Fritzlangueur

Fritzlangueur
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Film préféré de l'utilisateur Fritzlangueur

Publié le 8 décembre 2015
L’alchimie d’un film est toujours assez complexe à définir. On peut y voir d’évidents défauts, déceler par moment l’intention d’un réalisateur à vouloir se démarquer, s’interroger sur le pourquoi de la chose pour finalement se laisser charmer, puis séduire, au point de sortir de la salle avec une impression d’avoir vécu un beau et étrange moment, de ressentir même une certaine frustration de devoir quitter ces personnages trop tôt, tentant déjà de leur inventer des instants d’après. Cette sensation de joie intérieure était identique avec le premier film de Benchetrit « Janis et John ». Par son approche fantasque d’une réalité que l’on souhaite occulter, « Asphalte » est un film très binaire, bien imaginé et extrêmement délicat. S’inspirant de ses « Chroniques de l’Asphalte », Benchetrit croise trois récits, autour d’un quartier défavorisé et plus précisément dans un immeuble vétuste, de type H.LM des années 60, le genre de construction dont tous les Maires de France souhaiteraient voir la disparition, encore faudrait-il qu’ils s’en donnent pleinement les moyens. Ici, on oublie « Bench » le héros autobiographique du roman, mais l’ambiance est toute aussi douce et amère, cependant plus irrationnelle et poétique. C’est d’ailleurs ce qui fait tout l’attrait du film. Là on l’on pouvait s’attendre à une énième vision sociale d’une zone sensible et de ses habitants, Benchetrit choisit de se focaliser sur la solitude urbaine, et d’offrir à ses personnages de brefs instants de trêve et de rêve, et dont la vie ne sera plus tout à fait la même ensuite. Il en va ainsi de Charly (Jules Benchetrit possède un vrai charisme) l’adolescent livré à lui-même, fasciné par la nouvelle voisine, actrice has been (Isabelle Huppert touchante de retenue). De Sternkowitz (Kervern kervernise…) qui dans son malheur rencontrera une infirmière un peu larguée (impeccable Valérie Bruni Tedeschi) ou encore de Madame Hamida (Tassadit Mandi ô combien touchante) qui hébergera un astronaute tombé du ciel (Michael Pitt très en forme !). C’est donc l’isolement qui se trouve au cœur du récit, chaque protagoniste semble contraint dans son existence, en attente d’un meilleur à court ou long terme, le cœur ouvert à toute forme d’amour même éphémère. Alors tout devient possible, crédible, au point d’accepter de voir tomber du ciel un cosmonaute par exemple. Benchetrit joue sur de ces nombreux contrastes qu’il accentue visuellement, notamment l’immeuble sous forme de prison avec ses gardiens, ses portes qui claquent à la vie, son aspect froid et métallique. Si cette poésie de l’image ne tient qu’à un fil mince, elle est pourtant suffisamment aboutie et convainc. Benchetrit ne s’embarque pas d’effets compliqués, un beau format noir et blanc aurait d’ailleurs renforcé cette atmosphère si particulière comme pour « J’ai toujours rêvé d’être un gangster » (dont l’approche narrative est assez similaire). Sa mise en scène est très ascétique, tout comme le décor de ce morceau de ville fantomatique. L’intérêt est ailleurs, il repose sur les personnages attachants, de ceux que l’on ne voit pas ou plus, tous assez symptomatiques d’une époque morose. Voilà une bien jolie fable sociale, originale et douce, un peu de miel dans un paysage cinématographique français trop souvent maussade

Publié le 8 décembre 2015
En sortant de « Crimson peak », frissons me parcourant encore l’échine, j’étais dubitatif, le film ne serait-il pas un authentique chef d’œuvre du genre ? Il faut toujours se méfier de l‘enthousiasme effréné qui vous saisit parfois au sortir du cinéma. Les heures s’égrenant, où chaque plan, chaque image revenaient me hanter, la nuit, emplie d’étranges sensations et d’un bestiaire horrifique, porta conseil. « Crimson peak » est réellement une œuvre hors du commun ! Guillermo Del Toro est un grand gosse, qui de réalisation en production, d’écriture en collaboration s’amuse à se faire (nous faire) peur, s’étonner (nous étonner), s’émerveiller (nous émerveiller). Il se joue de presque tous les thèmes du cinéma du fantastique et de l’épouvante pour notre plus grand désir. Du très philosophique « Labyrinthe de Pan », au bouillonnant « Pacific Rim », du glacial « L’échine du diable » au savoureux « Hellboy » il affiche une très grande maîtrise au niveau de sa mise en scène, mais surtout de la créativité. Guillermo Del Toro est aussi un érudit. Dans ces genres de prédilection, il affiche une culture cinématographique mais aussi littéraire et picturale dont il puise en références, ses idées, et aliment son propre univers. Ses références sont l’engrais qui vient fertiliser une terre déjà riche de promesses. Il n’est donc pas étonnant que « Crimson peak » fourmille de séquences déjà vues par ailleurs. Et bien évidemment dans les films de la Hammer Film Productions (dont il rend ici le plus formidable des hommages). D’une verrière très proche de celle du « Baiser du vampire » à une chambre où foisonne un mobilier gothico-kitsch et clinquant comme pour « Le cauchemar de Dracula ».... On retrouve un style, un savoir faire. Del Toro ne s’en cache pas. Et je doute que la Baron Meinster aurait renié ce château cramoisi… Il serait injuste de ne limiter le seul référentiel à celui de ce studio. Comment ne pas penser à Roger Corman et ses décors grandiloquents (le sous-sol de cuves d’argile fait étrangement penser à ceux de « La chambre des tortures »). C’est au monde littéraire, également à celui de la peinture que l’inspiration semble la plus réussie, les monstres de Füssli, l’incroyable isolement médiéval et architectural d’un Karl Friedrich Schinkel où la nature désolé d’un Caspar David Friedrich viennent enrichir le visuel. Poe, ou William Blake avec ses enluminures du « Mariage du ciel et de la terre » ne sont jamais très loin non plus… Mais « Crimson Peak » n’est pas non plus un catalogue chic et tendance de tout cela. Guillermo Del Toro est non seulement un artiste complet, mais aussi un réel auteur original (depuis le « Labyrinthe de Pan » personne ne peut en douter !). Latent jusque là, surgie en plein cadre une inspiration romantique, tendance gothique, qui cadre bien avec le personnage. Ainsi les sentiments à l’écran n’existent que dans la représentation que chacun en donne. Ici se perdent langueur, mots doux et autres niaiseries. Nous sommes dans le domaine du passionnel, de l’intuitif, de l’amour en rouge ! Émotions et actes sont exacerbés et arides tout autant que les décors ou le contexte. Pour mieux mettre en valeur cette violence, ce déchainement de sentiments, Guillermo Del Toro choisit un style outré, tant au niveau de la direction artistique que dans le jeu des acteurs. Cette apparente lourdeur pèse sur le récit, nous enserre le cœur, nous révulse. Nous assistons à un véritable drame dont on sait dès le début qu’il sera inexorable et terrible. Cette époustouflante mise en scène macabre se révèle d’une grande profondeur et d’une justesse peu commune dans ce genre de production. Pas un plan séquence ou large, pas un panoramique ou fondu au noir n’est superflu. La maestria Del Toro est gagnante à tous les coups. Si l’on atteint pas l’amplitude intellectuelle du « Labyrinthe de Pan », ce n’était pas le but recherché non plus, « Crimson Peak » est un vrai petit chef d’œuvre signé par un réalisateur toujours plus inspiré, qui possède un vrai style et un univers qui lui est propre, loin de toutes conventions. A l’image de son héroïne Edith, il réfute une vision de la vie trop guindée et un peu poussiéreuse à la Jane Austen, lui préférant celle plus torturée, passionnée et humaine d’une Mary Shelley. Un énorme coup de cœur pour un coup de maître !

Publié le 8 décembre 2015
« Le rassurant de l’équilibre, c’est que rien ne bouge. Le vrai de l’équilibre, c’est qu’il suffit d’un souffle pour tout faire bouger ». Ce n’est pas Woody Allen qui contredira Julien Bracq, avec « L’homme irrationnel » tant le film joue avec l’équilibre. A un point tel que c’en est fascinant et envoûtant. Avec « Match point », on avait découvert un travers nouveau chez le réalisateur, le cynisme, celui qui tend à flirter sciemment avec l’immoralité, hypocritement lissée au point de la cautionner. Avec « L’homme irrationnel » Allen retrouve cette veine, et disons cette verve qui amuse plus qu’elle ne dérange. De cette incroyable facilité scénaristique, où le sentiment culpabilité est malmené, on touche aux questionnements existentiels de l’amour (de soi, celui qu’on porte à l’autre), de l’ambition (courir après sa réputation, conquête de l’inaccessible) et de l’estime de soi (fatuité, égocentrisme). La narration croisée en voix-off de Abe et Jill fait se juxtaposer le raisonnement à savoir qui porte la plus grande responsabilité. Allen ne tranche pas, goguenard, il laisse le spectateur se triturer les méninges, il le veut réactif. Et cela fonctionne, la salle était partagée, certains (face à une situation aussi désopilante) riaient, les autres gênés se recalaient constamment dans leurs sièges. Ce malaise palpable tient à l’écriture et à la construction du récit. Pas d’appesantissement, pas de verbiage, mais au contraire une vraie fluidité dans l’action et la parole, pour livrer un film au parfait équilibre. Ce même équilibre que l’on retrouve chez l’antinomique duo d’acteur, entre un imposant Joaquin Phoenix bouffi, imbu de sa personne et de la fraîche Emma Stone qui sous son apparente fragilité révèle un tempérament sombre. Leur talent respectif, couplé à la subtile direction d’acteur en font d’ors et déjà un couple de légende pour le cinéma. « L’homme irrationnel » est l’un des meilleurs films du cinéaste, il semble à l’apogée de son art, gommant de fait ce qui agaçait parfois chez lui ces derniers temps, discours en creux pour « Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu », maniérisme allenien de son « Magic in the Moonlight » ou encore paresse de « Minuit à Paris ». Il touche ici sur la forme (exception faite de la photo toujours trop saturée) et le fond, au subtil mélange d’un film grand public intelligent et caustique, un vrai travail d’équilibriste !

Publié le 14 octobre 2015
Si l’incursion du fantastique dans l’univers de la guerre n’est pas tout à fait nouvelle. On se souvient en effet du maladroit mais sympathique « Djinns » d’Hugues et Sandra Martin en 2010, où un escadron était pris à parti par ces créatures surnaturelles. Les deux films d’ailleurs portent en eux la même tension ésotérique contrastant avec l’univers militaire très carré. « Djinns » se passait pendant la guerre d’Algérie er était une production à petit budget, ce qui n’est pas le cas de « Ni le ciel, ni la terre » dont on sent qu’il est doté de moyens financiers plus conséquent. Il est aussi plus contemporain (guerre d’Afghanistan), axé notamment sur les nouvelles technologies, appui stratégique dans les conflits récents. C’est d’ailleurs la-dessus que le film retient l’attention. L’utilisation des images infrarouges en vision nocturne contribuent largement à créer un climat d’angoisse et Cogitore ne s’en prive nullement. A part cela, rien ne se distingue vraiment d’une production du genre, tensions, rivalités, peurs… le tout aussi bien filmé qu’une publicité du service cinématographique des armées, musique de Bach en prime ! Quant au message… pour faire simple, il est tout aussi superficiel que le reste : « quelle connerie la guerre » ! Bref « Ni le ciel, ni la terre » n’est pas un mauvais, pas passionnant pour autant, juste un film gadget qui vieillira mal

Publié le 13 octobre 2015
Le premier opus par son inventivité visuelle créative, son bestiaire hilarant et ses gags à la chaîne faisait passer le côté un peu hystérique de l’ensemble, et était plutôt sympathique. Pour la suite, on y retrouve les mêmes ingrédients, l’effet de surprise en moins, et le côté épileptique en plus. Si l’on ajoute à cela un scénario d’une rare indigence, on ne s’étonne en aucun cas de l’ennui qui vous saisit. Car à part un ou deux gags réussis, il n’y a rien de nouveau sous le ciel de la Transylvanie… Mieux vaut se refaire la bonne vieille série TV de « La famille Adams » c’est un peu neuneu mais au moins on se divertit.

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