'Le Retour' réussit un coup de maître en parvenant à nous tenir en haleine du début à la fin. Les atmosphères psychologiques et les ambiances lourdes de signification sont superbement créées avec une sobriété et une économie de moyens qui ferait pâlir tout Hollywood! On est véritablement plongé dans ce rude voyage initiatique qui laisse à la fin du film un goût à la fois amer, comme la vie peut l'être aussi, et un sentiment de fustration quant aux questions que l'on se pose surtout à propos du personnage du père et qui restent sans réponses. La force du film réside justemment dans cette non résolution de l'énigme imposée au spectateur qui doit alors lui-même s'imaginer son propre film ou de forger son interprétation personnel du passé du père. Il est rare de voir encore des films qui poussent le spectateur à développer son imaginaire par rapport à une histoire et non pas de l'accompagner par la main ce qui est évidemment plus facile, mais tellement peu excitant. On ne sort pas indemne d'un film comme Le Retour, car le film est sans concessions. Il livre brut des émotions primaires, il illustre une nature vierge et sauvage balayée en alternance par des pluies torrentielles renforçant le sentiment de parcours du combattant et des éclaircies salvatrices propices à l'observation et à la méditation! Les deux jeunes acteurs sont criants de vérité face à un père qui excelle dans son mutisme ponctué de tentatives indirectes et maladroites de rapprochement avec ses deux fils. Je pourrais continuer à détailler les finesses et les subtilités injectées ici et là dans ce film efficace et intelligent, mais le plaisir est à saisir sur la toile tant Le Retour est une éxpérience unique de sensations et d'impressions rétiniennes. Regardez bien les photos qui terminent le film. Elles montrent bien que la réalité c'est a dire la vie que nous menons est finalement une réalité parmi tant d'autres. La capture du temps présent sur un cliché représente seulement une infime partie du processus organique de la vie. Le Retour est la preuve qu'il n'y a pas qu'une seule vérité sur terre!

L'année 2003 s'est terminée avec le fabuleux Retour du Roi et ses effets spéciaux extraordinaires. L'année 2004 a débuté avec un film russe Le Retour du réalisateur Andrey Zvyagintsev, film imprégné de simplicité, de belles images, de belle musique de fond. Après douze ans d'absence, un père retrouve ses deux fils et les oblige à passer une semaine avec lui. Seuls avec lui. Il tente de leur inculquer discipline et savoir-faire alors que pendant douze ans leur mère les avait couvés avec amour et tendresse. Tous les artistes jouent parfaitement leurs rôles respectifs. Un film vrai, à l'encontre des productions hollywoodiennes. Un film où l'inné est bien plus important que l'acquit, où comme l'a si bien décrit Maxime Laguerre, nous vivons un Retour au réel... Pour nous, l'attitude du père est égoïste, trop dure, trop violente. Ne pas savoir montrer ses sentiments à ses enfants est une lacune grave. Comme dit le poète, et quand ils ne sont plus (...) l'on pense, en remuant les cendres de son coeur, qu'on les aima trop peu, qu'on troubla leur bonheur ...

Le retour est une épure de la vie. Chacun peut s'y retrouver et l'interpréter ou s'y projeter. Modeste et génial. la photographie est superbe. Les images sont fortes et bouleversantes; ainsi le père apparaissant sur son lit aux yeux des enfants tel le Christ mort de Mantegna. Grande densité, mystère. Deux enfants non professionnels, criant de vérité, à la recherche du sens qui n'est pas donné mais nous appartient.

Relation émouvante entre un père et ses fils. Paysages splendides. Un film magnifique.

Film magnifique dans sa conception et sa réalisation, proches de l'école soviétique des années 60. Peinture de l'apprentissage de la vie dans ce qu'elle a de plus bref et bouleversant : la découverte d'un père. Images photographiques d'une grande beauté . Jeu impeccable des deux garcçons.