Film polonais réalisé par Pawe? Pawlikowski, Ida (Agata Trzebuchowska) raconte comment une jeune orpheline, appelée prochainement à prononcer ses voeux dans un couvent, est conviée au préalable à rencontrer sa tante Wanda (Agata Kulesza) restée jusqu'à ce moment sourde aux lettres de sa nièce. Cette relation difficile et cette 'plongée' intense dans la société seront l'occasion pour elle d'éclaircir les zones d'ombre qui planent sur la disparition de ses parents et sa famille, mais aussi de mettre en balance son cheminement personnel, bouleversé au gré des rencontres et des évènements qu'elle sera amenée à vivre. Tourné en noir et blanc, le film évoque la Pologne des années soixante à travers des plans qui présentent des qualités esthétiques remarquables. Si le fil conducteur suscite l'interrogation et la volonté de comprendre, le rythme est néanmoins assez difficile à tenir puisque volontairement lent, ce que la rareté des dialogues contribue à accentuer : l'introspection est omniprésente, l'impact du passé sur le présent et les actes posés, ainsi que son influence sur la destinée de tout un chacun font partie des thèmes abordés dans ce film, décidément particulier.

Enough Said (ou All About Albert), de Nicole Holofcener est une oeuvre sensible, faussement légère qui aborde le prisme des subtilités, nombreuses, qui nourrissent la rencontre et la relation amoureuse et qui influencent son évolution. Traité tout en finesse et en simplicité, servi par des acteurs attachants - le duo Julia Louis/Dreyfus et James Gandolfini est parfaitement crédible et totalement en phase avec le récit- le film touche à un sujet certes fort souvent abordé mais rarement sous cette qualité : la mièvrerie gratuite et les dialogues superflus sont avec bonheur largement évités au profit d'un point de vue de proximité, pudique et confidentiel à la fois, saupoudré d'humour. Profond et émouvant.

Drame réalisé par Jean-Marc Vallée, The Dallas Buyers club est basé sur l'histoire vraie de Ron Woodroof, électricien dans la banlieue de Dallas et cow-boy à ses heures perdues, dont la vie bascule lorsqu'on lui annonce en 1985, qu'il est porteur du virus du sida et que ses jours sont comptés. S'en suit alors une quête intense pour modifier le cours de son destin, émaillée de profonds questionnements et de rencontres décisives. Intense, marquant, bien construit, le film est ponctué de moments forts, drôles aussi, il prend aux tripes et suscite la réflexion sur une foule de thématiques. Les acteurs, magistraux, y sont pour quelque chose : Jared Leto est méconnaissable et Matthew McConaughey tient ici sans aucun doute l'un des rôles les plus forts de sa carrière : la transformation physique pour son interprétation est impressionnante et son investissement est total. Bluffant.

Lulu femme nue est le portrait d'une femme mariée et mère de famille qui, à la suite d'un énième revers -en l’occurrence ici professionnel-, décide de prendre une pause bien méritée pour s'éloigner de sa vie à Angers et se recentrer sur ses envies. Adapté de la bande dessinée d'Étienne Davodeau, le sujet est intéressant mais le film réalisé par Sólveig Anspach présente, malgré quelques passages assez beaux, un défaut de rythme manifeste et souffre de la présence de figures peu fouillées, voire agaçantes et qui laissent planer le doute quant à la qualité des dialogues. Karin Viard, dans le rôle de Lulu, est investie mais son rôle est encombré de quelques scènes relativement peu pertinentes voire peu intéressantes par rapport au déroulement du récit, qui prend forme trop tard. On notera surtout la prestation de Claude Gensac, qui redonne un peu de vie à la seconde partie du film.

The Wolf of Wall Street retrace l'ascension fulgurante de l'américain Jordan Belfort, courtier en bourse qui décide de monter sa propre boîte dans les années 80, après des débuts compliqués. Persévérant, persuasif, pernicieux, il ne tardera pas à connaître la gloire et la grande vie mais subira aussi inévitablement les revers de ses exactions. Martin Scorsese présente ici une foule de personnages loufoques, parfois drôlissimes (la scène du restaurant où intervient Matthew McConaughey est mémorable) le rôle titre étant interprété par un Di Caprio magistral qui confirme définitivement son talent, secondé par un Jonah Hill fabuleux. Les répliques sont cinglantes, les scènes souvent provocatrices mais très à propos : il s'agit là d'un film critique, acerbe, judicieusement construit sur le milieu foisonnant et trouble des affaires.