Diffus malaise à la sortie de séance qui suit mes pas rendus lourds et traînants par une réflexion laborieuse .... La bande annonce semblait exclusivement augurer d'un languide refrain adultérin entre ces deux âmes engoncées dans leur quotidien asphyxiant, romance d'ailleurs sublimée à l'écran par leurs regards pressants et étreintes impérieuses. Ne vous y trompez pas: Winslet et Wilson transpirent à souhait désirs et plaisirs coupables. Mais le récit tourmenté de leur ritournelle passionnelle se voit ponctuellement interrompu par le rappel d'un fait d'importance: l'arrivée dans le voisinage d'un pédophile récemment relaxé. Ce qui a pour fâcheuse conséquence de méchamment perturber la population dudit quartier mêmement que la linéarité attendue de l'intrigue. Avouons aussi que Field ne ménage pas son public en transformant le flic en bourreau fouailleur de conscience et le monstre conspué en touchant chéri de sa maman. Il fallait quand même oser affronter sous pareil angle le représentant de l'ordre à son martyr, en s'escrimant à faire pencher notre capital sympathie du côté du croque-mitaine, et ce à nos esprits pourtant défendants. Rares et furtives sont les séquences qui rappelent la perversité du malade, mais d'autant plus sinistrement redoutables. Cette astication devant la maison: quelle effroyabilité dans le regard et le monologue.... A souligner également le coup de génie de transformer cette paisible piscine en bassin marin envahi par un prédateur palmé, affolant foule et badauds dans une scène d'hystérie collective digne de Jaws! Par contre, les différentes tonalités de lecture précarisent dangereusement le suivi de l'ensemble, à l'instar de ces matches de football au comique outrancier, qui ôtent momantanément toute intensité dramatique au sentiment d'oppression qui nous guettait. Et là ou Sam Mendes (American Beauty) réussissait fabuleusement sa savoureuse satyre de la bourgeoisie ricaine en imbriquant situations et caractères de choix, Field s'échine a donner la même homogénéité à sa réalisation. Cependant, eu égard aux audaces d'une rare intelligence que se permet le scénario, mon avis s'est rapidement rallié en sa complète faveur et oublie volontiers les quelques cassures d'ambiance et autres sursauts dans le rythme. Conquise aussi que j'ai été aussi par la beauté moite et la torpeur lascive que suent magnifiquement ces deux amants aux abords de la piscine. Connelly est d'une froideur superbe qui en impose à en intimider jusque son mari. Quant à Aaron, le féru des services du Net, il sonne pathétiquement familier dans cette société où le sexe est une denrée communément consommable. Sans oublier un final qui perturbe et bouscule: je gage que même ses partisans ont du voir leur coeur se soulever au vu de la mutilation infligée? D'autant plus surprenante qu'on craignait l'acte de vengeance d'un dangereux dément, pas une tentative d'auto-rédemption d'un orphelin pétri de culpabilité. Juste regrettable que le manque de fluidité gâte légèrement la richesse du concept. Une leçon à retenir pour la prochaine fois...

Un émerveillement. C'est facile de créer une forte impression avec l'explosion d'une bombe. Ce l'est beaucoup moins avec la vie quotidienne de la banlieue. Pourtant, Todd Field et Tom Perrotta (auteur original de la nouvelle) y parviennent avec une puissance rare. Des rencontres toutes simples finissent par engendrer une tension humaine extraordinaire. La photographie et le montage sont remarquables (même si on peut discuter de l'utilisation de la voix off). Pratiquement tous les acteurs déploient un niveau exceptionnel. Winslet, regorgeant de sensibilité et d'hésitation, Connelly, à l'émotion retenue, Patrick, jeune père de famille à l'ingénuité frustrée, mais aussi les seconds rôles comme le poignant Jackie Earle Haley, Phyllis Somerville, ou Noah Emmerich. "Crash" était un film sur la méconnaissance des autres. "Little children" est un film sur la méconnaissance de soi-même. Dans les deux cas, c'est un choc.

Ce film est tout simplement extraordinaire , parfait!! Les acteurs sont geniaux et l'intrigue magnifique ! A VOIR ABSOLUMENT !!

Extraordinaire film ! De la catégorie de American beauty et Mystic river, c'est pas peu dire. Le scénario est très bon. C'est une histoire à tiroir qui traite de la vie en banlieue, de l'adultère, de la passion sexuelle...et de la pédophilie avec une sensibilité, un réalisme et une sobriété rare ! La réalisation est très bonne. Malgré de nombreuses voix-off, les attitudes des personnages, les regards, les gestes...tout est parfaitement décrit par le réalisateur. Le casting est formidable avec une Kate Winslet excellente comme d'habitude. Mais le reste du casting est tout aussi formidable. Je ne peux que conseiller ce film qui est un des meilleurs de l'année sans aucun doute !

Tout bon film, une totale réussite dans le genre. Avec son air de fausse candeur naïve, ce film nous donne une véritable leçon de philosophie existentielle. Poser un acte n'est pas toujours facile d'autant plus que l'acte le plus banal (ou le non-acte) peut entrainer des conséquences les plus inattendues et irrattrapables.Pas facile d'être une héroïne fusse-t-elle Emma Bovary ! Mais c'est vrai, madame Bovary n'a pas commis l'imprudence d'avoir un enfant.Tous les interprètes sont à leur place et Kate Winslet est, une fois de plus admirable dans toutes les facettes de son personnage - quel réalisateur osera une nouvelle rencontre entre Léonardo et Kate ? -