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Cherchez Agathe : entretien avec Pascal Bonitzer
Publié le 5 septembre 2012 dans Cinéphiles
Dans son dernier film, "Cherchez Hortense", Pascal Bonitzer dirige sa
fille et filme la peinture des conséquences d’une
petite démission.
Le titre est une
réussite. “Cherchez
Hortense”
donne le sentiment au spectateur de savoir où il va mais ce
n’est pas du tout là qu’il arrive.
Je me suis rendu compte, après coup, que chaque personnage du film avait un secret. Il fallait que le film lui-même ait un secret et ce secret est dans le titre.
Les sans-papiers, le divorce, la relation père-fils, les puissances émergentes, la mid-life crisis, le communautarisme sexuel…; on a le sentiment d’assister un film choral de thèmes.
C’est une formule très heureuse. Effectivement, il n’y a pas l’unité d’un sujet, mais, de fait, une multiplicité de thèmes qui s’enchevêtrent. Il existe tout de même deux thèmes principaux. D’une part, la crise de la vie privée - un homme voit son équilibre familial s’effondrer - et d’autre part, la question socio-politique des sans-papiers. C’est aussi la peinture des conséquences d’une petite démission, ce service que le personnage de Bacri n’arrive pas à demander à son père engendre deux spirales : l’une comique et l’autre dramatique. Cette petite démission le rend proche de tout le monde. Tout un chacun peut se projeter en lui, ce n’est pas un héros. Ses tracas sont ceux de la plupart d’entre nous.
Il y a même un thème double, le rapport père-fils
C’est quelque chose que je connais bien, j’ai des parents et des enfants, une fille et un garçon qui sont assez faciles. Je connais des parents qui souffrent à cause d’énormes problèmes avec leurs enfants, j’ai cette chance de ne pas connaître cela.
Votre fille, nous la connaissons et vous la dirigez dans le film.
C’est déjà une comédienne professionnelle. Elle a joué des rôles beaucoup plus importants. Elle est d’ailleurs dans le prochain film d’Agnès Jaoui.
Eprouvez-vous une satisfaction professionnelle à la voir évoluer dans le cinéma ?
Non. Je ne l’ai pas formée du tout. Elle a suivi des cours, elle a fréquenté le conservatoire, la vocation lui est venue assez tôt. Elle avait joué, à 12 ans, la fille de Jean-Pierre Bacri dans "Les sentiments" de Noémie Lvovsky. Elle avait été choisie parmi 80 enfants, c’est qu’elle avait quelque chose. Par la suite, elle a voulu être comédienne. Comme père, c’était plutôt une inquiétude car ce métier peut vous apporter de grandes satisfactions si ça marche. Mais si ça ne marche pas, c’est une souffrance épouvantable. Il n’y a rien de pire que d’être comédien ou comédienne et de ne pas travailler. Pour l’instant, elle a plutôt de la chance, j’espère que cela va continuer. Et comme, il fallait une très jeune comédienne, j’ai pensé à elle tout de suite.
(...)
Il y a un souci d’élégance morale mais aussi cinématographique, ce qui est rarement une priorité dans les comédies.
Paris est un des personnages du film avec deux lieux principaux, le conseil d’Etat et la place Franz Liszt. C’est aussi la première fois que je tournais avec Romain Winding et pas en pellicule. Je crois qu’on perd toujours à ne pas tourner en pellicule mais on gagne en vitesse de travail et les scènes de nuit demandent beaucoup moins d’éclairage.
La scène de rupture surprend par sa brièveté.
C’est un des éléments autobiographiques du film, qui n’est pas du tout autobiographique, c’est une pure fiction. Mais pour aider les personnages à avoir une certaine authenticité, quelquefois, on utilise des éléments personnels. Certains viennent de moi et d’autres de ma coscénariste Agnès de Sacy. Ça sert à donner une réalité, une épaisseur, une singularité aux personnages, car tout ce qu’on vit est singulier.
Fernand Denis
Je me suis rendu compte, après coup, que chaque personnage du film avait un secret. Il fallait que le film lui-même ait un secret et ce secret est dans le titre.
Les sans-papiers, le divorce, la relation père-fils, les puissances émergentes, la mid-life crisis, le communautarisme sexuel…; on a le sentiment d’assister un film choral de thèmes.
C’est une formule très heureuse. Effectivement, il n’y a pas l’unité d’un sujet, mais, de fait, une multiplicité de thèmes qui s’enchevêtrent. Il existe tout de même deux thèmes principaux. D’une part, la crise de la vie privée - un homme voit son équilibre familial s’effondrer - et d’autre part, la question socio-politique des sans-papiers. C’est aussi la peinture des conséquences d’une petite démission, ce service que le personnage de Bacri n’arrive pas à demander à son père engendre deux spirales : l’une comique et l’autre dramatique. Cette petite démission le rend proche de tout le monde. Tout un chacun peut se projeter en lui, ce n’est pas un héros. Ses tracas sont ceux de la plupart d’entre nous.
Il y a même un thème double, le rapport père-fils
C’est quelque chose que je connais bien, j’ai des parents et des enfants, une fille et un garçon qui sont assez faciles. Je connais des parents qui souffrent à cause d’énormes problèmes avec leurs enfants, j’ai cette chance de ne pas connaître cela.
Votre fille, nous la connaissons et vous la dirigez dans le film.
C’est déjà une comédienne professionnelle. Elle a joué des rôles beaucoup plus importants. Elle est d’ailleurs dans le prochain film d’Agnès Jaoui.
Eprouvez-vous une satisfaction professionnelle à la voir évoluer dans le cinéma ?
Non. Je ne l’ai pas formée du tout. Elle a suivi des cours, elle a fréquenté le conservatoire, la vocation lui est venue assez tôt. Elle avait joué, à 12 ans, la fille de Jean-Pierre Bacri dans "Les sentiments" de Noémie Lvovsky. Elle avait été choisie parmi 80 enfants, c’est qu’elle avait quelque chose. Par la suite, elle a voulu être comédienne. Comme père, c’était plutôt une inquiétude car ce métier peut vous apporter de grandes satisfactions si ça marche. Mais si ça ne marche pas, c’est une souffrance épouvantable. Il n’y a rien de pire que d’être comédien ou comédienne et de ne pas travailler. Pour l’instant, elle a plutôt de la chance, j’espère que cela va continuer. Et comme, il fallait une très jeune comédienne, j’ai pensé à elle tout de suite.
(...)
Il y a un souci d’élégance morale mais aussi cinématographique, ce qui est rarement une priorité dans les comédies.
Paris est un des personnages du film avec deux lieux principaux, le conseil d’Etat et la place Franz Liszt. C’est aussi la première fois que je tournais avec Romain Winding et pas en pellicule. Je crois qu’on perd toujours à ne pas tourner en pellicule mais on gagne en vitesse de travail et les scènes de nuit demandent beaucoup moins d’éclairage.
La scène de rupture surprend par sa brièveté.
C’est un des éléments autobiographiques du film, qui n’est pas du tout autobiographique, c’est une pure fiction. Mais pour aider les personnages à avoir une certaine authenticité, quelquefois, on utilise des éléments personnels. Certains viennent de moi et d’autres de ma coscénariste Agnès de Sacy. Ça sert à donner une réalité, une épaisseur, une singularité aux personnages, car tout ce qu’on vit est singulier.
Fernand Denis