Comme souvent avec ce réalisateur, l'envie de revoir le film est grande... Tout d'abord, pour le seul plaisir des images -on pourrait parler de tableaux - et de l'atmosphère délicieusement onirique qui s'en dégage, sans oublier Wagner en contrepoint lancinant. Ensuite, parce que l'histoire - sous forme de diptyque- est portée par des acteurs inspirés, à la fois tout en retenue et intenses. Enfin, la construction en pulsation du scénario (tendu, puis relâché puis à nouveau tendu jusqu'au paroxysme) donne à vivre en symbiose une attente, celle de l'inéluctable fin, totalement dérisoire à l'échelle macrocosmique et pourtant si angoissante et tragique pour les individus que nous sommes. A travers la lente théâtralisation d'une mise à mort (la scène finale en est l'aboutissement ultime), Lars Von Trier touche dans ce film à la question essentielle du sens de la vie.