Un film rare et precieux . Meme si le conflit israelo arabe est bien present en toile de fond, il est question ici d'aller au delà des fractures et des clivages intercommunautaires et aussi intracommunautaires . Une belle leçon de vie remplie d'humour .

Le cinéma français n’est jamais aussi bon que dénué de tous les oripeaux des deux tendances qu’on lui connaît « la nouvelle vague » ou « la comédie dramatique très qualité française ». Ce vieux clivage sévit depuis les années 60 et persiste encore dans les esprits des jeunes réalisateurs arrivés depuis. Philippe Faucon, déjà remarqué sur « Sabine » ou « La trahison » signe ici l’un des films les plus « sains » qui nous a été donné de voir depuis longtemps. Sous une apparente simplicité, d’aucun dirait facilité, il aborde généreusement des thèmes difficiles sans avoir l’air d’y toucher, mais qui percutent l’esprit. Du rôle de la femme, qu’elle soit juive ou musulmane, sous le joug des hommes, de l’exclusion, du conflit israélo-libanais, de l’intégration, de la vieillesse, tout y passe. Mais ici, pas de brûlot, juste une mise en situation derrière un anodin quotidien, fait d’éclats de larmes ou de rires qui coulent. Il faut faire front, se blinder, lutter contre les préjugés pour ne retenir que les jolies choses. Faire du renfrogné qui nous entoure un chant de vie et d’amour. Et pour cela, Faucon s’appuie sur deux actrices uniques et magnifiques jusqu’au tréfonds de l’âme : Ariane Jacquot et Zohra Mouffok, deux « mamas » admirables. Si le langage est parfois coloré, virulent, c’est pour mieux souligner le désarroi de leurs situations, leurs peurs, mais aussi exorciser cette haine qui n’a pas lieu d’être. « Dans la vie » s’impose déjà comme l’un des temps forts de cette année 2008, ses valeurs humanistes sur la tolérance hanteront longtemps le spectateur submergé par une vague de chaleur humaine ô combien opportune dans ces temps si pessimistes.

Réconcilier juifs et musulmans, voilà un sujet de film bien alléchant ! Philippe Faucon en a pris le pari. Sélima est coincée entre son mode de vie "moderne" qu'elle n'avoue pas à sa famille et cette dernière, très traditionaliste; elle est infirmière et doit s'occuper d'Esther, la mère du médecin juif qu'elle a consulté. Esther est coincée par son impotence qui lui donne un caractère infernal avec les autres. Et pourtant le souvenir lointain de leur terre natale algérienne va faire que l'alchimie va agir et la mayo prendre entre les deux femmes. Afin qu'Esther ne manque jamais de rien, Sélima appelle sa mère, Halima. Celle-ci ne se prive pas d'arroser d'injures Israël pour son action au Liban. Elle va cependant faire preuve d'empathie et s'imprégner de culture juive au contact d'Esther. Et les deux mégères de créer un univers de paix et de bonheur loin des bruits du monde, si brutaux. Bref, extra.