Cinq minutes avant l'interview, la jeune comédienne britannique resplendit dans une robe bordeaux moulante en soie. Le temps de cligner des yeux et la voilà prête à répondre aux questions dans un petit ensemble crème tout aussi élégant. Et alors que la Croisette a été arrosée par la pluie toute la matinée, voilà qu'un soleil resplendissant fait son apparition en même temps qu'elle. Magique, on vous dit.

Et pourtant, son rôle dans The Bling Ring de Sofia Coppola est à des années lumière de celui d'Hermione dans Harry Potter. Elle y incarne une ado sexy, dingue de fringues et de sacs à la mode, qui dévalise avec quelques copines les villas de Paris Hilton, Orlando Bloom ou Rachel Bilson. Elle y pratique même le pool dancing. C'est dire... "Cette séquence ne dure qu'une dizaine de secondes, tempère-t-elle aussitôt. Elle ne réclame pas de préparation particulière. Il faut juste se lâcher, c'est tout."

Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce projet ?

C'est une histoire à la fois très actuelle et typique de notre époque. En prise sur la culture des adolescents, leurs obsessions par rapport à la mode. La combinaison de ces deux éléments fait que ce film parle vraiment de ce qui se passe maintenant. C'est assez incroyable. En ce sens, c'est un film politique. Mais aussi une réflexion sur la gloire et sur le sens de la vie privée, deux sujets qui me concernent dans ma vie de tout les jours. Voilà pourquoi j'ai trouvé ce script fascinant.

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Est-ce qu'une star peut encore avoir une vie privée aujourd'hui ?

C'est très difficile mais j'essaie de garder ma vie privée autant que possible, en fonction des circonstances. C'est très important. Cela me met d'ailleurs mal à l'aise que le monde soit au courant de ma vie. Je veux être connue pour mon travail. Mais avec Internet et Google, c'est très compliqué de protéger sa vie privée. Tout le monde peut voir où vous vivez, ce qui limite l'intimité. Mais c'est le monde dans lequel nous vivons. Internet permet l'accès à tant d'informations...

Vous utilisez les réseaux sociaux ?

C'est un bon moyen de communication. Je tweete assez souvent, je dois bien l'avouer. Mais je suis très prudente dans ce que je dis.

Est-ce qu'on vous appelle encore Hermione en rue ?

Oui, toujours. Cela ne me dérange pas. Vous savez, elle représente une tellement grande part de ma vie que je peux le comprendre. C'est plutôt amusant. 

C'est votre premier séjour à Cannes ?

Oui. C'est très joli. Ici, tout le monde parle sérieusement de cinéma. C'est super de se retrouver dans un endroit aussi hautement symbolique du 7e art.

Comment faites-vous pour rester les pieds sur terre ?

C'est difficile de répondre à ça. Mon père est vraiment super, mes amis aussi. J'ai essayé de mener une vie la plus normale possible, notamment en continue à aller à l'école. Je crois que cela aide énormément: on a pas le choix, il faut s'adapter aux autres et à son environnement. Je me sens tout à fait normale. Souvent, j'oublie la célébrité. Je sais que cela paraît stupide, mais parfois, j'ai envie de me balader au parc et j'oublie que je ferais mieux de ne pas sortir. C'est bête mais j'oublie tant je trouve ça étrange...

Le tout dit avec un sourire malicieux. Magique.

Entretien : Patrick Laurent, à Cannes