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Marc Uyttendaele
  • Membre depuis le 27/12/2006
  • Nombre de critiques : 13
Publié le 10 février 2007
Voilà un film dans l’air du temps qui raconte un autre temps… Un film plein de bons sentiments sur la tolérance, la multiculturalité, la compréhension de l’autre. C'’est un film sur cette France profonde à double teinte : celle des brutes sectaires, jadis proches de l’OAS et qui votent aujourd’hui Front national et celle des brutes au grand cœur capables, par les sentiments, de surmonter leurs préjugés et d’offrir à l’autre le meilleur d’eux-mêmes. Bref, c’est un film sur les années soixante qui parle de la France d’aujourd’hui. Un film fait pour faire pleurer les spectateurs et qui, pour l’essentiel, y arrive. Cette émotion est d’ailleurs accrue quand on apprend que c’est une histoire vraie, celle du scénariste, un fils d’algériens, placé par l’assistance publique dans une famille du Berry avant de… Je ne veux rien déflorer de la suite et de la fin. Je ne peux pas cacher cependant que l’entreprise se solde par un échec relatif. Le film de Gilou tient du téléfilm que l’on voit sans déplaisir dans le fond de son canapé après une journée de travail. Il y manque toute la magie du cinéma. Il y manque toute la finesse du décryptage des personnages. Le propos est convenu et la mise en scène plate. Bien sûr Nathalie Baye est formidable, comme toujours. Bien sûr, le petit garçon joue remarquablement et est plus qu’attendrissant. Depardieu, quant à lui, joue juste, mais il est plus Depardieu que jamais et cela lasse. Le réalisateur a été incapable de nourrir son personnage, d’expliquer, même en creux, le voyage qui est le sien et a préféré, par une sorte de coup de baguette magique transformer la brute un peu imbécile qu’il est au début du film en homme subitement devenu attendrissant. En fait, Gilou raconte une histoire grave et qui aurait pu être puissante, mais il l’a quelque peu trempée dans la guimauve et s’il émeut, il ne provoque finalement qu’une émotion de surface.

Publié le 4 février 2007
Tout intellectuel rêve de faire un film. Eric Emmanuel Schmitt, lui, a réalisé son rêve. On attendait quelque chose de rare de la part d’un homme qui a signé des romans de qualité, des pièces de théâtre originales et qui, de surcroît, a fait le choix, en l’aimant, de vivre dans notre pays. Le plus grand des paradoxes est que ce qui lui a manqué cruellement, c’est une plume, un scénariste capable de raconter une histoire qui captive avant de se voir mise en images. Le propos d’Odette Toutlemonde est plat et ressassé à l’envi. Il est court. Il est maigre. Il est banal. Ce n’est même pas un conte de fée pour adultes. C’est l’histoire de l’écrivain à succès parisien jusqu’au bout des ongles, qui retrouve sa vérité intérieure auprès d’une vendeuse de l’Inno à Charleroi. On peut faire de la magie avec une rencontre improbable, mais ici, c’est l’histoire qui est improbable… Si le réalisateur aime Bruxelles et filme avec amour quelques lieux convenus, il ne connaît pas Charleroi alors que c’est le centre de son propos. Lorsqu’il fait léviter, de manière ridicule, Catherine Frot au-dessus de cette ville, manifestement il l’accompagne et a oublié d’atterrir. Albert Dupontel passe à travers son rôle et Catherine Frot ne sauve pas le film. Finalement, les seuls à échapper au désastre sont deux jeunes acteurs belges qui jouent le rôle des enfants d’Odette et que Schmitt a délicieusement baptisé Sue Ellen et Rudi. Ils ne peuvent, cependant, sauver un film que l’on aurait aimé aimer…

Publié le 27 janvier 2007
Un jour, l’histoire d’un peuple bascule, à la suite d’une sortie de route, d’un rendez-vous manqué, d’un moment de folie. Un homme meurt et le destin collectif de toute une nation s’en trouve modifié. C’est cela que nous narre Estevez dans Bobby… Il raconte la mort du plus intéressant, du plus intègre des Kennedy à travers celle des autres, des anodins, des inconnus, de leurs vies, de leurs préoccupations, de leurs petits et grands soucis. Il narre des éclats de vie pour montrer que le collectif n’est jamais que l’addition des parcours singuliers. Il y a, dans ce film, comme un hommage conscient ou inconscient à Robert Altman, tout récemment décédé. Parce que les acteurs y sont magistralement dirigés et que des stars incontestées – Anthony Hopkins, Harry Belafonte, Martin Scheen, Demi Moore et d’autres encore – viennent y jouer avec pudeur et modestie de petits rôles auxquels ils donnent pourtant une rare plénitude. Parce qu’il s’agit d’un film choral où chaque personnage est individualisé tout à la fois dans sa grandeur, ses doutes et ses fragilités. Parce que c’est un film qui rêve un monde meilleur, qui croit en une Amérique de gauche, si loin de ce Monsieur Bush, de sa guerre en Irak, de sa religiosité nocive. Certains, j’en suis sûr, y verront un agglomérat de bons sentiments. Ils trouveront qu’il y avait dans le discours de Bob Kennedy que s’approprie Estevez une autre religiosité, un excès de bonté et assurément et de la naïveté. Mais cette naïveté était celle d’un homme qui était aux portes de la Maison Blanche, qui aurait arrêté immédiatement la guerre du Vietnam, qui aurait épargné à l’Amérique la présidence Nixon et qui sait quelques uns de ses avatars ultérieurs. C’est cela que nous dit Estevez et, en cela, son film n’est pas moins subversif dans l’Amérique d’aujourd’hui que ne le sont les pamphlets de Michael Moore. Bob Kennedy rêvait d’un autre monde, d’une autre Amérique mais un jour, l’histoire d’un peuple bascule, à la suite….

Publié le 6 janvier 2007
On est passé tout près d’un de ces vrais films qui font du cinéma ce qu’il est. Une histoire de policiers et de gangsters, un de ces duels qui captive le spectateur, le tient en haleine jusqu’au bout et où il se fond dans un spectacle qui sans doute ne s’enracine pas dans la mémoire mais qui, dans l’instant, le saisit tout entier. L’idée était originale et novatrice : un bon chez les méchants contre un méchant chez les bons. Il restait à bâtir l’architecture de la duperie et pendant longtemps Scorcese, grâce à un talent formel hors pair, y parvient magistralement. Le film est fluide, remarquablement filmé, brillamment interprété. Le spectateur est totalement « dedans », mais la dernière demi-heure et surtout le dernier quart d’heure donnent l’impression d’avoir été bâclés sur un coin de table. Il fallait finir le film, et bien finissons-le. Achevons les tous, personnages et spectateurs. Avec un scénario mal ficelé et un dénouement qui ressort plus de la fin d’une récréation dans une classe de primaire que de l’œuvre d’un auteur pourtant réputé à juste titre. En sortant, je me suis dit que pour Scorcese, il était loin « The Age of Innocence », son film le plus atypique et assurément le plus beau. A cause de cette fin, il ne restait plus qu’une déception, matinée de colère…

Publié le 27 décembre 2006
Un si beau film, tout en nuances et en finesse. Décidemment, Philippe LIORET sait si bien interpeller les brusqueries de la vie qui conduisent aux chemins de traverse ou aux dérapages plus ou moins contrôlés. Déjà dans Mademoiselle et dans l’Équipier, il avait exploré les soubresauts de l’âme humaine, les petits grains de sable qui cheminent dans la conscience et qui sont à l’origine de ses révolutions intimes qui rendent vivants même ceux qui se sont patiemment emprisonnés dans la toile de leur existence. Dans « Ne t’en fais pas, je vais bien », il continue son voyage dans le cœur des hommes et des femmes,, lesquels sont toujours beaux, même dans leurs errances les plus effrayantes. Il avait déjà donné à Sandrine Bonnaire deux de ses plus beaux rôles. Ici, il a accouché une actrice, Mélanie Laurent, qui palpite dans l’écran et qui nous est familière dès la première seconde. Merveilleusement entourée par un Kad Merad – très Laurent Fabius dans son apparence – qui campe un père, un père engoncé et tendre, vrai dans les tréfonds de sa sensibilité. Enfin, Julien Boisselier qui se ressemble tant mais dont le charme et la douceur retenue sont dans le film comme les cailloux du Petit Poucet, grâce auxquels on ne perd jamais tout à fait le chemin du bonheur. Avec Philippe Lioret, sa manière de filmer les gens, les lieux, de les montrer et les deviner tout à la fois, c’est un peu Claude Sautet qui survit….

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