Techiné ne tombe pas dans les lieux communs : le sida, la souffrance, la mort et les films larmoyants qui en découlent. Avec Les Témoins, il aborde le sujet d'un angle nouveau, celui de la vie. Michel Blanc est toujours au sommet de son art (depuis quelques films déjà). Emmanuelle Béart, fidèle à elle-même, reçoit ici un très beau rôle. L'histoire, on la connaît. C'est celle de la découverte du grand virus du 20ème siècle. Mais cette version de Téchiné est tout-à-fait novatrice, pleine d'intelligence, de simplicité et d'humanité.

Une très bonne surprise sans aucun doute que je conseille sans hésiter à quiconque!

Je me demande comment on peut rater un film à ce point là sur un sujet aussi prenant. Aucun des acteurs n'est attachant, aucun d'entre eux n'est bien dans son rôle. Même la narration d'Emmanuelle Béart sonne mal, sur un ton forcé et académique. Je m'attendais à un film touchant et je suis sortis me demandant comment le réalisateur avait pu gérer aussi mal des acteurs capables de beaucoup mieux.

J'ai trouvé très sensible la façon dont Techiné a abordé les différents thèmes de ce film. Il y a bien sûr le Sida mais aussi les relations entre des personnes très différentes. Les personnages sont intéressants et leurs interprètes à la hauteur;notamment Michel Blanc que j'ai trouvé remarquable dans tous les registres. Mais je me demande dans quelle mesure le milieu homosexuel est caricaturé. Ou peut être pas du tout ?

Parmi les thèmes casse-gueule, le SIDA en est un dont on parle le moins au cinéma. Seul le très bon Philadelphia sorti il y a une dizaine d'années est le plus connu et surtout un des premiers à avoir osé évoquer ce sujet parfois tabou au sein de notre société. Et pourtant, le nouveau Téchiné est supérieur au film de Jonathan Demme, évitant le larmoyant pour raconter l'histoire avec sobriété, justesse, retenue et émotion. En dehors de la mise en scène impeccable, il faut surtout retenir la performance de Michel Blanc qui, en médecin homosexuel, tient le plus beau rôle de sa carrière accompagné d'un Sami Bouajila extraordinaire, d'une Emmanuelle Béart sublime (elle est souvent nue, quel régal !), d'une Julie Depardieu au sourire radieux et surtout d'un Johan Libéreau qui fera certainement encore parler de lui, tant son talent est évident. Malheureusement, on pourra noter quelques anachronismes (le nouveau logo du Crédit Lyonnais par exemple alors que l'histoire se déroule en 1984) mais ça n'enlève en rien la grande puissance émotionnelle du film de Téchiné. Le meilleur film Français de ce premier trimestre, tout simplement.