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Yolande Moreau : " Je suis sereine pour Cannes"

Publié le 15 mai 2013 dans Actu ciné

Elle dévoilera sa 2e réalisation, Henri, en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs. Interview exclusive
L’accent belge sera de mise à la Quinzaine des Réalisateurs cette année. Le film d’animation d’Ari Folman qui fait l’ouverture de la manifestation,The Congress, a été coproduit chez nous. Et la clôture est réservée à la deuxième réalisation de Yolande Moreau, Henri


“Cannes, c’est là où tous les connaisseurs se trouvent. Pour présenter son film, on ne peut pas rêver mieux. Et puis, c’est lié à de bons souvenirs. Quand la mer monte avait été retenu à l’ACID. Gilles (Porte) et moi nous avions transporté les bobines du film dans un caddy. J’aurais peut-être dû le garder pour Henri (rire). C’était assez rigolo. La projection s’est super bien passée. Il y a eu un bouche à oreille qui a donné envie aux salles d’art et d’essai de le projeter. C’était le départ d’une belle histoire pour ce film.”

Quelle a été la réaction en apprenant cette sélection ?

“J’étais sur un petit nuage, très heureuse. C’est une belle exposition. Comme je ne suis pas en compétition, ce n’est que du bonheur. La réaction de la salle sera très importante. Mais je ne suis pas stressée, juste excitée.”

Surprise ?

“On espère toujours être sélectionné au fond de soi. Je suis contente de mon film, donc je me sens assez sereine. Quand on le fabrique, le doute est toujours présent. Mais ici, je sais que j’ai fait le film que j’avais envie de réaliser."

C’est une histoire d’amour inhabituelle...

“Je préfère parler de l’histoire de deux solitudes que d’une histoire d’amour. Ce sont deux personnes qui n’ont pas les clés de la vie sociale. Elle est handicapée mentale légère, lui est légèrement alcoolo et un peu résigné, éteint. C’est elle qui va réveiller quelque chose en lui.”

A-t-on jamais les clés de la vie ?

“C’est une bonne observation ! On peut tous s’identifier à ces personnages : il nous manque à chacun des clés.”

Mais la réalisatrice doit les avoir !

“Eh non, je ne les ai pas non plus. Je fais ce que je peux. C’est la première fois que j’étais seule à la réalisation, donc c’était très écrit. Mais l’ambiance était détendue. De l’ordre de la fabrication, du bricolage.”

Quel a été l’élément fondateur d’Henri ?

“Pendant le tournage de Quand la mer monte, en 2004, j’avais vu des colombophiles dans le Nord et cela m’avait interpellée. À l’époque, j’écoutais en boucle Innocent When You Dream de Tom Waits et les deux ensemble m’ont inspiré l’histoire. À l’origine, je comptais incarner Rosette mais je trouvais que je n’avais plus l’âge. L’écriture a commencé en 2005 : c’est un travail de fourmi. Par à-coups, naturellement."

On entendra la musique de Tom Waits dans votre film ?

“Eh non. C’est triste : on a essayé, elle colle parfaitement à l’ambiance, mais cela ne s’est pas fait. Cela dit, la musique originale est très bonne.”

Sur quel critère avez-vous choisi vos comédiens ?

“Pippo Delbono est très connu en Italie, dans le milieu théâtral. Martin Provost m’avait parlé de lui et nous avons tout de suite sympathisé. Il collait bien au personnage et je l’ai engagé. Sinon, j’avais aussi pensé à Josse De Pauw, un comédien belge épatant, mais peut-être un peu trop âgé pour le rôle. Miss Ming, elle, je l’ai rencontrée sur le tournage de Louise-Michel. On n’a pas tourné ensemble mais j’ai vu la scène où elle incarne une fille qui a le cancer et accepte de tuer un patron. Je la trouvais formidable. Dans Mammuth aussi, elle avait une très forte présence. Ils sont formidables tous les deux.”

Une star à l’affiche ?

“Lio ! Elle joue la femme de Pippo. Mais je ne peux pas dire ce qui lui arrive. C’est une surprise…”

À découvrir le 25 mai prochain sur la Côte d’Azur.

Interview > Patrick Laurent

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