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Vu à Cannes : "Only God Forgives" de Nicolas Winding Refn

Publié le 22 mai 2013 dans Actu ciné

Critique du dernier film de Nicolas Winding Refn projeté en compétition à Cannes.
Une salle de boxe à Bangkok, des shorts rouges et des shorts bleus, des combats et des combines. Bien excité, un type avec une chemise rouge et une figure louche veut se faire une gamine de 14 ans. Il en trouve une qui en a 16. Il la viole, il la tue, il attend.

Le policier arrive. Sans se presser. Il envoie chercher le père de la victime et lui dit qu’il peut faire ce qu’il veut de l’assassin de sa fille.

Du hachis thaïlandais.

L’inspecteur n’est pas content. Et pour manifester son irritation, il tranche la main du paternel avec le sabre qu’il cache dans son dos.

Le frère du hachis thaïlandais, c’est Ryan Gosling. Il n’est pas content, non plus. Enfin, c’est difficile à dire, il a perpétuellement l’air de sortir de chez le dentiste. Il doit venger son frère. Une petite balle vite fait, bien fait. Mais après avoir entendu les explications de l’homme à la main tranchée, il en a la gâchette coupée. Il trouve que le coupable, c’est le policier qui sabre dans ses dossiers.

Sur ces entrefaites, maman débarque dans le palace high-tech local. Une sacrée créature. On met du temps à reconnaître Kristin Scott-Thomas, elle qui incarne la classe, la voici transformée en présentoir de chez Planète Parfum. Une marraine comme on dit un parrain. Le genre à déjeuner avec du hachis thaïlandais. Mais aujourd’hui, elle se ferait plutôt un steak de policier bangkokais.

On voit bien où Nicolas Winding Refn veut nous driver, au combat du mal contre le mal, dans un film où aucun personnage ne dégage un gramme d’empathie. On voit bien qu’il aimerait qu’on se demande si la violence morale, c’est plus éprouvant que la violence physique. Qu’est-ce qui est plus douloureux : avoir une mère comme cela ou avoir été tellement boxé qu’on ne reconnaît plus sa tête dans le miroir ?

Mais tout ce qu’on voit, c’est un type qui a piqué les couleurs et les ralentis dans le cinéma de Wong Kar-wai, l’atmosphère et la musique dans celui de David Lynch. Tout ce qu’on voit, c’est une tarantinerie sans les dialogues (sans le meilleur, quoi). Tout ce qu’on voit, c’est un type qui confond film d’auteur et film de poseur.

Reste Kristin Scott Thomas réinventée en créature démoniaque. Présente dans peu de scènes, mais occupant finalement tout l’écran et toute l’imagination.

Réalisation, scénario : Nicolas Winding Refn. Image : Larry Smith. Montage: Matthew Newman. Avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas,... 1h30.

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