Doryan

Doryan
  • Membre depuis le 09/05/2006
  • Nombre de critiques : 55
Publié le 23 février 2015
Un mélange joyeusement burlesque et déjanté d’Austin Powers et de Bond, saupoudré d’une fine couche de Tarentino… « Kingsman services secrets » est une accrétion improbable mais finalement plutôt réussie d’ingrédients issus de styles assez éclectiques. Le style dominant est celui d’une comédie d’action ponctuée d’un humour « british » omniprésent. Certes, il y a de la violence et certaines scènes ne sont pas sans rappeler les « Kill Bill » de tonton Quentin, dont l’ombre a visiblement plané sur l’écriture du script. Mais au contraire de l’univers de ce dernier, la violence est non seulement moindre ici, mais baigné de surcroît dans une atmosphère de délirium burlesque quasi-permanent, qui contribue à en atténuer fortement la portée. La fameuse scène du massacre collectif dans l’église, qui a fait le plus parler d’elle dans les critiques, en est une parfaite illustration : on pourra lui reprocher sa longueur un peu trop étirée, mais le ton de sa violence visuelle est atténuée d’emblée par le scénario qui a pris soin au préalable de nous rendre les futures victimes aussi antipathiques que faire se peut, en les dépeignant comme d’horribles fanatiques religieux haineux de tout et de tout le monde. On en vient alors à regarder d’un œil mi-amusé mi-revanchard, et presque dénué d’empathie, le jeu de massacre auquel ils se livrent ensuite avec le concours involontaire d’un agent Kingsman. Le film ne se départit jamais de cette légèreté de ton qui tend à dédramatiser les scènes d’action tout en rendant jubilatoires certaines séquences, notamment dans sa conclusion. Avis donc à ceux qui ne seraient pas trop fans de Tarentino : on est loin ici de l’univers de violence-spectacle et de snuff-movie propres aux Pulp fiction et autres Kill Bill. Kingsman s’apparente davantage à un comique d’action, tout juste ponctué de quelques onces de trash qui ne dépareillent pas le ton burlesque de l’ensemble. Un bon moment de divertissement. A conseiller aux amateurs de films d’action.

Publié le 8 février 2015
Lorsque deux parents en instance de divorce se voient proposés chacun une opportunité professionnelle synonyme de départ à l’étranger pour une durée de plusieurs mois, ils tentent de faire échoir la garde de leurs 3 enfants pendant cette période à l’autre conjoint, lequel ne l’entend bien entendu pas de cette oreille. Etant donné que le choix est in fine réservé aux enfants par décision du juge des divorces, une lutte intestine commence alors entre eux, où la stratégie consiste à inspirer le maximum de dégoût à sa progéniture afin que celle-ci opte pour la garde de l’autre parent. Telles sont les bases d’un scénario qui ne manquait certes pas de potentiel pour servir un film comique de bonne facture. Encore eût-il fallu qu’il soit traité avec un peu plus de finesse pour éviter à la fois l’excès et le mauvais goût. A chaque nouvelle trouvaille élaborée par l’un des deux parents pour écœurer ses rejetons, l’autre se doit naturellement de répondre par une trouvaille de préférence un peu plus vache encore, histoire de garder le leadership du dégoût inspiré. Et c’est là que le film n’élude pas le piège d’une surenchère qui frise rapidement avec le grotesque. Entre la mère qui laisse tomber du yaourt sur son fils assoupi, joue l’incruste lourdingue à une soirée d’ados où sa fille de 13 ans est invitée, et le père qui invite celle-ci dans un bar à strip-tease ou bien mitraille ses gamins au paintball au point de les blesser, on en vient vite à ne plus trouver drôle cette escalade bouffonne qui perd rapidement pied et sombre dans un burlesque de mauvais goût. OK, c’est du second degré, objectera-t-on, mais tout de même. Il y avait sans doute matière à exploiter une bonne idée de départ pour produire un scénario moins greffé de cette lourdeur excessive qui l’avachit durant plus de trois quarts d’heure. Le comique est comme la musique, sa mesure a besoin de justesse pour faire mouche. En-deçà, il n’inspire rien, au-delà, il devient caricature. C’est hélas le cas ici.

Publié le 8 février 2015
Les frères Washowski, M. Night Shyamalan, même régression? Après des projets audacieux et novateurs qui ont marqué le cinéma des 15 dernières années, les auteurs respectifs de la trilogie Matrix et du « Sixième sens » paraissent avoir succombé identiquement à la même tentation facile du film-pop corn pour adolescents ; les premiers l’ont fait avec ce « Jupiter ascending », le second avec « Le dernier maître de l’air », sacrifiant chacun leur prolificité scénaristique et leur authenticité sur l’autel d’un cinéma facile et tape-à-l’œil, destiné à plaire au mieux à un public de préadolescents. Dès les premières minutes, on comprend que ce Jupiter nous emmènera finalement bien moins loin que ne l’avait encore fait le récent « Cloud Atlas » des mêmes auteurs. Si le nom de ceux-ci motive à voir le film, on déchante promptement devant le peu d’inventivité par rapport à ce qu’ils ont préalablement produit; le scénario ressemble à celui de d’un jeu vidéo à la « Warcraft », emprunte un peu au « Cinquième élément » pour son graphisme, et ne décolle globalement jamais du niveau d’une bande dessinée S-F, visant au mieux un public de 10-15 ans par un simplisme et un manichéisme souvent navrants. Envolée, l’inspiration et le lyrisme qui ont fait le charme novateur des Matrix. Ils font place ici à l’application d’une recette ultra-classique où il ne faut guère chercher d’innovation; le film nous sert un défilé incessant de scènes de poursuite et de combat tout droit sorties de jeux vidéos, entrecoupés ci et là d’effets mélo ultra-classiques et nunuches, le tout baignant dans une naïveté et un déjà-vu qui font vite regretter son choix si l’on était venu dans l’espoir d’apprécier la griffe des metteurs en scène. Rien dans ce navet de science-fiction rappelant même « Flash Gordon » dans sa bouffonnerie, n’est digne de ce qu’on était en droit d’attendre des créateurs de Matrix et de Cloud Atlas. Un film qui abuse sans vergogne en jouant sur l’attrait de leur nom et en se vendant comme leur nouvelle création. Les amateurs de jeux-vidéos pas trop exigeants risquent d’être les seuls à apprécier, ravis sans doute de retrouver un univers familier. Les autres bailleront d’ennui devant cette baudruche bruyante gonflée de vide et de kitch. Une navrante déception doublée d’une consternation de voir les Wachowski brothers tomber si bas. Inutile de le faire avec eux, épargnez-vous la chute.

Publié le 2 février 2015
Je ne sais si l'intervenant précédent a vu le même film que moi, mais j'ai simplement découvert pour ma part avec ce "Jacques a vu" le film le plus pitoyable de ces 10 dernières années. Pour une fois que le cinéma Belge s'essaie à l'humour et à un ton plus léger que celui notamment des frères Dardenne, le résultat est on ne peut plus affligeant. L'intention évidente était de se moquer de la religion et des apparitions virginales, mais c'est fait au moyen d'un humour tellement bête et lourdingue qu'il ne fait rire personne. C'est mal joué, mal mis en scène, mal scénarisé. Des gags enfantins qui mettent mal à l'aise à force de sombrer toujours plus bas. Une comédie qui se veut burlesque mais qui n'est que grotesque. C'est simplement affligeant et consternant de bétise. Nous étions 10 dans la salle au début de la projection, encore 6 après 30 minutes, et plus que 2 en finale. C'est bon que je me fixe comme principe de toujours regarder un film jusqu'au bout, sans quoi j'aurais imité mes compagnons d'infortune dans la désertion de ce navet désolant. Epargnez-vous cette daube nationale, le cinéma belge mérite mieux que le grotesque pour l'incarner. A fuir.

Publié le 19 janvier 2015
Je rejoins assez l’analyse ci-dessous; un film qui eut facilement pu être écourté de trois bons quarts d’heure. A force de jouer la répétition et la surenchère, la vision des sévices physiques et mentaux subis par le personnage aux mains d’un tortionnaire japonais sadique, finit par blaser ou écœurer au lieu de susciter une émotion réelle, que moins d’insistance aurait sans doute réussi à mieux engendrer. Angelina Jolie confond « bien » et « trop », et cela se ressent douloureusement, tant dans l’approche dramatique de son sujet que dans la durée superfétatoire de certaines scènes, notamment celle sur le canot pneumatique. Erreur probable de metteur en scène manquant d’expérience, que de chercher à en montrer plus pour tenter d’induire l’ambiance dramatique voulue, au lieu d’insuffler davantage de consistance et d’intensité au bon moment. Au bout d’un temps, l’attention décroche et l’empathie ne fonctionne plus autant. La redondance et l’insistance à rejouer sans cesse les mêmes scènes en changeant juste le sévice subi, finit par irriter. L’épopée de ce soldat ne manquait certes pas de potentiel dramatique, mais force est de constater que les choix de mise en scène ne lui rendent pas forcément honneur. A commencer par la longueur inutile, que l’absence de variété dans un récit somme toute linéaire ne rendait pas vraiment nécessaire. Le genre de film dont on est soulagé de voir arriver la fin alors qu’on eût aimé se laisser happer par lui.

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