Doryan

Doryan
  • Membre depuis le 09/05/2006
  • Nombre de critiques : 55
Publié le 9 août 2014
Une jolie petite comédie romantique, typique du cinéma de Woody Allen et dans laquelle on retrouve sans surprise les ciselures artistiques distinctives de son œuvre : plans « carte postale », arrière-fond musical des années folles quasi-permanent et caractérisation typée des personnages. Même si tout est léché, idéalisé ou aseptisé au profit d’un scénario dont la prédictibilité ne déteint pas sur la jovialité, le film se laisse regarder en suscitant le plaisir sans prétention d’une récréation guillerette, à laquelle n’accoutume plus forcément le paysage cinématographique du moment. On se laisse aisément happer par cette jouxte drolatique opposant les deux protagonistes, entremêlée de sentiments celés et de rivalité cynique. A condition de se laisser happer par le charme désuet d’une période aussi policée qu’excentrique, on prend un plaisir certain à voir se dérouler le fil de cette petite histoire au charme nostalgique à l’humour tout en réparties tambourines. Un agréable moment de fraîcheur cinématographique pour un bon cru d’un réalisateur décidément prolifique, même si moins marquant peut-être que « Blue Jasmine », situé lui dans un tout autre ton, résolument pus dramatique. A conseiller pour répondre au désir d’un petit film sans méchanceté qui fera passer un agréable moment de détente.

Publié le 20 juillet 2014
"Boyhood" est un film indubitablement atypique dans l’histoire du cinéma, pour être sans doute le premier à avoir été filmé sur une période de 12 ans, de 2002 à 2014, avec les mêmes acteurs incarnant leur personnage dans leur vieillissement « naturel ». Le film suit le cheminement d’un garçonnet doux et un peu rêveur, depuis l’âge de 6 ans jusqu’à ses 18 ans. Tout au long des 160 minutes de projection, on assiste à une succession d’instantanés de vie, à la transition de l’enfance vers l’adolescence, à des moments forts, des instants qui comptent, ou d’autres moins; ceux qui façonnent le souvenir, laissent une trace dans ce qui conduit à l’âge adulte, dans ce qui imprègne, ce qui fait aimer, ce qui fait se découvrir soi surtout. L’histoire est aussi celle des personnages qui l’entourent, sa sœur un peu rebelle, une mère qui se cherche un meilleur avenir et le bon partenaire, un père divorcé mais présent. Un récit qui se déroule avec la tendresse douce-amère du temps qui passe, qui enrichit ou qui désillusionne. N’allez pas voir Boyhood pour y apprécier une histoire continue, le récit n’a pas de fil conducteur à proprement parler ; il est tissé à la manière d’un assemblage de moments de vie qui, mis bout à bout, illustrent au fond simplement l’histoire de la vie et, au-delà, du temps qui glisse vers l'après et se joue de nous. Quelques moments de poésie sillonnent ci et là le récit et servent son sujet. Un beau film, qui ne raconte rien sinon finalement la vie en elle-même. A découvrir sans aprioris.

Publié le 13 juillet 2014
Un univers assez éloigné de l'ouvrage éponyme de Sempé/Goscinny, où l'on retrouve certains des personnages (surtout les enfants), mais pas vraiment le scénario, ni surtout l'ironie douce-amère d'un humour patenté où petits et grands trouvaient à se régaler. Le récit du film est original à défaut d'être vraiment accrocheur; on y voit un petit Nicolas un peu plus "adulte" que dans le livre (âge de l'interpête oblige), mais qui est finalement moins le point central du récit que les adultes qui l'entourent. On pourra regretter certaines scènes un peu longuettes ou inutiles (l'irritant producteur italien et sa verve pesante), ou de ne pas retrouver le charme léger et typique du ton souvent à double sens de Goscinny, malgré que l'ambiance des années 50 soit assez bien rendue dans la décoration et l'atmosphère. Film plaisant mais n'espérez pas éprouver la même sensation que celle du livre, dont il ne parvient jamais à égaler le charme.

Publié le 14 juin 2014
Irritant, exaspérant, grivois et flirtant constamment avec le vulgaire au point d’y parfois sombrer… voilà tout ce qu’il y a à retenir de cette daube hexagonale qui est à des lieues d’être à la hauteur de la promotion qui l’a précédée…. « Sous les jupes de filles » porte bien son titre, car tout y est au niveau de la ceinture, voire même en-dessous. A nous présenter un tableau de femmes modernes dont le pôle d’intérêt et de conversation se situe exclusivement au niveau de l’entre-jambes, on peut légitimement s’interroger sur le service rendu à la cause féminine, ou même tout simplement à l’image de la femme contemporaine. En guise de films de femmes, on a droit à une ode au mauvais goût qui ne trouve rien de mieux à faire que d’élever l’obscénité en source d’humour. A l’arrivée, celui-ci est potache, lourd, à peine digne d’un mauvais sketch de Bigard. Bref, passez votre chemin si vous tenez un tant soit peu à une once de classe ou de bon goût dans un film. L’un des pires navets pseudo-comiques de ces 20 dernières années. A fuir.

Publié le 25 mai 2014
Après « King Kong contre Godzilla », l’Oncle Sam revisite à son tour les classiques nippons en nous servant cette fois « Godzilla contre Muto ». Bon, qu’on vous explique : les Mutos, ce sont ces vilaines bestioles à 6 pattes d’une centaine de mètres de haut, nées aux alentours des centrales nucléaires japonaises, et qui carburent à l’énergie atomique en guise de biberon. Moins écolo que le lait, mais plus fortifiant, comme en témoigne le carnage qu’ils engendrent. Car pas sympas, les Mutos ; sitôt nés, ils dévastent tout sur leur passage. Sans parler de la détestable habitude alimentaire qu’ils ont de fracasser tout ce qui ressemble à une source d’énergie nucléaire pour s’en sustenter : sous-marins, centrales, pylônes et tutti quanti. Pas écolos, on vous disait… Petite parenthèse ici pour ceux chez qui la surenchère dans la métaphore n’aurait pas fait tilt : « Godzilla » nous sert en fait un plaidoyer écolo avec la délicatesse d’un discours de Mélanchon, en plaçant l’allégorie sous une bruyante et fumeuse surenchère d’effets crash-boum-boum. L’essentiel est toutefois dans la bonne intention, dit-on. Bref, donc, apprenant qu’une nouvelle espèce animale menace de lui contester sa couronne de super-prédateur, notre bon lézard, pas content du tout, sort de la semi-retraite où l’avaient plongé les dernières tentatives nucléaires visant à lui faire la peau (pardon, le cuir) pour affronter les vilains Mutos. Et pour régler leur compte à ces challengers culottés qui osent – ô sacrilège - défier sa place au sommet de la chaîne de prédation, il retrouve son arme secrète, le crachat nucléaire. Parce quand lézard fâché, capitaine, lui toujours faire ainsi. Et ça marche du tonnerre (sans jeu de mot) ; le brave lézard s’improvise sauveur de l’humanité en faisant baston avec les méchantes créatures mi-Alien, mi-araignée géante. Et, au passage, il garantit du travail à gogo au secteur local du bâtiment, qui aura fort à faire pour reconstruire tout ce que les bestioles auront entre-temps dévasté pour régler leur contentieux. A ce propos, ceux qui aiment les buildings éventrés et qui n’auraient pas eu leur compte en la matière dans le dernier Superman de Zack Snyder, à peu près aussi versé dans la délicatesse que les Mutos, seront ici aux anges ; quand il n’y en a plus, il y en a encore. D’immeubles à démolir, bien sûr. Ou de ponts à découper, ou de structures portuaires à aplatir, ou bien de forêts à déboiser au feu nucléaire. Mais c’est pour la bonne cause, on vous dit. Sauver le monde, pour l’agent Godzilla 007 en mission, ça se fait bien au prix de quelques décombres dans les rues et de quelques paysages post-apocalyptiques d’une Amérique que - manque de pot tout de même - toutes les grandes bestioles de l’histoire ont toujours choisi comme terre à leurs exploits, de King Kong aux dinosaures. Hélas, ce grand spectacle de dominos effondrés a un gros lézard (oui, je sais, facile, mais bon…) : c’est qu’il risquera fort de n’avoir un semblant d’originalité qu’aux yeux de celui pour qui ce serait le tout premier film du genre ; pour le reste, c’est de l’ultra-téléphoné, du cliché et du convenu. L’action se réduit à un spectacle numérique déjà remâché tant de fois et décliné sous tant de moutures différentes qu’il ne fait pas plus mouche qu’une balle de fusil sous la carapace de notre lézard XXL. Car tout est stéréotypé dans Godzilla ; des acteurs inexpressifs (ils n’ont pas dû vouloir concurrencer Gogo) à l’ambiance mélo archétypale des films pop-corn (le brave militaire en mission, la jeune épouse éplorée et le fiston modèle), en passant par les effets ultra-classiques dévoilant la bêbête par bouts de queue ou d’épines dorsales entr’aperçus dans décor embrumé ou nautique. Sans parler des pénibles effets musicaux chargés d’épaissir artificiellement une intensité dramatique ou un suspense qu’on cherche en vain. Mais rien dans ce « Godzilla » ne révolutionne le genre du « Monster movie ». L’un des rares mérites qu’on pourra lui trouver est de s’élever plus haut que le navet kitch d’Emmerich de 1999. Il faut dire que faire moins inexpressif que Matthew Broderick et Jean Réno était une gageure à peu près aussi difficile que de déraciner un arbre pour Godzilla et de s’en servir comme cure-dent. Restent alors quelques scènes d’action qui arrivent toujours à accrocher malgré tout (merci les CGI), et des effets de gigantisme parfois impressionnants quand on oublie la faiblesse du fond sur lequel ils viennent se greffer. Bref, le genre de films qui se retrouvera rapidement à 9,99 euros en magasin en DVD ou BD, dans la lignée des autres blockbusters pop-corn, bien gros et bien gras qui confondent surenchère et qualité et en font plus en croyant faire mieux. Nom d’un lézard.

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