et aliénations mentales. Même si cela fait parfois un peu peur tant est parfois proche du délire et de la paranoïa pour certains. Un documentaire qui donne sacrément envie de revoir le film qui démontre la nature prégnante du passé et la façon de le surmonter sans faire de victimes supplémentaires.

Publié le 9 décembre 2013
Il faut savoir qu'il existe en Inde une corporation particulière qui s'occupe exclusivement de la livraison, aux employés de bureau, de petits plats concoctés par leurs épouses respectives : c'est le système des dabbawalahs. Ce système permet de garantir que le déjeuner de l'employé indien respecte scrupuleusement les prescriptions alimentaires de sa caste puisque préparé par son épouse. Ce système est extrêmement fiable puisqu'on estime que le taux d'erreur n'est que de 1 pour 16 millions de repas distribués. The Lunchbox nous raconte l'histoire de ce cas assez unique où le plat n'arrive pas au bon destinataire mais à un inconnu proche de la retraite. Comprenant la maîtrise, une relation épistolaire s'instaure entre l'épouse délaissée par son époux aux talents culinaires indéniables et cet homme solitaire via cette fameuse lunchbox. Une occasion de se livrer à un(e) inconnu(e), de parler de sa vie, de ses espoirs et de ses regrets... Et bien j'ai eu un grand coup de coeur pour ce film. On en ressort heureux, le sourire aux lèvres et un certain humanisme accroché aux tripes. Pourtant il nous parle aussi beaucoup de solitude, d'enfermement mais jamais d'incommunicabilité définitive. Il y a toujours un espoir et cet espoir c'est aussi l'autre et le lien que nous pouvons tisser avec lui. Un film tendre, touchant qui effleure aussi, sans avoir l'air d'y toucher, pas mal de sujets. Un film à voir sans hésitation tant il nous tient au chaud.

Publié le 9 décembre 2013
Le film du réalisateur Jia Zhang Ke se divise en quatre parties, chacune composant une histoire se passant dans une des quatre provinces chinoises allant de la plus pauvre (la Chine septentrionale) à la plus avancée et industrialisée (le Centre). Quatre histoires pour dénoncer les dérives de la Chine moderne, son matérialisme, son cynisme, sa déshumanisation. Qui conduisent tout droit à l'humiliation, l'isolement, la destruction de son identité et à une explosion de violences libératoires. Un film remuant et quelques scènes brutales : Jia Zhang Ke dénonce et règle ses comptes avec les changements trop rapides de son pays et la trop grande disparité qu'elle engendre, la caméra au poing. On en sort un peu groggy mais quelle puissance dans la dénonciation.

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