Joysurfer
Joysurfer
- Membre depuis le 01/10/2014
- Nombre de critiques : 40
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Publié le 11 juillet 2017
Il y a longtemps que je n'avais plus écrit d'avis et il a donc fallu un film qui en vaille le coup, tant du point de vue de l'oeuvre en soi, que de la division qu'il suscite entre les spectateurs pour que je reprenne la plume. Enfin le clavier... Disons-le d'emblée, It Comes at night n'est pas pour tout le monde. Si vous aimez les films dans lesquels tout est bien expliqué clairement, avec des personnages très tranchés (c'est lui le bon, c'est lui le méchant) ou avec des déluges d'effets spéciaux, allez plutôt voir le dernier Transformers. Si vous vous attendez à un enième "scary movie" où une bande de jeunes se fait décimer par un tueur en série mystérieux dans un vieux manoir retranché sur une île déserte sans réseau téléphonique, vous risquez d'être déboussolé. Par contre, si vous appréciez les thrillers d'épouvante en huis-clos, aux moyens minimalistes, qui placent à l'avant-plan la suggestion, les liens entre les personnages, les réactions d'individus a priori normaux mais placés dans des situations qui le sont nettement moins, et que vous n'êtes pas contre la fait de faire travailler votre imagination, It Comes at night est une vraie réussite. Dans un contexte post-apocalyptique qu'on imagine être la propagation d'un virus qui tue l'ensemble de la population, une famille retranchée au fond des bois, pour se protéger, finit par en accueillir une autre, qui tente tout comme elle de survivre dans ce contexte horrifique. De nouvelles relations se noueront mais la méfiance demeurera, dans une ambiance claustrophobique et paranoïaque, appuyée par une bande-son totalement adéquate et un jeu d'acteurs au taquet. En outre, le spectateur avisé y décelera une allégorie très contemporaine de la peur de l'autre, bien tapée en ces temps troublés de repli sur soi. Mais point de jugement hâtif ou de manichéisme ici : les personnages témoignent bien, à des degrés divers, d'un vrai reste d'humanité et d'empathie envers leurs semblables, même si ces qualités sont mises à mal par l'instinct de survie et de protection des siens, puisque l'autre peut représenter une menace de tous les instants. On appréciera aussi le discret clin d'oeil moderne dans le choix de mettre en scène un duo père-fils a priori atypique : un pater familias protecteur de type "white redneck" et son fils afro-américain aux airs bien plus progressistes. Une allusion discrète à nouveau bienvenue au sein d'une Amérique plus que jamais divisée ? Comme annoncé en préambule, le film a largement divisé ses spectateurs en deux camps : les critiques cinéma, les cinéphiles et les amateurs de films d'épouvante suggestifs d'un côté, et les spectateurs lambda ou qui s'attendaient à un slasher movie à pop corn de l'autre. Les premiers ont beaucoup aimé, les second vraiment moins. Par exemple, sur Rotten Tomatoes, 88% des "critiques ciné" ont coté favorablement le film, contre 44% des "spectateurs lambda". Dans la presse française, 14 journalistes ciné sur 22 ont mis au moins 4 étoiles sur 5 au film, et 7 lui ont mis 3 étoiles. A vous de voir à quel groupe vous appartenez... Je terminerai en épinglant des avis des deux groupes. Un internaute y a vu "un navet" parce qu'il ne comprenait pas de quoi "on doit avoir peur" ni "de quel côté se placer". Hugues Dayez, quant à lui, pense qu'avec It comes at night, "le thriller fantastique semble retrouver une forme olympique grâce à une nouvelle génération d’auteurs dans le cinéma américain indépendant, qui revient aux fondamentaux du genre". Tout est dit...
Publié le 9 février 2016
Sans complaisance, Bahrani revient sur la crise américaine des subprimes et démontre comment certains se sont enrichis alors que d'autres buvaient la tasse. Là où McKay explorait les spéculateurs financiers ayant eu le nez fin dans The Big Short, Bahrani s'intéresse aux agents immobiliers sans scrupules qui ont racheté des dizaines de maison pour une croûte de pain, lorsque les propriétaires endettés ne savaient plus payer les remboursements, le taux variable des intérêts étant devenu exorbitant. Parallèlement à la description du mécanisme des foreclosures, procédures d'éviction assez musclées, opérées de concert avec les banques et le bureau su sherif (certaines scènes sont assez atterrantes), on plonge dans la psychologie de deux personnages complexes et dans l'étrange relation qu'ils vont nouer. Dennis (Andrew Garfield), jeune père célibataire vivant avec sa mère, est expulsé manu militari alors que la procédure d'appel est toujours en cours. Pour racheter la maison familiale, il conclut un pacte avec le diable, Rick Carver (Michaël Shannon), l'agent immobilier responsable de son éviction, et commence à travailler pour lui. La fin justifie-t-elle les moyens ? C'est ce que va découvrir Dennis, à qui Carver va tenter de vendre son anti-rêve américain, justifié selon lui, par le fait qu'aux Etats-Unis, c'est la règle du chacun pour soi. Alors autant en profiter et avoir sa grosse part du gâteau, les expulsés ayant eux-même contribué à leur propre sort, en voulant s'offrir un part de l'american dream à n'importe quelle condition. Shannon est impeccable et Garfield n'a jamais été aussi bon. On sort du film dérangé, preuve qu'il y a eu un traitement habile du sujet, sans que l'aspect émotionnel, bien présent, ne soit sacrifié sur l'autel de la pédagogie. Fort !
Publié le 6 février 2016
Décidément, je ne dois pas être fan d'Inarratu... Alors que nombre de professionnels, de journalistes et d'adeptes de cinéma le portent aux nues, je reste dubitatif... Birdman avait fini par m'énerver et The Revenant a fini par... m'ennuyer. Certes, je reconnais objectivement le talent de réalisateur du type, une empreinte personnelle, une originalité et une effervescence dans la mise en scène. Mais subjectivement, Inarratu ne me touche pas. Alors oui, l'histoire de ce western de survie et de vengeance est intéressante, les paysages sont grandioses, il y a Di Caprio et Tom Hardy, et on grelotte avec eux tout au long de cette immersion en terre sauvage et glaciale. Lumière naturelle, mise en situation des acteurs, cadre des Rockies, l'ensemble nous plonge dans l'eau glacée des rivières, des forets battues par les vents et des étendues balayées par les tempêtes de neige. La forme, une fois de plus, est réussie. Mais après avoir vu Léo ramper dans la neige une vingtaine de fois, pétri de circonvolutions de douleur tout autant et s'être réchauffé autour d'une dizaine de feux de camp, j'ai fini par me lasser et avoir envie que sa vendetta se termine enfin. Il est d'ailleurs singulier de constater que le rôle qui lui apportera sans doute un oscar qu'il mérite depuis longtemps n'est pas son rôle le plus marquant. Il y a bel et bien la prouesse physique d'un acteur qui donne tout, qui vit l'expérience à fond, d'un tournage rude, et ça l'Academy aime beaucoup. Et oui, il joue bien... Mais c'est aussi un rôle taiseux, tout en grimaces de douleurs et en yeux injectés de vengeance. Expressions qui peuvent également finir par lasser... Inarratu nous refait utilement le coup des plans séquences déjà utilisés à profusion dans Birdman et ça fonctionne redoutablement bien dans les scènes de bataille. Mais il devra trouver autre chose à l'avenir s'il ne veut pas un jour devenir une caricature de lui-même ou frôler l'exercice de style. On reconnaît déjà trop son astuce consistant à filmer quelques secondes le ciel (aperçu à travers le sommet des gratte-ciel dans Birdman, et au milieu de la cîme des arbres dans The Revenant) pour faire comprendre au spectateur qu'une nuit passe, sans pour autant couper le plan séquence. Les tics cinématographiques commencent déjà. Et au final, à quelques trop rares exceptions près, Inarratu échoue, en ce qui me concerne, à atteindre le principal : me faire passer des émotions. Un virtuose de l'objectif certes, mais qui peine encore à toucher au-delà de la forme.
Publié le 29 janvier 2016
Fan de Rocky, le réalisateur Ryan Coogler lui rend un hommage moderne et rythmé, empli de fraîcheur. Il s'agit donc ici de bien plus qu'un sequel purement commercial ou d'un spin-off destiné à faire des recettes. Le jeune prodige fougueux de la boxe rencontre l'ancien champion, plus cabossé et solitaire que jamais. L'alchimie opère, la relation mentor-disciple, avec en filigrane celle fils-père de substitution, est touchante et délivre quelques beaux moments d'émotion, alternés avec un humour bienvenu. On aime ces personnages attachants mais également les acteurs qui les incarnent : Stallone est juste (un Golden Globe dans la poche, bientôt un Oscar ?) et Michael B.Jordan, débordant d'énergie et de sensibilité contenue, confirme qu'il est la relève des Denzel Washington et consorts. Quant au scène de boxe, impressionnantes et nerveuses, c'est le spectateur qui se prend les uppercuts en pleine poire. Du vrai bon cinéma, populaire et réjouissant, on attend le prochain round avec impatience...
Publié le 29 janvier 2016
Un pale copié-collé du tout premier épisode. On prend quasi les mêmes et on recommence, on refresh, et on délivre une mouture 2.0, beaucoup plus fadasse. Le but : convertir une nouvelle génération d'afficionados parmi les novices, principalement les plus jeunes. Les fans, eux, resteront sur leur faim. De bons effets spéciaux, de l'action, oui... mais où est passé tout le sel de la première trilogie ? Mis à part l'amusant BB8, les nouveaux personnages sont plutôt insipides : Finn lâche bien quelques blagounettes mais passe du coup pour le bouffon de service, la rebelle Rey sort perdante de la comparaison avec Furiosa (Mad Max Fury Road) et Poe ne sert à rien ( ou comment gâcher Oscar Isaac). Mais le pire vient du côté obscur de la force. Si l'on dit souvent que le niveau d'un film d'action repose en partie sur la qualité de son méchant, ici, c'est la berezina. Kylo Ren apparaît comme un ado caractériel attardé incapable de se contrôler et perd en outre de son aura lorsqu'il enlève son masque à la moitié du film, l'empereur est remplacé par une sorte d'hybride Gollum-Voldemor géant ridicule et le général Hux a le charisme d'une huître au repos. La scène où il hurle un discours devant ses troupes et dans laquelle le Premier Ordre est apparenté à une sorte d'armée qui oscille entre soviétisme et nazisme est tout simplement ridicule. Quant à la super base Starkiller, pour la détruire, il suffit d'aller faire péter 2-3 fusibles à quelques endoits et hop on n'en parle plus... Et enfin, que dire du fait que la jeune jedi met une dérouillée à Kylo Ren, seulement 2 heures après avoir découvert la force ??! C'est comme si ma cousine mettait au tapis David Douillet après sa première leçon de judo. Pitié, rendez-nous Darth Vader !
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