juliendemangeat

Accatone
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Publié le 12 mars 2010
Filmé avec générosité et légèreté, on évite toujours l’emphase de la success story pour ne retenir que la jouissance ludique de ce joueur-menteur, rappelant la grâce juvénile de « catch me if you can ». Elégant, il équilibrera toujours le kitsch des situations (souvent drôles) avec des moments d’une belle sincérité. Maniant avec justesse l’effet de surprise, celui-ci étant toujours un point de rupture relançant le récit de la vie de Jim Carrey. Car il s’agit de cela, dans son élan vers une vie plus libre et sans entraves, Jim C s’invente des existences qui iront jusqu’à dépasser ce qu’il est, état suprême de liberté mais également motif de perte d’identité. C’est précisément ce qui séparera les deux amants et nous donnera l’impression que les acteurs ne jouent pas dans le même film. C’est surtout l’histoire qui les sépare et plus précisément Jim C, auteur de sa propre vie, alors que Mc Gregor se contente de vivre son histoire d’amour. Les retrouvailles, scène de mélo que l’on attendait plus, n’en est que plus émouvante.

Publié le 5 mars 2010
Si on peut saluer l’audace de ce coup d’essai, Single man semble quelque peu pâtir de son esthétisme qu’il ne parvient pas à dépasser. C’est d’autant plus décevant que plutôt que de devenir un pur objet formel ou le formalisme deviendrait en quelque sorte l’objet du film, on se retrouve en face d’une belle histoire fort bien interprétée mais ou l’obsession esthétique semble cadenasser le film. Et ceci jusqu’à la direction d’acteur. En effet les personnages semblent pleinement appartenir à ce désir de beauté, si bien qu’ils restent étrangement évanescents et incapables de sortir d’une imagerie trop présente. D’où une impression de monotonie et une langueur, pas désagréable cependant.

Publié le 2 mars 2010
Vincere est avant tout le portrait prégnant d’une femme passionnée, abandonnée par un homme tout à son destin, Mussolini. Délaissée par cet homme qui n’a pas su reconnaître cette passion amoureuse, elle sombrera dans l’isolement et la folie, ainsi que leur fils commun. Cette descente aux enfers est habillement mise en parallèle avec l’ascension de Mussolini, soulignant la trahison de celui-ci et son inconséquence (en renouant avec l’église il trahie ses propres opinions). Trahison qui est aussi celle de tout un peuple, abusé par une mégalomanie qui frise la folie. Cette ivresse du pouvoir se révèle particulièrement cruelle lors de l’imitation du Duce par son fils dans une scène d’un pathétique intense, point culminant du film. Alliant sobriété et baroque, dépassant la fresque historique pour transcender son sujet autour d’un portrait hors norme, il délivre un film à la fois troublant et puissant, traduisant l’état d’esprit de son héroïne. Ainsi, dans son tourment, elle gardera une détermination sans faille à l’image de la passion qui l’anime. Giovanna Mezzogiorno dessine un personnage entièrement habité par sa passion, fidèle à ses sentiments et donc à elle-même. Cette unité de caractère lui donne une force rarement vue à l’écran, surtout avec une telle authenticité. Divinement belle dans la détresse, n’étant jamais dans le sur-jeu ou la démonstration stérile, elle s’offre à notre regard avec générosité, toujours magnifiée par une lumière franche parfois à la limite de l’expressionisme. De surcroit Bellochio sait faire preuve de beaucoup de tact notamment dans la scène d’amour initiale, tout simplement splendide de simplicité et d’efficacité (l’abandon magnifique de l’amante dans les bras de son bel indifférent).

Publié le 23 septembre 2009
Tarentino confirme qu’il est toujours autant en verve. Une fois de plus c’est l’orchestration du discours qui donne le tempo de scènes jouant un crescendo jouissif jusqu’à un final explosif et libérateur. Cependant, on a changé de registre. A des discussions volontairement légères s’est substituée une implacable rhétorique de la domination, pratiquée systématiquement par les nazis. Rarement une position de force avait été révélée dans une si parfaite ignominie. Et pourtant Tarentino arrive à nous amuser avec cette abjecte perversité. Le jeu exacerbé des acteurs, entre fausse légèreté et véhémence assumée donne aux scènes clé toute leur intensité (on est plus que jamais dans l’instant). Tarentino joue avec nos nerfs en même temps qu’il fait monter la pression jusqu’à ce que le maître du jeu déclare qu’on ne joue plus : la tuerie qui clôt la conversation, plus qu’un symbole est un véritable soulagement. Enfin, Tarentino sait jouer avec nos fantasmes. Celui d’anéantir toute l’Allemagne Nazie d’un seul coup ne pouvait prendre corps que dans un délire filmique aussi maîtrisé.

Publié le 20 septembre 2009
Johnny Mad Dog est le portrait saisissant d’enfants soldats dont l’inconscience totale en fait de redoutables guerriers malgré leur jeunesse. Ils ne sont rien d’autres que des soldats et s’expriment ainsi constamment avec une extrême violence. C’est principalement ce rapport de force avec des populations sans défense et incrédule qui révèle cette amoralité totale dans laquelle ils vivent. L’arbitraire du pouvoir a rarement été aussi bien montré. Grâce à sa caméra insistante J-S Sauvaire arrive à rendre l’outrance des ces situations très crédibles tout en gardant à bonne distance critique ces tueurs fous qu’on a du mal à considérer comme des personnages à part entière tant ils ne s’appartiennent plus.

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