Judd Apatow, réalisateur, producteur et auteur, est l’architecte d’une œuvre de comédie à la patte directement reconnaissable : des comédies romantiques, parfois tragiques, excessivement personnelles et d’une longueur inhabituelle, une affection pour les losers faillibles et immatures, une fidélité aux acteurs, une réécriture du genre comique qui repose sur une belle maîtrise de l’improvisation, un rapport frontal avec la sexualité dont il parcourt les différents stades.

CINEMATEK vous propose un vaste éventail des films de la figure de proue du nouvel essor que connaît la comédie américaine. Cerise sur le gâteau: une interview via live stream de Judd Apatow par Jacky Goldberg, journaliste aux Inrockuptibles et réalisateur du documentaire This is Comedy, Judd Apatow & Co., le mercredi 5 octobre.

Apatow, obsédé par la comédie depuis l’enfance, trouve dans Jerry Lewis et Saturday Night Live la consolation à la douleur née du divorce de ses parents et des alliés pour traverser l’inconfort de sa jeunesse. Cette souffrance est la motivation et le matériau qui l’amène à être aujourd’hui "The Comedy Man", faisant briller les losers à la manière des Marx Brothers. Serveur à l’East Side Comedy Club, où il interviewera de nombreux comiques pour une émission de radio du lycée, il devient à son tour acteur de stand up sans briller cependant comme les jeunes Adam Sandler ou Ben Stiller de sa génération. Il se dirige dès lors vers l’écriture en co-fondant le Ben Stiller Show, puis rejoint Garry Shanding sur The Larry Sanders Show. Producteur à partir des années 1990 - avec, notamment, l’un des films phares de la comédie américaine Disjoncté (1996) -, Apatow crée avec Paul Feig en 2000 la très émouvante série Freaks and Geeks, suivie par Les Années campus. C’est à l’occasion de l’éphémère et célèbre Freaks and Geeks qu’il rencontre les jeunes acteurs qui formeront le « clan Apatow » : Seth Rogen, Jason Segel, Jonah Hill, James Franco. Il les encourage par la suite à s’épanouir en tant qu’artistes, pour le succès que nous connaissons.

Apatow réalise son premier film en 2005, 40 ans, toujours puceau, avec Steve Carrell en grand comique burlesque à l’influence keatonnienne. Premier succès par lequel le réalisateur impose son style qui s’installe pour certains dans la pure tradition comique américaine. S’en suivent des productions pour le cinéma et la télévision, pour certaines devenues cultes (Supergrave, la série Girls réalisée par Lena Dunham), incluant des collaborations entre autres avec Will Ferrell et ses hilarants débiles (Présentateur vedette : La Légende de Ron Burgundy ou Frangins malgré eux). En parallèle, Apatow poursuit ses propres réalisations avec des portraits touchants de trentenaires foireux en route vers la maturité (En cloque, mode d'emploi) ou du couple modèle désormais à la dérive (40 ans, mode d'emploi). Il prend un tournant qui lui a été reproché aux Etats-Unis avec Funny People, dont la facture plus sérieuse et les sujets plus graves rappellent le Woody Allen d’Interieurs. La collaboration avec l’actrice comique Amy Schumer sur le dernier film : Crazy Amy (2015 et inédit à ce jour en Belgique), met en avant comme il l’avait déjà amorcé avec Paul Feig dans Mes meilleures amies, les femmes, comiques, désirables et décomplexées.

CINEMATEK, se rangeant du côté de ceux qui voient en Judd Apatow non pas un réalisateur potache et vulgaire, mais bien un véritable auteur comique et un humaniste, propose cet automne une sélection de ses meilleurs titres en tant que producteur et une rétrospective de son œuvre. En écho le cycle "This Is Comedy" propose des films de ses réalisateurs favoris (Carl Reiner, Bob Fosse), de ceux dont il revendique une influence (John Cassavetes, Hal Ashby) ou quelques uns de ses films de chevet (Tendres passions).


► Le programme complet est disponible sur le site de la Cinematek.