crissou

Crissou
  • Membre depuis le 23/08/2006
  • Nombre de critiques : 147
Publié le 30 octobre 2007
Dans les années 90, Brad Bird a travaillé pour la série télévisée Les Simpsons. Après l'émouvant Le Géant de Fer en 1999 et le ravageur et oscarisé Les Indestructibles en 2004, il signe son troisième long-métrage d'animation et son deuxième film pour les studios Pixar. En 10 ans, les studios Pixar sont devenus incontournables dans le film d'animation. Ils ont révolutionné les techniques d'animation avec l'apport de l'informatique mais ils ont surtout réussi à réinventer le genre par une explosion d'inventivités narratives. Avant d'être un chef d'oeuvre technique, un film Pixar est avant tout une histoire riche en imagination et en émotion. Ce Ratatouille ne déroge pas à la règle. Présentant un rat plus mignon et sympa que n'importe quel animal domestique, Brad Bird peut tout se permettre avec son héros animalier. Rémy a tous les droits et peut marcher sur deux pattes, crier comme un vulgaire rat et même cuisiner divinement bien, cela ne choquera personne. Ratatouille enchaîne action, bons sentiments et fine cuisine sans temps morts. Aujourd'hui l'animation mondiale se résume à Pixar et à l'animation européenne, qui propose une autre approche, tout aussi intéressant et passionnante. A chaque nouveau film, Pixar met une claque aux autres studios d'animation américains. A la pointe de la créativité, du rythme narratif, de l'audace visuelle et de la technologie informatique, John Lasseter et ses potes ne laissent rien aux autres et la comparaison fait mal. Comme Rémy, les passionnés de Pixar vont jusqu'au bout de leur rêve ! Á Retenir : un accent anglais très frenchy, un rat qui n'aime pas se tenir à 4 pattes, un contrôle d'hygiène bien écourté, un critique gastronomique vampirique et j'ai faim.

Publié le 29 octobre 2007
Inspiré du livre écrit par Déborah, veuve de Ian Curtis, Control est le premier long-métrage d’Anton Corbijn. Proche du groupe Joy Division, il doit sa renommée à son métier de photographe avant de bâtir une carrière de plus de vingt ans dans le clip vidéo. Control est un film biographique retraçant la vie de Ian Curtis, leader charismatique du groupe Joy Division, précurseur du mouvement New Wave. Pour adapter au mieux cette carrière trop éphémère, seul Anton Corbijn avait l'aptitude de le faire. Proche des membres de Joy Division de part son métier, il s'est astucieusement aidé du livre Touching From A Distance écrit par la veuve de Ian Curtis. Cette biographie, filmée en noir et blanc, ne se limite pas à la vie musicale du chanteur mais se concentre sur le déchirement de l'homme entre sa passion musicale et sa vie familiale délaissée. Control nous mène au sein de sa famille, de son boulot, de ses problèmes de santé et de son groupe Joy Division au succès fulgurant... Anton Corbijn dessine peu à peu à la descente aux enfers de Curtis. Ce passage à la réalisation d'un long-métrage d'Anton Corbijn se fait dans les meilleures conditions : maîtrise du sujet, passion pour le milieu, l'acteur Sam Riley magistral et il s'est fait la main dans le clip vidéo. Les scènes de concert sont délicieusement intenses, en contraste avec une vie familiale froide et dérangeante. Même si Control fait ressentir parfaitement le mal-être psychologique de Ian Curtis, le film manque d'un peu plus d'audace dans la mise en scène pour être une bio musicale incontournable. Á Retenir : des crises d'épilepsie impressionnantes, une passionnante revisite musicale, une situation familiale , un manager désopilant et une carrière bien trop éphémère.

Publié le 23 octobre 2007
Elève à La Femis dans la section scénario, Céline Sciamma a écrit Naissance des Pieuvres pour son projet de fin d’études. Conseillé par Xavier Beauvois, réalisateur et membre du jury de l’examen final, elle le portera sur grand écran moins d’une année plus tard. A l'âge naissant de l'adolescence, on se découvre et on ressent de nouvelles envies, comme une recherche de nouveaux plaisirs. Le film de Céline Sciamma se place dans cette période charnière entre l'enfance et le monde des adultes. Pour rentrer pleinement dans ce milieu en manque de repère, les enfants et les adultes sont quasiment absents à l'écran. Dans ce contexte, Naissance des Pieuvres maîtrise parfaitement son sujet en se focalisant sur ces trois adolescentes et leur cercle d'amis. Le contexte de la nage synchronisée donne une ampleur supplémentaire entre ragots de vestiaire, pudeur, rencontres à la douche et jalousie entre filles. Peu à peu les relations s'entre-mêlent comme les tentacules de la pieuvre adolescente. Ce premier film de Céline Sciamma propose deux visages : la maîtrise de l'écriture, le sujet clairement délimité et la direction des jeunes actrices séduisent tandis la mise en scène, le rythme linfatique et le manque d'audace derrière la caméra ennuient profondément. Cependant, il n'est pas certain que scénario aussi complexe aurait été mieux traité par un réalisateur plus expérimenté. Naissance des Pieuvres laisse de nombreux regrets tant les qualités sont indéniables. Á Retenir : un vol de bracelet très buccal, un crachat joliment envoyé, un jardin décoré de soie, un doigt libérateur et un parking plutôt lugubre.

Publié le 16 octobre 2007
Scénariste, productrice et réalisatrice, Marion Hänsel retrouve la caméra après son documentaire poétique Nuages, sorti en 2001. Entre ces deux films, elle a produit No Man’s Land et 25° En Hiver et écrit le scénario de La Femme De Gilles de Frédéric Fonteyne. Dans le contexte d’un Afrique à l’agonie entre sècheresse et nombreuses guerres civiles, Si Le Vent Soulève Les Sables raconte le combat d’une petite fille pour obtenir l’amour de son père. Echappant à la mort grâce au courage de sa maman, Shasha va découvrir un monde hostile où la naïveté et l’imaginaire d’un enfant ne trouvent que peu de place sur un continent à l’agonie. Même si le contexte du film se déroule dans une Afrique meurtrie, Marion Hänsel ne filme pas pour faire la morale mais pour nous raconter la volonté d’une petite fille qui veut vivre avec l’amour d’un père. C’est au travers de cette histoire de fiction qu’elle veut nous interpeller sur la situation africaine, en évitant une approche trop documentaire, qui nous aurait peu touchés. Oui, le film de Marion Hänsel parle aussi de notre indifference d’Européen face aux problèmes de notre continent voisin. Elle aborde en toile de fond tous les problèmes actuels : la sècheresse, la pauvreté, les guerres civiles, les enfants soldats, la main-mise de l’armée sur les richesses naturelles, les champs de mines, etc. Et même si le rythme du film est assez lent, Si Le Vent Soulève Les Sables secoue par une histoire d’enfant touchante et d'une Afrique qui meurt à petit feu, brûlée par notre indifference. Á Retenir : une chamelle fidèle, une imagination infantile qui fait du bien, une petite fille au caractère bien trempé, une mère courageuse et un père qui découvre sa fille.

Publié le 24 septembre 2007
Vincenzo était responsable de la maintenance des hauts-fourneaux dans une usine italienne, tombée en faillite. Des businessmen chinois viennent de racheter un haut-fourneau. Vincenzo se rend compte que cette machine présente un défaut majeur et trouve une solution. Pour éviter une catastrophe, il part en Chine pour retrouver le haut-fourneau concerné. En route, il retrouve Liu Hua, traductrice parlant l’italien qui avait été présente pendant la vente en Italie. Réalisateur incontournable du renouveau du cinéma italien dans les années 90 avec Il Ladro Di Bambini et Lamerica, Gianni Amelio nous revient trois ans après son mélodrame mitigé Le Chiavi Di Casa. La Stella Che Non C’è est déjà son huitième long-métrage. Entre drame, road movie et quête initiatique, La Stella Che Non C’è fait découvrir une Chine en pleine mutation où le développement économique provoque d’énormes contradictions. Perdu dans cette évolution à grande vitesse, Vincenzo se rend compte peu à peu que ses valeurs dont l’intégrité ne sont plus de ce temps. Sa rencontre avec Liu Hua va renforcer son impression. Gianni Amelio dévoile une certaine facette de la Chine d’aujourd’hui mais aussi un homme passionné par son travail et qui est passé à côté de beaucoup de choses dans la vie. Le réalisateur balance parfaitement son film entre ces deux sujets où les certitudes de cet homme laissent peu à peu la place à la triste réalité du pays, le personnage de Liu Hua faisant la passerelle idéale entre les deux thèmes. La Stella Che Non C’è est un film qui prend le temps de faire exister ses personnages, impeccablement interprétés par Sergio Castellitto et Ling Tai. La simplicité de son propos fait ressortir une panoplie de sentiments qui ne peuvent laisser indifférents. En toile de fond, Gianni Amelio nous fait découvrir une Chine à plusieurs vitesses où les délaissés sont nombreux. Malgré une impression de pilotage automatique, le sujet est parfaitement maîtrisé et dirigé où le choc des cultures secoue humainement. Á Retenir : les divorcés sont dévorés, une conscience professionnelle comme on n'en fait plus, monter un gratte-ciel est un sport national, l'originalité des transports chinois et tout ça pour ça.

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