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Vu à Cannes : "Salvo" de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza

Publié le 16 mai 2013 dans Actu ciné

Film d'ouverture de la Semaine de la Critique, Salvo est le premier long métrage de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza. Il concoure à ce titre pour la Caméra d'or.

Galop d'essai qui n'est pas exempt de défauts – notamment le ressenti de la longueur pour un film qui ne pourtant qu'une raisonnable 1h40 – mais hautement prometteur.


Ne cachant pas leurs influences, les deux coréalisateurs lorgnent ouvertement du côté du Samouraï de Melville, heureuse coïncidence l'année où le Festival de Cannes a décidé d'honorer Alain Delon. Salvo est un tueur pour le compte de la mafia sicilienne. Un professionnel efficace et sans concession, que l'on découvre par des bribes de son corps : dos musclé, d'abord, regard intense dans le rétroviseur ensuite, puis en action, toujours de dos, dans une scène de fusillade où il règle leur compte à quatre assaillants de son patron. Remontant la trace de commanditaire, Salvo trouve dans la maison de celui-ci une jeune femme aveugle, Rita. Scène remarquable, tout en suggestion hors champs et sonore, où la jeune femme comprend très vite qu'un intrus s'est glissé dans sa demeure.


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Une heure durant, Fabio Grassadonia et Antonio Piazza tiennent leur sujet et leur parti pris d'un film basé essentiellement sur les corps, le son, la pénombre, jusqu'à un choc émotionnel qui fait surgir la lumière dans le destin de Rita. Double lumière, qui semble alors toucher l'exécuteur, lequel, forcément, bascule, dès lors qu'il sort de son implacable ligne de conduite. La suite se traîne un peu, alors que le lien qui s'est noué entre les deux protagonistes devrait guider la trame.


Comme Salvo, les deux auteurs semblent alors égarés, ne sachant trop que faire de Rita ou de leur anti-héros. Mais ils font montre d'un sens de la mise en scène, d'un art de l'économie, qui ne les empêche pas de composer des scènes ou des plans très beaux. Au diapason, Saleh Bakri (que l'on avait notamment apprécié dans Le Sel de la Mer) et Sara Serraiocco oeuvrent dans la simplicité efficace. Le premier, sorte de Schwarzy méditerranéen sec comme une trique, est d'un magnétisme total. La seconde ne se contente pas de jouer les victimes désemparées : elle confère à Rita une force vitale qui irrigue les scènes où elle apparaît.


Alain Lorfèvre, à Cannes


Réalisation et scénario : Fabio Grassadonia & Antonio Piazza. Avec : Saleh Bakri, Sara Serraiocco,... 1h43  

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