Très beau film du point de vue de l'image, la BO est bien, mais l'histoire est un peu vide. Elle est intéressante mais elle est mal traitée, on commence à peine à l'aborder et le réalisateur ne va pas plus loin mais on reste sur sa faim. Je découvre GVS et avoue ma perplexité. Perso, j"ai trouvé le film magnifique, et je l"ai regardé comme on regarde un beau tableau dans un musée sans être ému par ce qu'il raconte et avoue m'être un peu ennuyé...

Un chef d'oeuvre, ou ce qui s'en rapproche le plus par les (mauvais) temps qui courent. Allez le voir et vous comprendrez pourquoi, si vous appréciez la poésie qui naît par la seule union de l'image (jamais gratuite ni vaine) et du son (magnifique accompagnement musical, dans sa finesse, sa pertinence et sa diversité). Attention, ce n'est pas un récit, mais un sujet, humaniste et universel, qui est traité et développé par Van Sant en poète libre et en esthète cultivé, sans rien souligner ni démontrer. La justesse et le naturel de l'interprétation, la construction diffractée du témoignage de la transmutation du personnage principal, la subtilité des allusions à la peinture, notamment de la renaissance (tiens donc!) italienne, et de celle des moeurs sociologiques de la (notre) culture américaine ... tout concourt à la perfection du propos et de la forme qu'elle revêt. Contemplatif (la vérité du regard), minimaliste, Van Sant nous livre l'équivalent d'une sonate pour instrument seul de Bach: terriblement savante et maîtrisée, techniquement impressionnante, et tellement libre, fluide, profondément humaine!

Ce film montre une maîtrise remarquable de l'art cinematographique de la part de son auteur, qui m'avait terriblement déçu par son "Elephant". Ce film-ci exploite remarquablement les ruptures de rythme et la musique pour produire un drame psychologique et à suspense qui fonctionne parfaitement.

J'avoue détester le cinéma de Gus Van Sant. A part "Elephant", je trouve son cinéma surfait et injustement adulé par les critiques (surout Gerry et last days qui étaient des fumisteries cinématographiques). Ici, on est plus dans la veine de "Elephant". Il y a au moins des dialogues, un scénario et des personnages. La réalisation est inventive et l'acteur principal joue bien. La fin se traine un peu en longeur mais ça vaut la peine d'être vu. Même si encore une fois, les critiques en font des tonnes alors qu'il n'y a tout de même pas de quoi crier au chef-d'oeuvre....

PARANOID PARK est le genre de film que l'on va voir au nom de la réputation de son réalisateur: on ne se déplace ni pour l'histoire ni pour les acteurs, soit pour aucune de ces choses arrangées qui souvent font l'essence et l'ossature du cinéma. Je ne dénigre pas le travail de Gus Van Sant, mais avec PARANOID, il n'a fait que produire ce qu'on attendait de lui. Etrangement, je ne trouve ici rien d'émotionant et tout ce qui m'avait séduit dans ELEPHANT devient lassant, presque ennuyeux: l'adolescent renfrogné qui erre dans les couloirs d'une école moyenne, les plans presque arrêtés ou comme en suspension, le découpage non linéaire des séquences, les angles de vue divers qui peu à peu éclairent... Gus Van Sant nous offre l'adaptation d'un roman qui a connu son petit succès et il le fait à sa façon, bref il fait du Gus Van Sant. Je ne suis pas les critiques élogieuses car ici, ce cinéma-là ne me touche pas; autant il pouvait servir d'écrin au sujet tragique et bouleversant d'ELEPHANT, autant ici, il transforme une trame intéressant en fait divers ennuyeux.