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Cycle Bowie à la Cinematek du 23 avril au 30 mai !
Publié le 21 avril 2016 dans Actu ciné
En hommage à David Bowie, disparu récemment, la Cinematek propose un cycle "David Bowie et le cinéma".
Rendre un hommage au seul aspect cinématographique de la carrière de David Bowie est un exercice ambigu. Son oeuvre en tant qu'acteur n'atteint pas les sommets de sa carrière musicale. Et quand ses chansons furent incorporées à des films, ce ne fut, vu le caractère éphémère de la chanson pop, que le temps d'une scène. Mais...
Dès ses débuts Bowie se révéla expert en la récupération et la transformation dans son propre langage des différentes formes d’expression en vigueur à son époque, de l’art au divertissement, de la mode au théâtre et de la danse au cinéma. Les costumes et le vocabulaire de Orange Mécanique inspirèrent The Rise and Fall of Ziggy Stardust and The Spiders from Mars; les différentes références à la science-fiction; l’apparition androgyne de Marlene Dietrich dans Morrocco pour The Thin White Duke; des titres de chansons qui sont aussi de titres de films (Because You're Young, Strangers When We Meet, Look Back in Anger, Fantastic Voyage); des décors de scène et des éclairages inspirés par les films de G.W.Pabst et l’expressionisme allemand ; des concerts qui commencent par la projection du Chien andalou de Luis Buñuel.
Les chansons de Bowie elles-mêmes, avec des textes composés selon la méthode "cut-up" de William Burroughs, chansons qui distribuent des rôles, avec des situations ou des événements chantés depuis le point de vue de différents personnages, sont un art de travailler les fragments et de les assembler en un ensemble cohérent tout ceci en laissant transparaître le processus de composition.
Dans le meilleur des cas, là où le cinéma incorpore la musique de David Bowie, la même magie compositrice opère: la chanson I’m deranged encadre le cauchemar grotesque et hermétique qu’est Lost Highway; les versions portugaises de chansons de Bowie dans The Life Aquatic with Steve Zissou; l’éruption succincte de joie de vivre dans Frances Ha et dans Mauvais Sang; et même le petit morceau de texte de Changes comme épigraphe emblématique de The Breakfast Club. Ce sont chaque fois des corps étrangers qui malgré leur courte vie deviennent des éléments essentiels qui donnent leur tonalité au film.
Là où certains acteurs de cinéma deviennent des stars à l’issue d’un parcours difficile et acquièrent cette "persona" qui, inconsciemment, fusionne avec chacun des rôles (peu importe le personnage joué par Dietrich ou Bogart, ils restent “Dietrich” ou “Bogart”), cette arborescence en "personae", en masques et en rôles est, chez Bowie, de manière explicite et consciente, un point de départ. Cet aspect se retrouve aussi, d’une certaine manière, dans son travail de comédien : Bowie-Man Who Fell to Earth, Bowie-Pilate, Bowie-vampire, Bowie-Tesla. Le Bowie acteur de cinéma n’est pas là pour s’effacer devant les différents personnages qu’il interprète, mais pour leur donner un peu de l’éclat de l’étoile Bowie, des différents mondes qui se cachent derrière et du glamour spécifique qui lui correspond, pour finalement devenir lui-même ce fragment étrange qui fait quelque peu dévier le trajet prévu.
► Le programme complet est disponible sur le site de la Cinematek.
Dès ses débuts Bowie se révéla expert en la récupération et la transformation dans son propre langage des différentes formes d’expression en vigueur à son époque, de l’art au divertissement, de la mode au théâtre et de la danse au cinéma. Les costumes et le vocabulaire de Orange Mécanique inspirèrent The Rise and Fall of Ziggy Stardust and The Spiders from Mars; les différentes références à la science-fiction; l’apparition androgyne de Marlene Dietrich dans Morrocco pour The Thin White Duke; des titres de chansons qui sont aussi de titres de films (Because You're Young, Strangers When We Meet, Look Back in Anger, Fantastic Voyage); des décors de scène et des éclairages inspirés par les films de G.W.Pabst et l’expressionisme allemand ; des concerts qui commencent par la projection du Chien andalou de Luis Buñuel.
Les chansons de Bowie elles-mêmes, avec des textes composés selon la méthode "cut-up" de William Burroughs, chansons qui distribuent des rôles, avec des situations ou des événements chantés depuis le point de vue de différents personnages, sont un art de travailler les fragments et de les assembler en un ensemble cohérent tout ceci en laissant transparaître le processus de composition.
Dans le meilleur des cas, là où le cinéma incorpore la musique de David Bowie, la même magie compositrice opère: la chanson I’m deranged encadre le cauchemar grotesque et hermétique qu’est Lost Highway; les versions portugaises de chansons de Bowie dans The Life Aquatic with Steve Zissou; l’éruption succincte de joie de vivre dans Frances Ha et dans Mauvais Sang; et même le petit morceau de texte de Changes comme épigraphe emblématique de The Breakfast Club. Ce sont chaque fois des corps étrangers qui malgré leur courte vie deviennent des éléments essentiels qui donnent leur tonalité au film.
Là où certains acteurs de cinéma deviennent des stars à l’issue d’un parcours difficile et acquièrent cette "persona" qui, inconsciemment, fusionne avec chacun des rôles (peu importe le personnage joué par Dietrich ou Bogart, ils restent “Dietrich” ou “Bogart”), cette arborescence en "personae", en masques et en rôles est, chez Bowie, de manière explicite et consciente, un point de départ. Cet aspect se retrouve aussi, d’une certaine manière, dans son travail de comédien : Bowie-Man Who Fell to Earth, Bowie-Pilate, Bowie-vampire, Bowie-Tesla. Le Bowie acteur de cinéma n’est pas là pour s’effacer devant les différents personnages qu’il interprète, mais pour leur donner un peu de l’éclat de l’étoile Bowie, des différents mondes qui se cachent derrière et du glamour spécifique qui lui correspond, pour finalement devenir lui-même ce fragment étrange qui fait quelque peu dévier le trajet prévu.
► Le programme complet est disponible sur le site de la Cinematek.