crissou
Crissou
- Membre depuis le 23/08/2006
- Nombre de critiques : 147
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Publié le 7 janvier 2007
Réalisateur incontournable du cinéma social et engagé, Ken Loach mène une carrière exemplaire, déjà longue de plus de 30 ans. Sur ce projet, The Wind that shakes the Barley, il s'attaque à un autre genre, le film historique de guerre, la guerre sujet déjà traité dans Land and Freedom.
The Wind that shakes the Barley est un drame de guerre pur et dur. La patte de Ken Loach est beaucoup moins évidente car le film est très (trop ?) formaté. Le film sent la préparation à l'extrême et chaque aspect du film démontre un souci du détail minutieux. Ken
Loach nous avait habitué à un contact direct avec ses personnages et son histoire, ici la distance reste présente de bout en bout.
Autre aspect inhabituel du cinéaste, son film use un peu trop les codes du mélo caricaturé, toute proportions gardées. En effet, Ken Loach n'a pas vendu son âme loin de là mais par rapport à sa filmographie, The Wind that shakes the Barley tend vers la grosse production européenne au goût un peu trop aseptisé. Néanmoins, une page importante de l'histoire irlandaise nous est présentée et détaillée, même si notre ami Loach ne reste pas toujours impartial dans son approche historique.
Ironie de l'histoire cinématographique, Ken Loach obtient la Palme d'Or 2006 à Cannes pour le moins Ken Loach des Ken Loach movies. Il faut espérer que cette palme incitera nombreuses personnes à découvrir ou redécouvrir une filmographie défendant coprs et âme une justesse sociale et politique. The Wind that shakes the Barley est son premier film qui me déçoit de par sa forme, tant le fonds convenait aux convictions de son réalisateur.
Á Retenir : l'exécution d'un ami, l'exécution d'un frère, le moins Ken Loach des Ken Loach, découvrez aussi les autres films de Ken Loach et final beaucoup trop mieleux.
Publié le 4 janvier 2007
Déjà connu des cinéphiles, principalement pour Y tu mamá también et révélé au grand public grâce au meilleur Harry Potter à ce jour (le prisonnier d'Azkaban), Alfonso Cuarón nous propose un bijou de film d'anticipation. Children of Men réunit les ingrédients d'un bon blockbuster américain et toute la réflexion d'un film d'auteur.
Alfon Cuarón place la barre très haute dès la première scène où la grande partie du contexte tient dans un seul plan-séquence. Ambiance post apocalyptique omniprésente et problème de procréation de l'être humain, tout cela en 5 minutes. Cette entrée en
matière efficace permet à Cuarón de développer des thèmes qui lui tiennent à coeur. Des problèmes d'aujourd'hui ont le trait grossi et aggravé comme la gestion de l'immigration, l'intolérance, la violence urbaine ainsi que la lutte anti-terroriste qui est à son comble. Ces sujets sont traités dans une ambiance ultra réaliste, donnant encore plus de poids au propos. Et quand Cuarón nous assène son deuxième plan-séquence, éclaboussures de sang sur la caméra à l'appui, il nous fait comprendre que les guerres actuelles ne vont pas s'arrêter de si tôt et vont même s'accentuer.
Children of Men nous prend simplement à la gorge de bout en bout. L'ambiance y est pesante et rares sont les moments de répit. On ne peut rester insensible à ce réalisme créé par tous les ingrédients du film, des acteurs à la mise en scène en passant par la musique. Résultat, le récit du film pourrait très bien passé dans un futur pas aussi éloigné que 2027.
Nous tenons là, sans aucun doute, un des meilleurs films de l'année 2006. Ce thriller d'anticipation allie avec force, grand spectacle et réflexion sur notre société d'aujourd'hui. Alfonso Cuarón atteint des sommets, entouré d'une équipe solide (photographie, mise en scène, acteurs, ...). Children of Men est un peu au cinéma ce que le meilleur des mondes est à la littérature. Il faut maintenant espérer que ce film n'ait pas une vision aussi juste qu'ait pu avoir le roman à son époque sur le futur... ou à nous et nos responsabilités pour contredire cette vision.
Á Retenir : le plan-séquence en pleine guérilla urbaine, les tâches de sang sur la caméra, un gardien de prison peu rassurant, vision inquiétante de certains problèmes actuels et du grand cinéma.
Publié le 3 janvier 2007
Stéphane débarque à Paris pour y trouver du boulot. Tuyauté par sa maman, il est engagé dans une entreprise fabriquant des calendriers pour y effectuer un boulot sans intérêts. Face à cette vie monotone, il s'évade dans le rêve et s'invente une autre réalité. Néanmoins, son problème est de souvent oublier la frontière entre le rêve et la réalite et confond régulièrement les deux. L'arrivée d'une nouvelle voisine ne va rien arranger, surtout quand le coeur s'en mêle.
Michel Gondry est le réalisateur du fabuleux Eternal Sunshine of Spotless Mind, sorti en 2004 chez nous. Il est également très connu dans le monde du clip vidéo aux Etats-Unis. Pour The Science of Sleep, son troisième film, il décide de tourner en France, son pays natal et d'en écrire seul le scénario.
Dès les premières minutes, The Science of Sleep s'impose comme le film le plus personnel de son réalisateur. L'ensemble sent le label "fait maison", du scénario naïf et enfantin aux effets spéciaux qui sentent bon le bricolage d'école primaire. En découvrant l'histoire, nous
passons dans un autre univers grâce à une approche décalée de la comédie romantique.
Michel Gondry déborde d'imagination pour donner vie à son film, à l'image de Stéphane, son personnage principal, dont les rêves tentent de gérer un amour naissant. Toute cette imagination donne au film, un ton définitivement drôle, enfantin, naïf, parfois kitsch et complètement décalé. Ca fait beaucoup de bien ! De plus, les acteurs sont tout à fait dans le ton du film.
En oubliant le petit jeu de la comparaison avec Eternal Sunshine of Spotless Mind, The Science of Sleep est un petit bijou de création et d'inventivité. Principalement autobiographique, il charme par sa mise en scène unique et artisanale. Michel Gondry réussit à redonner du sang neuf à la comédie romantique, genre devenu trop convenu. Au travers de ce film, il avoue être resté un grand enfant et c'est très bien ainsi !
Á Retenir : La lettre sous la porte, l'accent anglais d'Alain Chabat, un plateau de télé inédit, l'imagination sans limite de Michel Gondry et des effets spéciaux comme à l'école primaire.
Publié le 2 janvier 2007
Joachim Lafosse raconte un film dans le film (vous suivez ?) racontant ses déboires réelles dans cette fiction (vous suivez toujours ?). Après Folie privée, Ca rend heureux raconte, en quelques sortes, la galère de Joachim Lafosse à refaire un second film (non, il ne s'agit pas d'une redite du synopsis).
Malgré son contexte très dramatique, Ca rend heureux est pétillamment drôle. Principal coupable, les dialogues au ton incisif et juste. Tout le film est bâti sur ces mots qui révèlent à chaque scène l'absurdité et le malaise de la situation à laquelle doit faire face Fabrizio. Ce dernier est magistralement interprété par Fabrizio Rongione, découvert dans Rosetta.
Le film a le mérite de mettre en avant les difficultés à mettre en place un projet cinématographique chez nous, bien loin de l'image idyllique hollywoodienne. Ca rend heureux propose un panel complet de ces obstacles, qu'ils soient créatifs, financiers, sociaux ou encore légaux. Malgré ces qualités, je n'ai pas accroché au film. Le premier tiers du film manque singulièrement de rythme et le style du film reste entre deux chaises. On comprend l'intention de Joachim Lafosse d'y imposer une notion d'urgence mais on ne l'a ressent pas vraiment. Au final, la volonté créatrice de Joachim Lafosse n'est pas pleinement atteinte (ou peut-être que si, puisque le film parle du fossé entre vouloir et pouvoir...).
Ca rend heureux est bourré de bonne volonté et recèle quelques bons points mais l'ensemble n'emballe pas complètement. Ce film a néanmoins le mérite de remettre au goût du jour le chemin de croix pour toute création artistique en Belgique.
Á Retenir : des dialogues jubilatoires, Fabrizio Rongione excellent, mise en avant des difficultés de création, une belle définition du travail et la subtile différence entre "te faire mettre" et "baiser".
Publié le 31 décembre 2006
Idée lancée par les frères Carné et Emmanuel Benbihy, Paris, je t'aime imposait des règles strictes à ses réalisateurs : un court-métrage d'une durée de 5 minutes maximum et deux jours et deux nuits de tournage avec un budget réduit. La liste des réalisateurs est impressionnante dont Gus Van Sant, Bruno Podalydès, les frères Cohen, Walter Salles, Sylvain Chomet, Alfonso Cuaron, Olivier Assayas, Vincenzo Natali, Wes Craven et Alexander Payne.
Paris, je t'aime est à l'image d'une visite touristique, où en fonction de ses affinités, chacun y trouvera son compte. Les seuls véritable points communs de ses 18 courts sont les contraintes techniques et Paris. Cette initiative permet de découvrir la ville sous un angle
nouveau. Pour le reste, il est difficile d'y trouver une quelconque homogénéité dans l'enchaînement des différentes histoires.
Pour ma part, je retiendrai le tolérant Quais de Seine de Gurinder Chadha, le jubilatoire Tuileries des frères Cohen, le social Loin du 16ème de Walter Salles, le cachotier Parc Monseau de Alfonso Cuaron, le grave Place des Fêtes de Olivier Schmitz, le vampirique Quartier de la Madeleine de Vincenzo Natali, le touchant Faubourg Saint-Denis de Tom Tykwer et le touristique 14ème arrondissement d'Alexander Payne.
Paris, je t'aime est un pari audacieux à moitié réussi. Le projet a le mérite de remettre en avant le court-métrage trop souvent négligé par nos salles obscures. Heureusement aussi, quand cela ne plaît pas, cela ne dure que cinq minutes. Je pense que tout le monde pourra y trouver son compte en acceptant le fait de pas apprécier l'entièreté du projet. Il faut reconnaître également que certaines histoires nous plongent soit dans un mélo trop larmoyant soit dans une banalité désolante.
Á Retenir : un projet novateur et audacieux, le court-métrage mis en avant, un Sylvain Chomet avec de vrais acteurs, un Wes Craven dans un genre nouveau et un manque d'homogénéité de l'ensemble.
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