Je suis étonnée par les déceptions qu'a engendré auprès de quelques spectateurs cet opus époustouflant, car, étant une inconditionnelle de Zhang Yimou, je l'ai trouvé particulièrement réussi. Bien sûr, le sujet diffère de "Hero" et ressemble davantage à du Shakespeare de palais, avec des décors, des costumes et des scènes de bataille inouïs. Sujet sombre, politique, relativement éloigné de nous (intrigues machavéliques au nom du pouvoir et de l'ambition), plus intellectuel et philosophique qu'émotionnel et terre à terre, mais superbement peint et surtout joué à la pointe du couteau. Un grand moment de cinéma.

Je rejoins tout à fait l'avis de Charles Secondat: le dernier film de Zhang Yimou est une TRES grosse déception. Boursouflé, répétitif, artificiel, abusant des gros plans visage pour représenter les émotions des personnages, traduites essentiellement par des grimaces inspirées des peintures "grotesques" chinoises, cet objet filmique est du plus haut mauvais goût. Les scènes dans le Palais impérial revêtent une palette de couleurs constamment bariolée, clinquante et toc, à l'image du scénario basé sur une intrigue cruelle dont on ne ressent pas les douleurs, tant elle est dénuée de véritable profondeur. Quant aux scènes guerrières, elles sont représentées sans chorégraphie digne de ce nom qui leur confèreraient de la beauté, mais, par compensation, avec une démesure pesante. Même la scène d'ouverture n'est qu'un piètre pastiche de celle des Liaisons dangereuses de Frears, et la suite n'arrive pas à la cheville de Kurosawa. Je mets 2/10, car il ne faut quand même pas oublier le prétentieux et nullissime Da Vinci Code.

Zhang Yimo livre un spectacle hallucinant de qualités quant au jeu des acteurs, à l'histoire cornélienne qu'il relate avec une simplicité exemplaire, à des décors sompteux aux couleurs incroyables et à un crescendo dans la narration totalement maîtrisé. Si vous avez 2 heures à conacrer à voir un film excellent et découvrir autre chose qu'une gentille comédie française ou une distraction sucrée américaine, courrez-y ! Ce film offre une telle richesse, au figuré comme au propre, qu'il nourrit vos émotions pour plusieurs jours ou semaine.

Hamlet à Pékin. Zhang Yimou combine brillamment les codes de la tragédie classique avec ceux des films de sabre. Dans la première partie, on ne peut s'empêcher de se demander où nous emmènent ces intrigues de palais. Puis vient la seconde partie, apocalyptique, dantesque, point culminant à couper le souffle. J'ai beaucoup pensé au superbe "Hamlet" du trop rare Kenneth Branagh, au Kurosawa de "Kagemusha" et, bien sûr, aux deux films de ce qui ressemble désormais à une trilogie ("Hero" et "Poignards"). C'est très beau, très intense, très fort, remarquablement mis en musique et opératique (souvenez-vous: "Turandot" en Chine, c'était Yimou déjà) parfois un peu lent (dans la première moitié). Qui l'eût cru? je me suis même laissé bluffer per les CGIs (celles d'un finale démentiel), qui passent presque inaperçues. A voir pour qui aime ce genre de cinéma: moi, j'aime!

Après 300 et Apocalypto , est-ce la cerise sur le gateau ? Décidement il faut aujourd'hui utiliser au maximum les images de synthèse pour en mettre plein la vue ! Plein ? Non, trop, beaucoup trop... Cela en devient ridicule. On mélange une intrigue shakespearienne avec le kung fu, les combats délirants, le sang et quelques rappels encore du Pirate des Caraïbes (qui fait manifestement école pour plusieurs réalisateurs) : des hommes tombent du ciel accrochés à des filins dont on se demande où est l'ancrage et y remontent comme par magie... Donc pas un film réaliste, mais une fable délirante mettant en scène des milliers de soldats très à l'étroit dans la cité interdite. Ils sont presque aussi nombreux que toute l'armée de Xerxès et, comme dans 300 toujours, nous avons dcroit a une hécatombe en bonne et due forme; mais ici pas de monticule de cadavres. Une fois la tuerie finie, on balaie à toute vitesse le terrain et tout redevient comme avant... Miracle ! S'abstenir absolument. Cela ne vaut pas tripette.