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Festival de Cannes: Jours 5 et 6

Publié le 21 mai 2019 dans Actu ciné

Un miracle semble s’être produit ce week-end, alors que la question à la mode est la place des femmes dans l’industrie cinématographique, un film semble écrire l’Histoire et offrir aux femmes une lumière trop longtemps interdite: Portrait de la jeune fille en feu. À l’issue de la projection, ovationnée très longuement, la rumeur aurait déjà accordé la Palme d’Or de cette 62ème édition à Céline Sciamma. Un autre sérieux prétendant semble être Terrence Mallick dont nous découvrirons seulement le film samedi prochain.
Si, sitôt le film d’ouverture derrière nous, la compétition avait démarré sur les chapeaux de roue, force est de constater que le soufflé est quelque peu retombé ce week-end entre le sympathique mais sans enjeu La Gomera de Corneliu Porumboiu et le ténébreux film de genre Le Lac des oies sauvages de Diao Yinan. Avouons que nous somme passés à côté du second devant lequel nombreux confessent s’être endormis et que nous serons ravis de revoir une fois le festival derrière nous, et que nous faisons partie des rares à avoir apprécié le thriller tragi-comique roumain.

La Gomera trouve son titre dans le nom l’île où se rend le héros (ou anti héros) du film afin d’y apprendre une langue sifflée qui lui permettra de faire sortir de prison un trafiquant de drogue qui a planqué quelques millions, sur lesquels nombreux sont ceux qui aimeraient bien mettre la main. Hommage au cinéma policier, le film de Corneliu Porumboiu est à dessein déconstruit temporellement afin de nous livrer de marnière morcelée les tenants et aboutissants d’une situation dont la complexification met en lumière une corruption qui semble généralisée… Sans doute trop léger pour convaincre en compétition, La Gomera n’en est pas moins plaisant et nous emporte au gré de ses rebondissements.

Le choc du week-end – voire jusqu’ici du festival – est le mirifique Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. Un film en costume d’une pleine modernité qui questionne avec grande habilité la place accordée aux femmes dans et à travers l’Histoire. Une claque. Une sublime claque. La Palme d’or ?

Autre gifle, Lux Æterna de Gaspar Noe qui un an après la présentation de Climax à la Quinzaine des Réalisateurs nous revient avec un moyen-métrage hypnotique présenté en séance de minuit. Mettant en scène un tournage qui part en vrille, le cinéaste rend hommage aux actrices tout comme au cinéma (une récurrente cette année). Epileptiques s’abstenir. Issu d’un projet de court-métrage initialement commandité par Yves Saint-Laurent (un film promotionnel de 18 minutes), Lux Æterna devrait être enrichi par un second tournage permettant au réalisateur d’ajouter une vingtaine de minutes. A suivre donc.

Au Certain Regard, nous avons découverte Chambre 212 dont Christophe Honoré a terminé le tournage il y a un mois à peine. Un film tendre, magique et inventif qui questionne avec mélancolie les sentiments amoureux. Il met en scène Maria (Chiara Mastroianni) dont le mari Richard (Benjamin Biolay) découvre par le truchement de quelques textos s’affichant sur son téléphone qu’elle entretien une liaison extraconjugale. Après 20 ans de mariage et de fidélité, l’homme est sous le choc, la femme plutôt interdite par sa réaction. Les mots volent, les sentiments se déchirent. Maria décide de passer la nuit dans l’hôtel en face de chez eux. Installée dans une chambre dont la vue fait de son appartement un théâtre, elle s’endort avant d’être éveillée par un bruit d’ouverture de porte. Dans une chambre communicante à la sienne se tient Richard avec les traits qui furent les siens lorsqu’ils se rencontrèrent. Le dialogue s’ouvre sur les amours, leur quotidien et leurs passions… au grès des visites de quelques fantômes. Sublime, drôle et foudroyant. Nous voilà amoureux !

Nicolas Gilson

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