julos53
Jules Kebelem
- Membre depuis le 15/02/2007
- Nombre de critiques : 9
Publié le 12 février 2008
Cloverfield est le film le plus innovateur et le plus réussi de 2008 juqu'à présent. Si le propre d'un cinéma réussi est d'allier le fond à la forme, Clorverfield conjugue parfaitement son talent. Quel audace de production surtout. Imaginez le réalisateur présentant le projet au producteur. "On va faire un film catastrophe avec un monstre qui détruit New York, on va mettre le paquet sur les effets spéciaux, ville dévastée, immeubles explosés, chaos, foules en panique, décapitation de la statue de la liberté, des bons gros moyens pour en foutre plein l'image" Réponse du producteur : "oui et?"
- "on va filmer ça en DV style amateur"
La le producteur avale son cigare en pensant que tout le pognon qu'il est censé mettre dans le film va être vu sur une image crapuleuse filmée n'importe comment. C'est comme écouter du Mozart sur sa sono de salon avec AC DC dans son ipod. Sans jugement de valeur. Pour une fois la DV ne vient pas comme pis aller du 35mm pour faire un film fauché ou technologique. Pour une fois la DV devient acteur d'une narration propre, elle devient le vecteur limité de la perception individuelle. Il y aurait tant à dire sur la mise à l'honneur d'un média devenu quotidien dans ce 21ème siècle. Il n'y a qu'à voir toutes ces vidéos amateurs sur you tube (toutes pourries, toutes mal foutues mais parfois avec de véritables idées, un fait filmique valant pour son caractère original, drôle, chocant, intriguant). Cloverfield transcende le genre catastrophe/film de monstre en le bourrant dans une visée subjective d'une caméra DV filmée par un des protagonistes à qui on peu s'identifier l'ayant vu à l 'image grâce à une habile astuce de scénario. J'ai vu ce film sans rien savoir à son propos et je crois que c'était la meilleure attitude pour entrer dans ce film. J'ai d'abord vu le début d'une comédie romantique à l'américaine, on présente les personnages, l'un va partir au Japon pour bosser, on suit la fête de départ de celui-ci. On dessine les persos, on suggère les liens amoureux qui lient les personnages. Le film peut partir dans tous les sens. et quand il a basculé dans le film de genre, j'ai été surpris, complètement soufflé, accroché à ses images au shaker qui m'avaient au début un peu dérangés. Ensuite j'étais à fond dedans, avec les persos dans leur aventures à la ligne narrative très classique. On survit avec eux. Car ici nulle héroïsme guerrier, nul sauveur de l'humanité, nulle morale ou le Bien l'emporte sur le Mal. Non. On survit, comme monsieur Tout le monde à la guerre. On ne comprend pas ce qui arrive mais ça arrive. Et le film arrive à garder cette illusion si capitale dans le film fantastique, que cela arrive pour de vrai!! La radicalité de l'idée cimente la cohérence du projet. Comment critiquer des cadrages qui se justifient amplement par la raison d'exister du film ? Même si évidemment tout cela est travaillé et même exagéré pour faire comme si. Mais ceci est un jeu et ça joue bien. Toutes ces idées liées à l'utilisation du média, drops, enregistrement sur une bande déjà enregistrée, le night shot, le spot, le retour en arrière, l'autofocus qui s'afolle etc. Tous ces gadgets participent à la progression de l'histoire et construisent une grammaire cinématographique innovatrice.
Le film est lui même traité comme une archive historique sur les dernières heures de new york avant d'avoir été rasée. On nous montre donc une sorte de vidéo documentaire qui s'avère être une aventure humaine avec des personnages qui pourraient être nous. Le voisin devient témoin de l'histoire, voir de l'Histoire. C'est un peu la tendance actuelle où notamment grâce au/à cause du net, on prend pour plus crédible les témoigages des gens ayant réellement vécu l'événement de près que les commentaires soi disant officiels des médias et des politiques. Cloverfield met le doigt dessus. Amusante aussi cette façon qu'ont ces protagonistes contemporains à allumer la télé pour avoir des news sur ce qui en train de leur arriver. Plutôt que d'aller voir ce qu'il se passe soi-même. Si c'est dans la télé, c'est que c'est vrai. Enfin je pourrais écrire un roman sur ce film je crois, j'espère qu'il fera école, il le mérite. Comment faire encore un film catastrophe après Cloverfield ? Définitivement il y a un avant et un après Cloverfield. Je vous le conseille.
Publié le 5 mars 2002
Petites Misères est un film exceptionnel, bourré d'humour et pourvu d'une critique sociale acerbe mais d'une justesse fracassante. Aux côtés d'une Marie Trintignant de grande classe, on retrouve le cynisme de Dupontel et l'excellente fraîcheur de deux acteurs belges épatant, Bouli Lanners et Serge Larivière. Les deux réalisateurs malicieux n'hésitent pas à plonger dans un surréalisme guilleret tout en maintenant une chouette histoire non dépourvue d'intérêt. C'est un film belge, allez le voir !!!
Publié le 13 janvier 2002
S'il y a bien une personne sur terre qui a compris quelque chose au cinéma c'est bien Monsieur Lynch. Et il a tellement bien compris les possibilités du média qu'il les pousse à leurs derniers retranchements, sur l'extrême bord de leur potentiel pour en extraire un suc transcendant. Monsieur Lynch a tellement bien compris le cinéma et lui fait si bien l'amour que nous, on est un peu dépassé, on voit quelque chose qui ressemble aux profondeur de l'humain, a un orgasme abyssal, quelque chose de presque mystique qui fait guiliguili dans le ventre. Oui, les prechis prechas de nos sectes terre à terre peuvent bien aller repasser leurs toges et autres gris-gris, prières, chants et kalashnikovs, la métaphysique lynchéenne est bien plus séduisante. On en redemande. Comment ne pas être séduit? Je ne parle même pas des deux filles qui rayonnent avant tout par leur mise en scène (et certes aussi parce qu'elles ne sont pas aussi nunuches qu'on aurait pu le croire, waw la terrible scène de l'audition ! Ca frise le coma filmique!!!) mais par cette réalisation, ce scénario. Lynch ose filmer des gallets flous a plusieurs reprises en jouant avec le focus sans paraître ni ridicule, ni prétentieux. Il est très fort Monsieur Lynch, il va plus loin que tous car il se permet de jouer comme un gosse pernicieux avec des préceptes bien acquis de la logique narrative et humaine finalement (nous nageons en pleine phénoménologie!!!) Oui car tout récit se définit par une chronologie, des personnages, une action, (je schématise) mais quand le temps devient un morceau de plasticine que l'on malaxe, à l'aise en fumant une clope, que les pesonnages se valent l'un l'autre, s'interchangent à la hop la boum nos petits repères pépères sont bien pervertis. Pourtant là sont les mamelles du cinéma, Lynch joue avec, les retourne et les mets sur les fesses, il les peint en rose et y enfuit la tête. Et no vl'a sul cul! Mais on reste bien assis malgré tout car c'est gai car rien n'est gratuit. Les liens de ces incongruités sont sentis et non compris. Le cinéma est quand même le seul art qui se rapproche le plus du rêve pur (condensation, déplacement etc.) Pour une fois j'ai envie de citer Philippe Reynaert qui a dit quelque chose d'assez juste à mon sens : 'Il ne faut pas essayer de comprendre l'histoire de Lynch car Lynch film le désir d'une histoire(...) afin de traquer l'invisible'. C'est assez bien dit et correspond fort bien à MD. Pourtant même si le film commence superbment en enchaînant les scènes dans un silence hypnotique très fort, il se fait attendre. Lynch nous emmène dans un Blue velvet où tout semble se tenir assez bien et on se dit'Waw quelle bête je fais, je comprends tout'. je commençait à être en manque de bizarrerie, alors il va s'ouvrir ce film vers cet au delà Twin peaksien, vers le super bizarre. Mais tout reste fort calme même si Lynch parvient,comme personne d'autre, à rendre une bête scène de bar en quelque chose d'hyper stressant, une réunion de production en un conflit abstrait irrationnel et terriblement angoissant, fébril, il se répand en préliminaires mais s'abstient de faire vibrer son film. Certes mais on veut plus, on attend, on désire. Et à y réfléchir c'est pas si mal... Puis, Lynch envoie la dose d'un coup, comme une plongée brutale, uen injection d'étalon, une pénétration rageuse dans son sublime monde malade. Lynch chamboule et envoie paître les petits malins du début (moi) il explose son écran de façon presqu'insupportable. Nos neurostransmetteurs fument et crépitent. On a le tourni, l'écran est collé sur notre visage, n s'enroule dans la toile de l'écran et... soudain, dans cet état de douleur et de plaisir un mot résonne 'silencio' écran noir. Pouf. Non!!! Fin. Seul, avec un regard de zombie, les yeux mouillés d'émotions, avec l'envie de crier au projectionniste 'Encore par pitié!'. J'y étais bien comme dans un bain chaud quand il pleut. Sale petit Pédé de Lynch, il sait s'y prendre avec dame cinoche...
Publié le 17 juin 2001
Ridicule, pathétique, scandaleux, j'hésite dans les mots. Oké c'est pas une excuse de dire que ma copine m'y a trainé. Mais bon. Je me dis que je m'étais dit la même chose pour Titanic que je n'avais pas trouvé pas si mal. Ici je me disais, c'est la même chose. Une romance plaquée sur un événement historique attendu. (On sait que Pearl Harbor va être attaqué comme on savait que le gros bateau luxieux allait couler) Donc on prend son mal en patience et on attend le spectacle... (ici bruit de frottage de mains) C'est parti pour un petit montage alterné romance-action (un peu pour les femmes, un peu pour les hommes). Première constatation ; on est sidéré par l'extraordinaire naturel qu'à Ben Affleck pour afficher une terrible gueule de con de derrière les fagots qu'on en vient à se demander si c'est pas sa tête naturelle. Quand il part combattre en Europe, le film devient pas mal. On voit le gros bordel chaotique de la RAF qui bricole ses avions et part à la chasse aux bosches avec un flegme bien atavique. Là, on a droit a du Top Gun de très bonne qualité sauf que les avions ont des hélices et que c'est encore mieux filmé. Cool du bon spectacle où les montagnes de pognons de la prod s'affichent gaiement à l'écran. Dans l'attaque le bènêt d'Affelck se fait chopper et tombe dans la mer. Pendant ce temps son pote d'enfance en tentant de consoler la copine de son pote en tombe amoureux. Zut alors. A peine la belle (franchement bof, pas mon style) craque-t-elle pour le Trip de Virgin Suicide que, coucou, revoila la tête de fion Vandamminenne de base qui a survécu à son plongeon dans la manche. Merde son copain a piqué sa copine. Ouf après un petit cassage de gueule, on ne s'appesanti pas car quelques plans nous ont présenté la préparation de l'attaque japonaise (rebruit de frottage de mains). Et là, waw, on voit que l'esthétique pure et stylé des japs n'a rien a envié au grand guignol alowa onanique de la marine US. L'attaque a lieu et elle commence chouette avec ces avions (que ces incompétents de maîtres du monde ne sont même pas capables de voir alors qu'il y a en a trois cent!) qui volent à raz de sol tout doucement, belle image. L'attaque est aussi bien filmée, ça pète partout, ça explose, ça gicle. On fait son petit quota de représentation ethnique avec un petit passage de Cuba Gooding jr. à qui on a permis de garder le costume des Sentiers de la gloire. Les deux ex-potes font les héros en réussissant péniblement à descendre trois zéros chacun. Wouaw!! Bon, si le film s'arrête là,on se dit oké, bon spectacle un peu con. Mais non !! Qu'est-ce qui se passe, un autre film commence narrant péniblement la petite revancheke des américains juste après l'attaque. Une mission suicide sans intérêt pour bombarder les fabriques d'armes japonaises avec quelques vieux B52 crapahutant armés de manche à balais peints en noir pour faire croire que c'est des vraies mitraillettes (je vous le jure). C'est là qu'un des deux crève dans les rizières. Ca ressemble à rien. Ca n'a aucun intérêt et ça ne sauve rien de l'honneur. C'est lourd, long, chiant, ridicule. On essaye de vanter le courage US mais tout ce qu'on voit ce sont des inconscients sucicidaires qui jouent comme des gamins au oeil pour oeil dent pour dent tellement qu'ils ont été humiliés. Tiens prend ça dans ta gueule... Le film s'échoue dans une fin moralisatrice avec voix off. On se dit qu'on va condamner l'horreur de la guerre, de la violence, des conflits mais non, c'est pour vanter la bravoure de l'amérique qui grâce à cette attaque est entrée en guerre et est par la suite devenue maître du monde. Pas une remise en question de la violence. Pas un aveux de faiblesse, pas un questionnement. Ridicule. Qu'on arrête de faire des films sur la guerre si c'est pour tenir de tels discours impérialistes et démagogiques. Quant à la romance, elle est tellement guimauve attendue et surlignée à souhait qu'elle contribue à créer l'écoeurement incommensurable de cette fin de projection. Ne pas trop manger avant de rentrer dans la salle.
Publié le 17 juin 2001
b Moretti /b a beaucoup de talent. Le premier est celui d'avoir fait d'une thématique pour téléfilm d'écran témoin du lundi, un réel bijou de mise en scène, de réalisation, de montage, de musique, de jeu d'acteurs... p Moretti maîtrise son sujet, il sait ce qu'il veut montrer et le fait avec habileté, traquant l'émotion non de front comme le ferait un mélodrame bien tearstrekker mais dans les interstices, dans les petits détails, les petites choses qui glissent sur les plans. Ces détails qui font toute la douleur que le cinéaste italien réussit a représenter. Ce bruit de la visseuse du cercueil qui se prolonge sur l'image de la mère seule dans le fauteuil produit par exemple un moment intense où l'on voit que Nanni a tout compris au cinéma. Lui-même joue le père, et, d'un naturel froid et introverti, il arrive à se filmer de manière à montrer tout l'intérieur de son personnage taraudé par la culpabilité et l'incompréhension que relayent les patients de son cabinet de psy. Le film est lent mais son rythme est celui de sa narration et l'épouse parfaitement. p Moretti cherche un échapatoire, en profite pour donner un bon coup de pied dans le cul de la religion en mettant dans la bouche du curé une phrase horrible d'inanité : i 'si le propriétaire savait quand le voleur viendrait, il ne se ferait pas cambrioler' /i . Moretti termine bien son film dans une scène un peu absurde de rédemption, d'apprentissage du deuil tout en sobriété. Le sens sourd doucement pour chaque spectateur sans se montrer, le réel filmé déteind de l'écran et touche loin. Le morceau très bien choisi de b Brian Eno /b vient tout de même assener un coup final sans appel aux fervents adeptes de l'oeil sec.