Actualités
Vu à Cannes: "The Captive" d'Atom Egoyan
Publié le 22 mai 2014 dans Actu ciné
Nicolas Gilson, notre envoyé spécial à Cannes, nous livre ses impressions sur le dernier film d'Atom Egoyan: The Captive.
Derrière un thriller captivant, Atom Egoyan met en scène au coeur de The Captive plusieurs de ses obsessions cinématographiques. En brouillant les pistes par jeu d’effets de reflet et de miroir, il ne cesse de complexifier une trame narrative dont la résolution l’intéresse peu – lui préférant moult interrogations qu’il laisse ouvertes.
Cassandra a disparu à l’âge de 9 ans lorsque son père, Matthew, la laissa à l’arrière de la voiture pour aller acheter une tarte. Quelques secondes ont suffi à son enlèvement. Quelques secondes et l’absence de témoins qui sèment des doutes sur un policier chargé de l’enquête et conduisent Tina, la mère de Cassandra, à culpabiliser Matthew. Alors que l’espoir de retrouver leur fille les réunit, son absence les déchire. Huit ans plus tard, l’enfant qui entretient une relation singulière avec son bourreau semble être devenue l’appât d’un pédophile.
Entremêlant les temporalités dès la mise en place de la trame narrative, Atom Egoyan esquisse un réel jeu de piste dont les règles apparaissent obscures. D’entrée de jeu nous savons que Cassandra est vivante, très vite nous devinons qu’elle demeure à proximité du lieu de sa disparition. Ses parents s’aiment et se déchirent, happés dans une spirale gorgée de culpabilité. Tandis que les enquêteurs à sa recherche font face au mythe du réseau.
Atom Egoyan s’intéresse plus au caractère psychologique de son thriller qu’à sa résolution. Il cherche à susciter des interrogations sur l’influence que les protagonistes peuvent avoir les uns sur les autres. Aussi la construction du film tend à exacerber le ressenti des protagonistes sans le rendre intelligible pour autant. Les réels enjeux ne sont pas ceux auxquels peuvent s’attendre les spectateurs – aussi le réalisateur s’en déleste franchement. La relation entre Cassandra et le pédophile qui l’a enlevée ne semble intéresser Egoyan que dans la perversion qu’ils partagent maintenant ensemble. S’il expédie par le dialogue toute ambiguité sur la réalité vécue par l’enfant lorsqu’elle excitait son bourreau, il esquisse une relation troublante où les jeux de manipulation s’avèrent pluriels.
De la même manière la relation entre les parents de Cassandra – toujours amoureux mais incapables de s’aimer – est abordée sous l’angle du reproche. Chacun des protagonistes est mû par ses obsessions et offre ainsi la possibilité au réalisateur de mettre en scène les siennes. De l’image vidéo aux caméras des téléphones portables, Egoyan n’a de cesse de questionner le voyeurisme et le regard, l’objectivité et la subjectivité des images.
Une dynamique sans cesse présente tant dans la construction narrative du film (où Internet et les liaisons satellites jouent un grand rôle) que dans l’approche esthétique du réalisateur. Il pense ainsi son cadrage avec soin, composant des effets de surcadrage, de reflet ou de division, et ancrant plusieurs dynamiques de point de vue qui participent pleinement au suspens général.
Pour découvrir le site de Nicolas Gilson, c'est par ici !
Cassandra a disparu à l’âge de 9 ans lorsque son père, Matthew, la laissa à l’arrière de la voiture pour aller acheter une tarte. Quelques secondes ont suffi à son enlèvement. Quelques secondes et l’absence de témoins qui sèment des doutes sur un policier chargé de l’enquête et conduisent Tina, la mère de Cassandra, à culpabiliser Matthew. Alors que l’espoir de retrouver leur fille les réunit, son absence les déchire. Huit ans plus tard, l’enfant qui entretient une relation singulière avec son bourreau semble être devenue l’appât d’un pédophile.
Entremêlant les temporalités dès la mise en place de la trame narrative, Atom Egoyan esquisse un réel jeu de piste dont les règles apparaissent obscures. D’entrée de jeu nous savons que Cassandra est vivante, très vite nous devinons qu’elle demeure à proximité du lieu de sa disparition. Ses parents s’aiment et se déchirent, happés dans une spirale gorgée de culpabilité. Tandis que les enquêteurs à sa recherche font face au mythe du réseau.
Atom Egoyan s’intéresse plus au caractère psychologique de son thriller qu’à sa résolution. Il cherche à susciter des interrogations sur l’influence que les protagonistes peuvent avoir les uns sur les autres. Aussi la construction du film tend à exacerber le ressenti des protagonistes sans le rendre intelligible pour autant. Les réels enjeux ne sont pas ceux auxquels peuvent s’attendre les spectateurs – aussi le réalisateur s’en déleste franchement. La relation entre Cassandra et le pédophile qui l’a enlevée ne semble intéresser Egoyan que dans la perversion qu’ils partagent maintenant ensemble. S’il expédie par le dialogue toute ambiguité sur la réalité vécue par l’enfant lorsqu’elle excitait son bourreau, il esquisse une relation troublante où les jeux de manipulation s’avèrent pluriels.
De la même manière la relation entre les parents de Cassandra – toujours amoureux mais incapables de s’aimer – est abordée sous l’angle du reproche. Chacun des protagonistes est mû par ses obsessions et offre ainsi la possibilité au réalisateur de mettre en scène les siennes. De l’image vidéo aux caméras des téléphones portables, Egoyan n’a de cesse de questionner le voyeurisme et le regard, l’objectivité et la subjectivité des images.
Une dynamique sans cesse présente tant dans la construction narrative du film (où Internet et les liaisons satellites jouent un grand rôle) que dans l’approche esthétique du réalisateur. Il pense ainsi son cadrage avec soin, composant des effets de surcadrage, de reflet ou de division, et ancrant plusieurs dynamiques de point de vue qui participent pleinement au suspens général.
Pour découvrir le site de Nicolas Gilson, c'est par ici !