Voilà LE film à voir pour les cinéphiles! 'Eyes Wide Open' est un chef-d'oeuvre de sobriété, de non-dits extrêmement parlants, de vérité ontologique! Loin d'être 'Le Secret de Brokeback Mountain' chez les juifs ultra-orthodoxes de Jérusalem, comme on le présente parfois erronément, le film expose d'une manière quasi-documentaire, non tant la passion amoureuse entre deux hommes, que le processus de scission et de destruction d'une organisation sociale à l'égard de ceux qui, faisant au départ intégralement partie de son tissu, en ébranlent les fondements (voir aussi le parallèle avec la relation d'amour mettant en danger le mariage arrangé). Ou, plutôt, génèrent l'angoisse de la relativité des normes autour desquelles ladite société se maintient, inchangée et sclérosée. Cela pourrait tout aussi bien se dérouler dans l'Iran musulman d'Ahmadinejad, l'Angleterre victorienne anglicane d'Oscar Wilde, l'Espagne de l'Inquisition ou la France médiévale (écoutez et lisez le texte de la magnifique chanson 'Lomer' de Richard Desjardins, située à Carcassonne dans les années 1450!). Magnifique symbolique de l'eau à travers tout le film (la pluie, la source, la surface du bassin recouvrant l'engloutissement, la canalisation rompue!!!), de la chair (la scène du nettoyage de la viande par l'apprenti pour l'épouse du boucher!!!), du placard sur les murs, rappelant les affiches antisémites des années 1930 ou le ballet des dénonciations anonymes. Un film rare.

Et j'oublie encore de dire qu'il s'agit d'un premier film: quel talent! Et que les acteurs, tous, sont d'une vérité parfaite.

Extraordinaire cette histoire dans un milieu juif orthodoxe ! Quelle finesse dans le propos, quelle justesse !

Très, très bien. Du vrai, du vrai bien rendu. Quant à la fin ... Moi, je crois que le grand plongeon n'est pas une noyade, mais bien à la fois une purification (mettre un terme à ce qui s'est passé) et rappel (souvenir de ce qui s'est passé et nostalgie). Mais OK, c'est ambigu. Pas grave.

brillantissime réalisation : toute en finesse et pudeur sur un sujet explosif car cette situation à jérusalem se retrouve dans toutes les communautés homophobes. on y retrouve cette extraordinaire vitalité du cinéma israélien qui se permet toutes les audaces, toutes les libertés. la fin est très (trop) pessimiste; pourquoi ? il y a un fil conducteur inattendu : l'eau. on la retrouve dans la fontaine de la découverte de ses désirs insoupçonnés par aaron, dans la pluie omniprésente ou dans la fuite de canalisation après la bastonnade d'eszri et le film se referme sur le grand plongeon d'aaron ... ça induit une unité subtile au film. ran danker (qui avait sauvé restless du naufrage) et zoar strauss (son regard extraordinaire) sont absolument parfaits. pour une première réalisation, haïm tabakman a réussi à faire passer un message délicat dans une situation particulièrement compliquée de façon simple mais combien forte