Mandaoui

Mandaroui
  • Membre depuis le 06/01/2017
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Publié le 6 janvier 2017
"Neruda" nous est conté par un flic, celui-là même qui, à travers le Chili, pourchasse Pablo Neruda, poète libertaire & communiste, recherché par le régime. L'homme que son œil suit (la caméra, nous) est montré vieillissant, un Pablo au corps obèse et flasque, décadent. Et pour ce regard de voyeur : un peu méprisable. Mais il gêne. Il gêne parce qu'il est communiste et il gêne surtout parce qu'il incarne la liberté et le lyrisme de la vie même. Maître de la langue espagnole, et de tout ce qui est dit dans cette langue telle que parlée là-bas, il tutoie le travesti comme le président et semble les créer en même temps qu'il les nomme : c'est "Neruda". En capturant Pablo, c'est ce dernier qu'il faut abattre. Sa poésie est comme un soleil ; elle inspire l'admiration et l'amour, tous veulent l'entendre et être chantés par elle. Tous, même le flic (il est le contraire physique de Pablo, beau, jeune, "sec" et son contraire moral : médiocre, conventionnel comme un flic de roman, dur) le flic qui le déteste et qui le cherche, semble en quête d'autre chose. Quête du père, quête d'une reconnaissance? On le devine. Mais qu'importe finalement pour nous qui regardons, si ce n'est pour ceci où chacun se retrouvera sans doute : sortir de la médiocrité d'une existence vouée à l'oubli, sortir de l'anonymat et du prosaïsme, mourir à tout cela pour renaître par un regard et un appel du maître qui en dira la poésie et la fraternité qui nous lient à lui. Un film complexe, où chaque personnage secondaire cherche ce regard et semble exister par lui. Avec comme artefact, la voix off du flic qui oscille entre condamnation et poésie ; elle se surimpose aux images, très belles, comme fantasmées, d'un Chili des années 40-50.
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