Doryan

Doryan
  • Membre depuis le 09/05/2006
  • Nombre de critiques : 55
Publié le 26 février 2012
Le ressenti du conflit israélo-palestinien, relaté et échangé par une jeune juive française, Tal, habitant Jérusalem, et un jeune Palestinien de la bande de Gaza, Naim. Une bouteille à la mer lancée en 2007 au large de la côte israélienne emporte avec elle l’incompréhension adolescente de la jeune Tal, qui vient d’assister à un attentat à la bombe où a péri une jeune fille de son âge. Son message se veut minimaliste mais profondément humain : un désir de dialogue, une aspiration d’humanité, une quête de sens à trouver à un acte aussi dévastateur. Un espoir de compréhension, projeté au-delà d’un mur de silence et de verve idéologique. Entre les mains du jeune habitant de Gaza chez qui aboutit le message, ce message suscite initialement une animosité focalisé sur la juiverie synonyme pour lui d’oppression de son expéditrice. Au fil des échanges de mails et des mois, cependant, se noue lentement entre eux une relation où le point commun les unissant – la langue française, maitrisée par l’une et apprise par l’autre – sert de toile de fond à un progressif rapprochement mutuel et à la naissance fragile d’une estime commune, malmenée sans cesse par l’insécurité réciproque qui les oppresse, et tout près d’être définitivement flétrie lorsque survient l’opération Plomb Durci sur Gaza, fin 2008. Telle une fable allégorique, le film s’épargne décemment une prise de parti, il adopte plutôt un angle de vue où l’essentiel n’est pas de savoir qui veut la paix ou la guerre, mais simplement de décrire la semblance de deux jeunes confrontés à un avenir incertain et à un mutuel désir d’une vie apaisée. Le propos est ainsi dans l’enluminure, narrée avec élision, de ce qui peut rapprocher deux êtres idéologiquement opposés lorsque le dialogue transcende le conflit et la cause qui le motive. Un film touchant, très bien interprété par deux jeunes acteurs prometteurs, même si son développement est relativement conventionnel et participe d’un « politiquement correct » qui s’épargne la mise en exergue d’extrémismes dans l’un ou l’autre camp. Un film qui rappelle de manière pertinente que l’humanité des parties prenantes d’un conflit peut, aussi, si on le veut, prendre le pas sur ce qui les divise.

Publié le 23 janvier 2012
N’allez pas voir « L’amour dure trois ans » si vous en escomptez l’émission d’un avis informé sur la durée scientifiquement établie du sentiment amoureux. D’une part parce qu’il ressort finalement assez vite de l’ouvrage de Beigdeber que les dits 3 ans exposent davantage la prompte expression d’une frustration conséquente à un dépit amoureux, qui se plait à fustiger ce qu’il a perdu en désacralisant l’amour, que le produit d’une étude appuyée sur la question; d’autre part, parce que, comme nous le rappellent fort judicieusement les quelques auteurs inspirés que Beigdeber fait opportunément et fort humblement s’exprimer – sans aller jusqu’à donner la parole à un Marc Lévy ironiquement incendié cependant - , l’amour, plus compliqué qu’on ne croit décidément, se conjugue aussi selon des déclinaisons différentes allant de l’amour « amoureux » à l’amour fraternel ou parental, lequel, fort heureusement, ne retourne paraît-il pas en cendres au terme des 3 années fatidiques. Ouf, les petits sont rassurés. « L’amour dure trois ans » est avant tout une comédie franchouillarde qui, si elle ne révolutionnera assurément pas le genre de la comédie sentimentale s’adressant aux trentenaires Bridget-Jonesiens en quête d’un premier ou d’un nouvel élan de cœur, n’en demeure pas moins un agréable moyen de tuer une heure trente et des poussières et d’y apposer quelques sourires. Juxtaposition d’une romance idéalisée et d’une vie banale, ou bien enjolivement auto-biographique fanfaron, l’ensemble reste suave malgré tout et s’agrémente de quelques répliques acidulées et de l’un ou l’autre comique de situation, efficace à défaut d’être novateur. Beigdeber parle de lui-même en narcissique avoué et convaincu, et assaisonne cette mise en scène d’égo avec juste ce qu’il faut de pertinence pour ne pas prendre son personnage en dérision, et ce qu’il faut d’incorrection pour en faire un anti-héros réaliste, rejoint en cela par son alter égo féminin que ses scrupules de femme mariée n’étouffent à l’évidence pas (elle a une excuse : elle s’ennuie, parait-il). Si la trame de fond n’ôte ni ne rajoute rien à la tissure des comédies romantiques de ces 20 dernières années (il la voit – il la veut – il l’obtient – il n’assure pas – elle s’en va – il est triste – il la reconquiert – elle revient – ils sont heureux), cet amour à 3 ans - ou plus - remplit tout de même son contrat de divertissement à l’attention des céli-battants et des jeunes couples avides de se voir portraitisés sur fond de roucoulades ou de pop-corns. Au final, semble nous dire le film, l’amour rend heureux et se suffit à lui-même, et il vit dans son petit jardin égoïste, attisant les jalousies des vilains mal-aimés. Beigdeber nous dit donc en gros qu’il vaut mieux être heureux en aimant qu’en n’aimant pas. Avis aux amateurs. Ne resterait-il aux détracteurs de l’amour qu’à se morfondre en se croyant perspicaces à défaut d’être amoureux ou aimés ? Allez, on espère quand même que non.

Publié le 17 janvier 2012
Choquant, provocant, incisif, à la fois glacé mais au final terriblement humain… autant savoir à quoi s’attendre avant d’aller voir Shame. Dès l’entame, le film prend à la gorge en adoptant un ton volontairement cru et dépenaillé qui, à l’évidence, ne plaira pas à tous les publics. Brandon est un jeune trentenaire célibataire comme Big Apple en abrite sans doute des milliers : cadre efficace le jour, solitaire désœuvré le soir dans un appartement évidé de toute présence humaine, et où les appels de la sœur unique en mal d’affection fraternelle, résonnent comme le dernier écho indigent d’une vie sociale et familiale qu’une obsession pathologique pour le sexe a réduit à un néant déserté de tout sentiment. L’arrivée à son appartement de cette sœur, qui croit encore à la valeur des relations humaines et familiales, va inévitablement peser sur la vie de Brandon. Celui-ci sera déchiré entre son vœu de perpétuer son mode de vie individualiste et son désir, dernier germe de pudeur sans doute, de le dissimuler à sa sœur. Il y a plus d’un niveau de lecture dans Shame, et il n’y assurément pas lieu de s’arrêter à celui du visuel très cru adopté par McQueen, où les séquences de sexe épurées de toute émotion – à l’exception d’une et qui tourne en fiasco – sont le visage déshumanisé d’une conception hédoniste du sexe perçu uniquement comme instrument de plaisir immédiat et sans lendemain. Si le visuel est parfois proche d’un graphisme pornographique, le ton en est cependant bien éloigné : le réalisme cru de certaines scènes n’est que le pendant physique du vide angoissant de l’âme du protagoniste. L’acte physique mis en scène est conforme à celui qui l’exécute : il est rapide, déshumanisé, hermétique à tout désir d’engagement, et ne percevant l’amour que comme passion inutile n’amenant à terme qu’une vacuité inéluctable. Le sexe est montré tel qu’il est conçu : immédiat, brutal, simple produit de consommation qui ne perdure que le temps du plaisir qu’il procure. Ce qui n’est que suggéré, cependant, mais laissé habilement à l’imaginaire du spectateur, est le processus sociétal d’individualisme croissant qui en est la cause, paradoxe récurrent des grandes mégapoles modernes, qui produisent un isolement physique accru induisant une déshumanisation et un hédonisme stérile, où la seule consommation tient lieu de spiritualité et d’affect. Shame n’est pas un film d’un abord aisé, mais il mérite de se laisser voir en se laissant habiter de l’émotion particulière et du rythme narratif voulus par l’auteur. Le caractère humain du film réside précisément dans cette volonté de dépeindre la cohérence nue d’un personnage dont l'atypisme n'est cependant pas une vue de l’esprit. On n’en ressort pas indemne.

Publié le 31 juillet 2011
Une série B pour un dimanche après-midi, mais qui n'a guère la prétention ni les moyens d'être autre chose. Un peu à la manière d'ET, on a droit à l'histoire vue au travers des yeux des enfants. Sauf qu'ici, la soupe est encore un peu épaissie. Les enfants se voient affublés de réactions d'adultes, d'une maturité bien précoce et d'un opportun courage à toute épreuve. L'histoire en elle-même n'est rien d'autre que celle d'une grosse bêbête pas trop sympa qui se ballade dans la ville sans se faire remarquer de personne (sauf la nuit), jusqu'à la confrontation finale assez attendue. Laquelle finale ne nous épargne pas un cliché gros comme une soucoupe à ET, sauf qu'il se voit ici totalement dénué de pertinence puisque la bestiole en question n'avait franchement rien de bien sympathique. Bref, quelques sursauts, un peu d'Alien, un peu de "The thing", mais rien de vraiment original et novateur. La touche Spielberg confirme les signes d'essoufflement déjà clairement entrevus lors du dernier et calamiteux Indiana Jones.

Newsletter Cinebel

Suivez Cinebel