A l'heure où la nostalgie bat son plein, la vision de ce film constitue un voyage rafraîchissant dans la campagne française du début des années 80. Le jeu à la fois retenu et naif des 'acteurs' renforce cette impression de véracité, qui manquait quelque peu au premier volet (commentaires en voix off sur fond de musique symphonique typique des films régionalistes des années 40 et 50). Tous les grands thèmes sont abordés (crise de l'agriculture, mondialisation des échanges, développement du travail en commun et du syndicalisme agricole) au travers de plusieurs visions et points de vue, jamais manichéens (la réplique de Raoul Pradal à Christophe, le jeune paysan : 'Enfin un agriculteur content de lui, ça fait plaisir !'). Georges Rouquier a le sens de l'image furtive qui amène immédiatement à la réflexion et à des sentiments contrastés : si Henri, Raoul ou Christophe inspirent d'emblée la sympathie, les pratiques agricoles de 'ceux de Goutrens' engendrent la reprobation (épisode du pesticide). Tout au plus peut-on regretter la partie toulousaine du film où l'idéalisme de Raoul Pradal contraste trop avec l'agitation ambiante.