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Marc Uyttendaele
  • Membre depuis le 27/12/2006
  • Nombre de critiques : 13
Publié le 27 décembre 2006
Un si beau film, tout en nuances et en finesse. Décidemment, Philippe LIORET sait si bien interpeller les brusqueries de la vie qui conduisent aux chemins de traverse ou aux dérapages plus ou moins contrôlés. Déjà dans Mademoiselle et dans l’Équipier, il avait exploré les soubresauts de l’âme humaine, les petits grains de sable qui cheminent dans la conscience et qui sont à l’origine de ses révolutions intimes qui rendent vivants même ceux qui se sont patiemment emprisonnés dans la toile de leur existence. Dans « Ne t’en fais pas, je vais bien », il continue son voyage dans le cœur des hommes et des femmes,, lesquels sont toujours beaux, même dans leurs errances les plus effrayantes. Il avait déjà donné à Sandrine Bonnaire deux de ses plus beaux rôles. Ici, il a accouché une actrice, Mélanie Laurent, qui palpite dans l’écran et qui nous est familière dès la première seconde. Merveilleusement entourée par un Kad Merad – très Laurent Fabius dans son apparence – qui campe un père, un père engoncé et tendre, vrai dans les tréfonds de sa sensibilité. Enfin, Julien Boisselier qui se ressemble tant mais dont le charme et la douceur retenue sont dans le film comme les cailloux du Petit Poucet, grâce auxquels on ne perd jamais tout à fait le chemin du bonheur. Avec Philippe Lioret, sa manière de filmer les gens, les lieux, de les montrer et les deviner tout à la fois, c’est un peu Claude Sautet qui survit….

Publié le 11 novembre 2003
Des sentiments, on en trouvera que dans le titre ou comment passer une heure et demi avec quatre êtres inintéressants dont la vacuité est filmée sous tous ses angles... avec comme seule 'originalité', une chorale qui fait envier le silence du désert. N'est pas Truffaut qui veut et la femme d'à côté est bien loin... Ici, il n'y a a ni sentiment, ni sensualité, rien que du toc. 'Les sentiments' sont au cinéma d'auteur ce que la chorale qui l'anime est à La Callas. Il ne restera que Nathalie Baye qui demeure brillante même dans le pire des scénarios et qui elle aussi, petite scripte de la Nuit américaine, doit se dire que Truffaut est bien loin. Malheureusement.

Publié le 11 novembre 2003
Un petit chef d'oeuvre d'émotion. Une ode à la vie à travers la mort qui vient...Quelques scènes d'anthologie et le rire qui fuse et qui très vite est rattrapé par des larmes irrépressibles. Denis Arcand est délicieusement anarchisant et rien ne résiste au scalpel de son ironie - la médecine publique, le syndicalisme, les intellectuels post soixante-huitard que nous sommes, les yuppies de la City, le clergé - et de son ludisme. rien, si ce n'est la richesse des êtres avec leurs lâchetés, leur tendresse, leur soif inassouvie de vivre toujours, de vivre pour vivre, de vivre pour aimer, de vivre pour se tromper et se tromper encore. Au bout du voyage, il reste le goût doux amer de l'inachevé et l'envie de tout recommencer... Qu'il bon que ce cinéma existe, il est acte de résistance, il est amour de la vie.

Publié le 11 novembre 2003
S'il est un mot qui vient à l'esprit à la sortie de Mystic River, c'est bien le souffle... Le spectateur a le souffle coupé. Il est resté rivé à son siège, happé par les images, par le propos, par l'angoisse. Mystic River est un film carrefour : au carrefour du thriller - parfaitement réussi - et du film militant... Sean Penn, Tim Robbins et Clint Eastwood avaient déjà chacun, de leur côté et en leur temps, hurlé contre cette Amérique qui, barbare, se glorifie d‘administrer encore la mort d'État. Ici, c'est la vengeance personnelle qui est, non sans subtilité, condamnée sans appel, et cela même si la justice des hommes est impuissante à la condamner. Mais il y a aussi, dans Mystic River, un regard désabusé et triste sur les écorchures de la vie, sur les blessures irréparables, sur le destin avec lequel on ne négocie pas. La dernière image est là pour le rappeler : ce n'est pas, me semble-t-il, comme certains l'ont cru, l'expression d'un propos ambigu, mais simplement la marque du désenchantement. Enfin, le film est une rencontre de trois acteurs d'exception. Comment ne pas être époustouflé par Tim Robbins qui tout à la fois fait peur et émeut, trouble et angoisse ? Comment aussi ne pas relever que Sean Penn a des allures de De Niro, mais, contrairement être dernier, en jouant juste, sans devoir être la caricature de lui-même ? En un comme en cent, Mystic River demeurera dans la mémoire, comme une empreinte forte et douloureuse.

Publié le 11 novembre 2003
Savoureux et émouvant, Good Bye Lenin est un film d'auteur, un film qui ne ressemble à aucun autre, un clin d'oeil grave à l'histoire. Une sorte de dissertation sur l'idée selon laquelle l'herbe est toujours plus verte ailleurs. C'est aussi une manière de rappeler aux cinéphiles le ton, la musique intérieure des films venus jadis des pays de l'est : les premiers Forman ou les Wajda. Une sorte de cinéma de résistance paradoxal qui, sans juger, décrit avec humour comment un monde bascule, comment ce qui fut le quotidien de millions de gens s'abolit si vite, en quelques semaines, en quelques jours, comme une trace sur le sable effacée par la mer. Les personnages centraux sont savoureux. Le fils qui, avec ses trucs et ficelles, construit un théâtre vivant pour faire croire à sa mère que rien n'a changé et elle, qui comme dans La Plaisanterie de Kundera, a aimé le communisme à défaut d'aimer suffisamment un homme... Puis, il y a cette scène où le héros, devenu adulte, se retrouve chez son père, à quelques kilomètres de chez lui, mais à l'Ouest, dans un autre monde, sur une autre planète, preuve s'il en est que le mur a eu beau tomber, il est resté là, dans l'âme, dans les conditions de vie, dans ce qui est le plus profond et le plus indéchiffrable

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