Fritzlangueur
Fritzlangueur
- 58 ans
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Film préféré de l'utilisateur Fritzlangueur
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Publié le 21 janvier 2016
A un moment, dans le film, André Dussollier prononce « On vit et on meurt à l’intersection de deux mondes », Nicolas Pariser lui à construit « Le grand jeu » à l’intersection de deux récits. Tout commence avec une sombre machination politique dont Melvil Poupaud va devenir un peu et à son insu le fomentateur. Librement inspiré de l’affaire Tarnac, cette partie est plutôt bien amenée, exacerbée, nébuleuse, on se délecte d’assister à une espèce de thriller politique, déployant avec un certain brio les rouages politiques. Très crédible, on attend la suite… Notre pauvre héros contraint à fuir, va alors être confronté à une communauté d’extrême gauche chez qui il décide de s’installer. Là à l’image de la ferme solidaire dans laquelle il se réfugie, le film s’enfonce dans le bourbier. La dimension politique n’est plus qu’anecdotique, on se tourne alors vers une espèce de grande discussion de zinc, où l’on refait le monde… C’est intellectuellement pauvre et très ennuyeux. C’est tout à fait dommageable. D’autant plus que Poupaud et Dussollier y sont excellents, mais même le plus grand des talents ne parvient jamais à redresser un scénario qui pêche par le vide. Globalement cela se laisse regarder sans déplaisir, mais la frustration de ne pas avoir su conserver l’intensité de la première demi-heure est tout de même très pesante.
Publié le 21 janvier 2016
Quel est le point commun entre la série « Soda », « De rouille et d’os », « Saint Laurent » et « Les Cowboys » ? Un homme, un scénariste, Thomas Bidegain qui réalise ici son premier film. Si le résultat n’est pas à 100% totalement convaincant, il n’en reste pas moins que l’œuvre est forte.
Décomposé en trois parties, « Les Cowboys » nous propose la descente en enfer d’une famille à la fin des années 2000 bouleversée par la disparition de la fille qui a décidé, à la grande surprise de tous, de se convertir à un Islam radicalisé, faisant fi de son passé. Son père décide alors de la retrouver. De ce sujet, miroir d’une actualité âpre, Bidegain dévoile peu à peu toute la complexité de la situation (rapports humains), et tente d’aborder la mutation d’un ordre mondial dont les codes sociétaux évoluent. S’il se révèle bien souvent brillant dans la caractérologie des personnages, le scénario à tiroirs pêche un peu. La première partie portée de bout en bout par une François Damiens époustouflant (il affine encore son jeu par rapport à « Gare du nord », où il campait déjà le rôle d’un père à la recherche de sa fille) est magnifique de précision au niveau tempo, cadrages, trouvailles de mise en scène. La suite hélas sera un peu plus flottante quant à la crédibilité notamment sur la relation entre Kid et Shazhana, un peu comme si Bidegain visait le toujours plus d’effets, ce qui le mène à quelques maladresses (le même travers d’ailleurs était à reprocher à « Dheepan » cette année, dont il est l’auteur).
Mais globalement la vigueur émotive l’emporte, et le film se démarque par l’originalité de son traitement. La direction de la photo, la bande son et les plans sont inventifs, la bande originale participe avec subtilité à la tension générale et en plus de Damiens, un autre grand acteur se révèle, Finnegan Oldfield parfait dans le rôle du fils.
Publié le 21 janvier 2016
On peut saluer l’initiative de Christian Duguay de s’être démarqué de la série originelle par une histoire inédite, chose qu’il aurait déjà du faire dès 2013 avec le premier opus. C’est un peu pour cela que je voulais le voir. C’est une des forces du film, mais aussi sa grande faiblesse compte-tenu de la pauvreté du scénario qui pourrait se résumer en deux lignes, le reste étant du remplissage. Certes on peut s’extasier des jolies scènes bucoliques et du nombre impressionnant d’animaux que l’on voit dans chaque coin de décor, mais cela ne compense en rien le caractère caricatural des personnages (à commencer par Félix Bossuet à qui on en fait faire de tonnes, suivi de très près par Tcheky Karyo ou de l’insupportable Thierry Neuvic), ni l’indigence générale qui donne l’impression que le réalisateur devait faire cette suite, plutôt que d’en avoir une réelle envie. S’il y a un trois, on ne m’y reprendra plus !
Publié le 21 janvier 2016
Sur nos écrans, les films islandais se font rares, et il serait dommage de considérer chaque sortie comme un simple effet de curiosité ou « d’exotisme ». Car il s’agit bel et bien d’un cinéma à part entière, levant le voile sur un pays, un univers à découvrir, une culture. Il en fut ainsi en 2003, lorsque j’ai découvert « Noi albinoi » en parfait décalage avec la production européenne classique, surprenant, caustique et terriblement attachant. « Béliers » sorti en grandes pompes grâce à son Prix de la section Un certain regard à Cannes cette année, l’est tout autant, voire beaucoup plus, et se s’installe avec beaucoup d’humilité mais confortablement parmi les grands films de l’année 2015.
Gummi et Kiddi, deux frères ennemis et voisins ne se parlent plus depuis 40 ans. Ils s’occupent chacun des deux exploitations familiales, en parfaite concurrence, élevant leurs moutons. Jusqu’au jour où une épidémie de « tremblante » va venir bouleverser l’ordre des choses.
Rarement le lien fraternel, qu’il soit défait ou non, n’a été abordé avec autant de justesse et de force. Gummi et Kiddi ont beau vouloir s’ignorer, s’agresser, ils resteront à jamais les deux gamins de la photo, assis côte à côte sur le dos d’un cheval mené par leur père. « Béliers » fait écho au temps qui passe, injuste, irrémédiable mais dont l’essentiel demeure, pouvoir compter sur l’autre. Et cet impayable retournement de situation qui fera du fort, le faible et vice versa est ici magnifique, porté par cette symbolique du cycle de vie qui progressivement tout au long du film s’inverse et est conforté par la poignante scène finale.
Extrêmement bien pensée, écrite et filmée, cette œuvre essentielle s’appuie sur un contexte social en crise, celui des « petits » éleveurs en milieu rural excentré (réflexion identique portée par Kontchalovski dans « Les nuits blanches du facteur »), qui survivent bien plus qu’ils ne vivent, sans pour autant ne rien regretter. Cette vie rustique, mais malgré tout satisfaisante, ne tient qu’à un fil ténu, et tend à disparaître peu à peu, épidémie ou non. Gummi et Kiddi dans leurs contrastes, sont les ardents défenseurs, et sans doute les derniers, de cette culture, de ce mode de vie. Ils ne demandent qu’à continuer… à fêter leurs victoire à l’élection du « meilleur bouc », se préparer un festin de Noël (dans des circonstances bien particulières disons-le), s’attacher à un troupeau dont la race fait leur fierté… bref que tout soit comme avant… et pour longtemps !
On ne peut qu’être admiratif face à la situation, et aux actes de résistances que ces deux là lui opposent. De cette fausse haine, si pleine d’amour et de compassion, Gummi et Kiddi sortent grandis. Ils mettent à mal notre conscience du trop tout de suite, et nous donnent une belle leçon de vie, aussi robuste, affectueuse et revigorante qu’une étreinte de survie sous la neige.
Publié le 21 janvier 2016
Qui d’autre que Jean-Pierre Bacri aurait pu donner à ce personnage de dépressif heureux, qu’est Monsieur Sim, une telle dimension ? Personne, et il y est excellent. Ce n’était pourtant pas évident au départ, l’acteur trainant derrière lui un série de rôles d’aigris dont il duplique les effets de l’un à l’autre, se caricaturant de plus en plus. Là il apporte à cet étonnant personnage toute la subtilité, la candeur et une belle âme et dès les premières minutes l’empathie nous gagne.
Ces mêmes remarques pourraient être faites au film, qui de prime abord n’a rien de glamour. Et pourtant, avec cet humour un peu féroce, cette compassion pour le sujet, et quelques scènes bien enlevées, Michel Leclerc réussit à donner le sourire à une histoire un peu sordide, qui aurait engendrée par certains réalisateurs une vraie neurasthénie chez le spectateur.
Le road movie de Monsieur Sim, sera un épisode salvateur au niveau de sa pathologie dépressive, même s’il alterne encore des moments d’euphories ou d’abattement, on sent avec lui qu’un changement s’opère. Cette évolution trouve son miroir avec le périple de Donald Crowhurst, livre qu’il a choisi pour son voyage. Donald Crowhurst est ce navigateur solitaire amateur devenu fou lors d’une course se faisant passer pour le 1er alors qu’il dérivait et finira par se jeter à la mer avant qu’on ne découvre le mensonge. Cette histoire avait fait l’objet d’une adaptation au cinéma par Christian de Chalonge, c’est un Jacques Perrin éblouissant qui tenait le rôle.
Monsieur Sim, s’agace du comportement du navigateur, lui rappelant sans cesse ce qu’il vit, ce qu’il est. Et c’est quand il décide de ne pas finir comme lui, que les choses changeront pour lui et il retrouvera goût aux choses, le film prenant alors une toute autre dimension formelle, sentimentale et visuelle.
Il y a deux manières d’aborder « La vie très privée de Monsieur Sim », soit on se fie à ce que l’on voit et l’on se réjouit avec lui, soit de manière beaucoup plus terre à terre, on peut le considérer comme un état du moment présent, sachant qu’une embellie est toujours suivie d’une rechute. A ce propos, la fin d’ailleurs est particulièrement équivoque.
Quoiqu’il en soit, on gardera de Monsieur Sim un souvenir attendri avec sa folie douce, et son courage à vouloir vaincre toujours et encore cette maladie si dévastatrice.
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